JEAN GIRAUDOUX
Publié le 10/01/2020
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intellectuelle depuis l'année 1943, qui tentait d'évaluer de façon précise les réquisitions allemandes et le nombre des prisonniers, déportés, fusillés. Sa disparition cause une profonde émotion. On se souvient de sa distinction native, de son mélange d'indépendance, de secret et d'humour, de sa sympathie pour le monde des hommes et la nature, de sa fécondité, et d’un style à la fois précieux et grave.
3 Les idées de Giraudoux sur le théâtre
Dans les années qui suivent ses premiers succès dramatiques, Giraudoux a émis ses idées sur le genre dramatique dans nombre de conférences et d’essais, recueillis plus tard dans Littérature, et dans L'Impromptu de Paris. Ses idées, moins révolutionnaires que celles de Claudel ou d'Antonin Artaud, concernent essentiellement le rôle moral et social du théâtre.
Il reproche d’abord à la scène de son temps d’être infidèle à sa mission, de dater de l'avant-guerre ou même du Second Empire, de faire croire au public « qu’il vit dans une décade d’occupations habituelles, de morale assurée, de conscience et d’avenir tranquilles », au lieu de le sensibiliser à l’actualité. Car « le spectacle est la seule forme d’éducation morale ou artistique d’une nation, il est le seul cours du soir valable pour adultes et vieillards, le seul moyen par lequel le public le plus humble et le moins lettré peut être mis en contact personnel avec les plus hauts conflits, et se créer une religion laïque, une liturgie et ses saints, des sentiments et des passions. » {Littérature, « Discours sur le théâtre », p. 184).
Or le respect pour le théâtre s'est perdu à Paris, parce qu’il « s'agit de plaire, par les moyens les plus communs et les plus vils ». Giraudoux revendique au contraire l'existence d'un théâtre littéraire, qui peut se révéler mieux à la lecture qu’à la scène, et surtout d'un langage neuf : « Ce qu'attend notre époque, c'est que l'écrivain lui révèle sa vérité à lui, qu'il lui confie, pour lui permettre d’organiser sa pensée et sa sensibilité, ce secret dont l’écrivain est le seul dépositaire : le style ». À preuve « l'affection qu'il conserve pour le théâtre en vers, sa vénération pour le style et le vocabulaire ». Mais, et là on voit pointer la revendication essentielle de Giraudoux lui-même, souvent critiqué pour son style, « lorsqu’un écrivain lui révèle que la prose n'est pas lâche, pas sale, pas obscène, pas facile, il ne demande pas mieux que de le croire, et s'émeut de voir [...] l’acteur et
D'ailleurs, seules les grandes époques, sur le plan politique, moral, esthétique, peuvent être aussi de grandes époques théâtrales, comme le Siècle d'or espagnol ou le classicisme français. Car l'auteur dramatique n'est pas un prophète, il n'a rien à dicter à ses contemporains, c'est sous leur dictée qu'il écrit, qu'il se fait l'écho de « ce débat et cet effort pathétiques qu’est chaque période de notre passage sur terre ».
Il s’ensuit que la tragédie est le genre dramatique essentiel : « C'est l'affirmation d'un lien horrible entre l'humanité et un destin plus grand que le destin humain ; c'est l'homme arraché à sa position horizontale de quadrupède par une laisse qui le retient debout, mais dont il sait toute la tyrannie et dont il ignore la volonté. » (« Bellac et la tragédie », in Littérature, p. 228). Ces hommes, sur la scène, constituent cette « humanité spéciale chargée [...] de supporter les grands coups du sort », et « veulent bien ce soir souffrir, vivre et mourir à sa place ». (Impromptu de Paris). Car le français ne veut pas « tirer un profit moral (de la tragédie) ou y voir le reflet de sa propre existence », mais plutôt jouir « du remords et de la gratitude qu'il éprouve à sentir sa tranquillité sur cette terre assurée par les rançons payées au nom de Philoctète, Samson ou Agamemnon ».

«
Ces conseils, Giraudoux les suivra fidèlement.
Doué en tout, il se
distingue de ses condisciples par une élégance naturelle, une politesse
raffinée, qui cachera toujour s une grande discrétion sur lui -même.
Doté
d'une solide formation classi que , il entre à dix-huit ans en classe de
Première supérieure au lycée Lakanal à Sceaux, pour préparer l'Ecole
normale supérieure.
Tout en découvrant Paris, « les cinq mille hectares du
monde où il a été le plus pensé, le plus parlé, le plus écrit» (Juliette au
pays de s hommes), il décroche le concours en juillet 1904 (reçu treizième),
fait son service militaire, es t reçu à la licenc e de lettres en juillet 1904.
Sous l'influence de Charles And ler, directeur de la section d'allemand à
l'Ecole, il se décide à faire des études germani ques, ce qui ne l'empêche pas
de présenter en 1905 un mémoire sur Ronsard.
Il part alors pour un stage d'un an en Allemagne, ce qui représente la
liberté après douze ans d'internat ! Il découvre à la fois le goOt des voyages,
auq uel il sera plus tard fidèle dans sa carrière diplomatique, et celui de
l'écriture.
Il donne à Munich des co urs au prince de Saxe -Meiningen,
préprare un mémoire sur les Chants festifs de Platen (1796-1835), poète qui
raille les romantiques dans des comédies satiriques, vagabonde à travers
l'Allemagne et l'Europe ce ntral e.
Il part ensuite pour les Eta ts-Unis comme
lecteur de français à Harvard, où il perfectionne l'humour et la désinvolture
qu'il a toujour s cultivé s.
Cependant il échoue à l'agrégation d'allemand et est obligé de gagner sa
vie comme secrétaire du directeur du journal Le Matin, et chargé de la page
littéraire du jou rnal.
Il écrit des contes, se lie avec de s amis écrivains et
diplomates, Paul Morand, André-François Poncet, et l'éditeur Bernard
Grasset.
Celui-ci publi e sa premi ère œuvre, Les Provin ciales, recueil de
cinq nouv elles saluées par Gide.
Giraudoux se décide alors à entrer dans la
diplomatie par le « petit concours » de s Chancelleries ; il devient élève
vice-con sul à la Direction politique et commerciale du ministèr e des
Affaires étrangères.
En 1911, il tra vaille comme « attaché » au Service de Presse et à celui
des affaires tunisiennes, en 1913 il dev ien t vice -consul de troisième classe.
Il se lie avec Philippe Berthelot, secrétaire généra l du ministère, et publie
un recueil de nouvelles, L'Ecole des indifférents.
Deux fois blessé pendant la guerre, dans l'Aisne puis aux Dardanelles, il
part ensuite au Portugal puis aux États-unis comme instru cteur militaire.
Trois ouvrages sont l'écho de cette terrible période : Lectures pour , une.
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