La dernière odyssée du commandant Cousteau

Mais les relations que le commandant entretient avec les fonds marins excèdent la seule activité cinématographique. Pionnier de la plongée sous toutes ses formes, il met au point de nombreux submersibles de poche. Epaulé par l’ingénieur Gaston Roux, il construit, à partir de 1957, la série des célèbres « soucoupes plongeantes », sous-marins miniatures d’exploration. Des expériences de vie prolongée sous la mer sont également menées, comme l’expédition « Précontinent-III », près de Villefranche-sur-Mer, en 1965, au cours de laquelle six aquanautes séjournent pendant un mois, à 100 mètres de fond, travaillant sur une tête de puits pétrolier factice. A partir de 1974, Cousteau étend ses activités en créant aux Etats-Unis une fondation qui porte son nom, puis, en 1982, sa réplique en France, qui compte aujourd’hui plus de 50 000 adhérents. Ces organisations œuvrent à la préservation des eaux marines et océaniques, devenues au fil de l’expansion industrielle le réceptacle de toutes les pollutions. Ecologiste convaincu, Cousteau a en effet engagé toutes ses forces dans la bataille que mènent les défenseurs de l’environnement pour la perpétuation de la vie sur notre planète, affichant cependant un mépris cinglant pour le militantisme écologiste, dont les stratégies politiques laborieuses lui paraissaient dépourvues de résultats tangibles. Les résultats, lui, il les obtient en devenant d’abord l’interlocuteur direct des grands de ce monde. C’est ainsi qu’il a rencontré tous les présidents américains, de Kennedy à Clinton, obtenu du général de Gaulle qu’il renonçât à l’immersion des déchets nucléaires en Méditerranée, suggéré à Georges Pompidou de lancer une action européenne contre les pollutions marines. Sa plus grande victoire reste à cet égard l’adoption, en 1991, d’un moratoire de cinquante ans sur l’exploitation minière du sous-sol de l'Antarctique.

Mort à l'âge de 87 ans, le commandant Cousteau aura navigué sur tous les océans du globe et familiarisé des millions de spectateurs avec les profondeurs marines, grâce aux films que son équipage réalisait au cours de ses incessantes expéditions.

Figure parfois controversée à cause de sa soif de notoriété, il n’en aura pas moins alerté l’opinion sur les périls que font courir à l’humanité les multiples formes de pollutions marines.