L'oeuvre de Byron
Publié le 22/04/2012
Extrait du document
POÉSIE
HEURES DE FLÂNERIE (1807)
LES POÈTES ANGLAIS ET LES AUTEURS DE L'EDINBURGH REVIEW (1809)
LE PÈLERINAGE DE CHILDE HAROLD (1812-1818)
LE GIAOUR (1813)
LA FIANCÉE D'ABYDOS (1813)
LE CORSAIRE (1814)
ODE A NAPOLÉON BONAPARTE (1814)
LARA (1814)
LE SIÈGE DE CORINTHE (1816)
PARISINA (1816)
LE PRISONNIER DE CHILLON (1816)
BEPPO (1818)
MAZEPPA (1819)
DON JUAN (1819-1824)
L'AVATAR IRLANDAIS (1821)
LA PROPHÉTIE DE DANTE (1821)
LA VISION DU JUGEMENT (1822)
L'AGE DE BRONZE (1823)
L'ILE (1823)
THÉATRE
MANFRED (1817)
MARINO FALIERO, DOGE DE VENISE (1821)
SARDANAPALE (1821)
LES DEUX FOSCARI (1821)
CAIN (1821)
LE CIEL ET LA TERRE (1823)
WERNER (1823)
LE DIFFORME TRANSFORMÉ (1824)
PROSE
DISCOURS PARLEMENTAIRES (1824) et LETTRES
«
Ce jeune lord, qui accomplit un pèlerinage à Waterloo pour se recueillir sur la défaite
de Napoléon, franchit l'Hellespont à la nage pour sacrifier à un rite païen, comme il se jeta à
la mer jusqu'à épuisement pour échapper au bûcher de la plage italienne où la dépouille de
Shelley achevait de se consumer, et comme il boxa sauvagement pendant que le convoi funèbre
de sa mère s'éloignait vers le cimetière.
Que d'efforts, que de talent et de courage aussi gas
pillés! N'y avait-il donc rien, dans le monde d'alors, qui pût en mériter l'usage? Fallait-il se battre
si fort les flancs pour occuper les loisirs de son âme, et ce lointain héritier de chevaliers tombés
à
la croisade n'avait-il rien d'autre à faire que d'amuser la chronique vénitienne aux dépens
des maris
qu'il trompait?
Sa mort, pourtant, l'auréola, sans qu'il s'en doûtât, d'une lumière inattendue.
Et cependant,
cette fin n'est pas celle qu'il se préparait lui-même en ne s'endormant jamais sans avoir à portée
de sa main pistolets chargés et poignards, pour se garder des assassins moins que des cauchemars
dont les clameurs déchiraient ses nuits.
Il aurait dû être massacré par les soldats qu'il avait
licenciés, ou tué pendant un assaut, et c'est la fièvre qui l'abattit et le fit délirer dans le sirocco
de Missolonghi, au moment même où les lettres d'Angleterre, arrivées sans qu'il eût le temps
ni la force de les décacheter, lui annonçaient l'admiration et le pardon de son pays.
Non, ce
n'était pas la mort qu'il avait rêvée (pour se racheter, pour donner un sens à ses révoltes?) quand,
luttant pour l'indépendance de la Grèce, il dessinait pour ses compagnons et pour lui-même des
casques
prétentieux surmontés de sa devise Crede Biron, et dignes de personnages de 1'/liade.
On
est presque reconnaissant au ciel de l'avoir sauvé de la mascarade en faisant éclater, dès son
dernier soupir, un orage si terrible qu'ainsi que le rapporte M.
André Maurois - qui reste
son seul
biographe et son seul exégète français - croyant qu'une telle canonnade ne pouvait
saluer que la chute d'un dieu, les soldats et les bergers se dirent : « Byron est mort ...
»
Du moins eut-il les funérailles qu'il eût choisies.
Le peuple grec qui voulait l'enterrer au
Parthénon ou dans le temple de Thésée déposa sur le manteau noir qui recouvrait son cercueil
une épée et une couronne de lauriers.
Le descendant des Stuart ne pouvait cette fois exiger
mieux
que ce retour, dans l'appareil des héros nationaux, vers l'abbaye où planera toujours
l'ombre de la cruelle Mary Chaworth, débouchant à cheval, un matin d'été, des bois de Newstead,
suivie
d'un garçon de quinze ans éperdu d'amour pour elle.
Nous n'avons plus guère d'émotions
à
perdre avec Manfred ni avec Don Juan, ni même avec nos propres romantiques, mais il faut
saluer ce poète
qui ne pouvait toucher la terre que de la pointe des pieds et qui, malgré les
rigides professeurs qu'il eut et son enfance passée dans le voisinage d'un cimetière, entre les rivages
déchiquetés, les lacs
et les pics d'Écosse, travailla, à sa façon, à libérer les cris de l'homme.
43.
»
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