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Léopold Sédar Senghor

Publié le 17/01/2022

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   « Je suis le mouvement du tam-tam, force de l'Afrique future. «  Chantre de la « négritude « et grand écrivain francophone, le poète président Senghor est le précurseur de ce monde brassé, multilingue et pluriculturel qui s'annonce.  Après de brillantes études à Dakar (Sénégal) chez les pères du Saint-Esprit, il quitte son pays pour gagner la France en 1928. Il intègre khâgne au lycée Louis-le-Grand, où se noue une affection profonde avec Georges Pompidou. Ce dernier sait convaincre son ami sénégalais des charmes du socialisme. Pétri d'humanités classiques à la Sorbonne, agrégé de grammaire en 1935, il médite sur le concept de « négritude « forgé par son frère spirituel, le poète antillais Aimé Césaire. Une influence, un enrichissement réciproque se produit. Césaire parle quelques années plus tard de ce terreau commun qui unissait les deux hommes : « Ce qui nous est commun, c'est le refus obstiné de nous aliéner, de perdre nos attaches avec nos pays, nos peuples, nos langues. «  Sa réflexion sur la négritude se nourrit aussi de l'air du temps : l'intérêt des surréalistes et des peintres de l'École de Paris pour « l'art nègre «, la grande vogue du jazz dans les cabarets parisiens. Senghor représente cette alchimie d'un métissage culturel réussi : attachement aux valeurs et à l'héritage de la civilisation française mêlé à un activisme intellectuel autour de la « négritude «.  Professeur de lycée, puis chercheur au CNRS, Léopold Sédar Senghor est promis à une brillante carrière universitaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais les démons de la politique en décident autrement. Scandalisé de voir le mépris dans lequel sont tenus les tirailleurs sénégalais, il adhère dès la Libération au parti socialiste, est élu député à l'Assemblée constituante en 1945. Chef de l'Union progressiste sénégalaise, il œuvre pour l'émancipation de l'Afrique, pour la rupture de l'ordre colonial. En 1960, lorsque le Sénégal devient indépendant, Senghor est élu président de la République. Pendant vingt ans, il se maintient à la tête d'un régime présidentiel taillé pour lui, alternant pratiques autoritaires (parti unique) et libéralisation politique. En 1980, las du pouvoir, il se retire de la vie politique sénégalaise, se réfugiant dans un coin de Normandie, où il vit encore aujourd'hui à plus de quatre-vingt-dix ans. Senghor l'Africain termine sa vie dans la France profonde.  Avec Hosties noires (1948), Éthiopiques (1956) ou Nocturnes (1961), Senghor donne ses lettres de noblesse à la poésie africaine en langue française. Sa poésie est faite de rythmes (le rythme du tam-tam), d'exaltation du corps et de mouvement, d'émotion, de sonorités, des images sensuelles et naturelles (souvent liées à la femme et à l'Afrique). Il insiste sur l'universalité de cette poésie, à la fois incantation et initiation, écrite en français, pour unir l'oralité africaine et le génie de la langue française.  Celui qui s'était défini comme un « métis culturel « entrait en 1983 à l'Académie française, bastion du classicisme français. 

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« ~ 7 juillet 1965 Série No 51 Fiche No 606 Senghor (Léopold Sédar) 1.

Associé à toutes les décisions politiques importantes prises à Paris depuis 1945 et concernant l'Afrique noire, Léopold Sédar Senghor a été promu aux honneurs ministériels par la IVe et par la ve République: secrétaire d'Etat dans le second cabinet Edgar Faure en 1955, il fut ministre conseiller du gouvernement Debré jusqu'à la proclamation de l'indépendance du Sénégal, en juin 1960, dont il a été réélu prési­ dent de la République, le 1er décembre 1963.

2.

Il est né le 9 octobre 1906 à Joal, vieil établissement portugais en pays serère, où son père était un négociant aisé.

Elève des pères du Saint-Esprit, il a longtemps passé pour un pur produit de l'assimilation.

Agrégé de grammaire, orateur enclin à citer les classiques grecs et latins, poète célèbre, il s'est pourtant toujours résolument appuyé sur les masses rurales, abandonnant la presqu'île du Cap-Vert et le proléta­ riat urbain de Dakar à ses concurrents politiques.

3.

Il n'était encore que professeur de lettres au Lycée de Tours quand en 1935, avec ses amis Césaire et Damas, il lança l'expression de la " négritude » qui entend signifier à la fois l'affirmation de la personnalité africaine et le rejet de l'assimilation culturelle de l'Occident.

Senghor ne dissimule pourtant pas avoir fait de nombreux emprunts à la pensée européenne et parait aujourd'hui plus favorable au " métissage des civilisations», conclusion logique, selon lui, du fait colonial.

De toute façon, on a pu dire que la façon dont Senghor formula la « négritude » devait plus à Descartes qu'au sage Ogotommeli, qui enseigna à Marcel Griaule l'image du monde des Dogons.

4.

Il se veut champion de l'unité africaine et c'est à ce titre qu'il fut le promoteur de la Fédération du Mali dont il ne craignit pas de dire qu'elle serait " la première cellule des Etats-Unis d'Afrique"· Bien que cette tentative n'ait pas duré beaucoup plus d'un an, Senghor conserva sa popularité politique au Sénégal qui lui permit, en 1962, de venir à bout de son adversaire Mamadou Dia, jusqu'alors premier ministre.

Il assume depuis lors toutes les responsabilités de l'exécutif.

5.

Elu député socialiste du Sénégal en 1945, en même temps que le maire de Dakar, Me Lamine-Gueye, doyen des leaders politiques d'Afrique noire, Senghor abandonne la SFIO en 1948 pour fonder son propre parti, le Bloc démocratique sénégalais.

Il milite dès lors pour substituer une République fédérale à la République française une et indivisible, et entre bientôt en conflit avec Félix Houphouët-Boigny, son ainé d'un an, opposant au Rassemblement démocratique africain que préside celui-ci, le Parti du Rassemblement africain, qui tente vainement d'essaimer dans les autres territoires d'AOF et d'AEF, à l'instar du RDA.

6.

Léopold Sédar Senghor se pose aussi en doctrinaire du " socialisme africain » et, en compagnie du R.

P.

Lebret, il a dégagé les grandes lignes d'un système écono­ mique, inspiré de Teilhard de Chardin et de l'humanisme chrétien, dont presque tous les experts disent sans ménagement qu'il n'a pas peu contribué à aggraver les diffi­ cultés sénégalaises.. »

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