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LUTHER

Publié le 02/09/2013

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luther

 

1483 -1546

LA grande rupture à laquelle, dans l'histoire de l'Eglise chrétienne, le nom de Luther est attaché, a été déterminée non par un scepticisme frivole, mais par une foi religieuse profonde.

Né à Eisleben (Sachsen), le ro novembre 1483, dans une maison paternelle pieuse, Luther a grandi dans un milieu croyant, qu'aucun humanisme critique n'avait encore détourné de l'Eglise. Et il n'a fait que suivre le conseil donné par cette Eglise à tous ceux — innombrables — que la recherche de Dieu tourmentait le plus âprement, lorsque, en 1505, il chercha son salut dans la vie monacale, de toutes les vies chrétiennes la plus sévère. Ce n'est pas pour avoir douté, en rationa¬liste, des dogmes, ni pour avoir soumis à la critique la déchéance morale de l'Eglise médiévale, qu'il devint réformateur, mais uniquement parce qu'il reconnut qu'elle recherchait le salut de l'âme par des voies contraires aux Evangiles de Jésus-Christ et de saint Paul. Et comme toute grande oeuvre, la sienne mûrit dans la solitude et le silence, au prix de dures luttes intérieures.

Professeur de théologie à l'Université de Wittemberg depuis 1512, il ne fit part, d'abord, de ses intuitions qu'à ses seuls élèves, et ce n'est pas un problème de politique — fût-elle ecclésiasti¬que — qui lui dicta sa première manifestation publique, mais un problème pastoral : il estimait que la proclamation des indulgences contre argent comptant mettait en péril les âmes de ses ouailles, et c'est pourquoi, dans ses célèbres quatre-vingt-quinze thèses du 31 octobre 1517, il attaque sévè-rement l'Eglise. Le Christ, écrivait-il, ne veut pas que l'homme achète le pardon et ne fasse péni¬tence que de temps à autre, par le sacrement de la confession, mais que sa vie entière soit une vie de repentir vrai et de pénitence. Il fut aussitôt dénoncé à Rome comme hérétique, mais le pape Léon X ajourna son procès : il escomptait l'aide du souverain de Luther, le prince électeur de Saxe, pour empêcher que Charles d'Espagne ne fût élu empereur d'Allemagne. Le prince ne vou¬lant pas livrer à Rome le remarquable professeur de son Université naissante, il n'y eut, d'abord, que des interrogatoires sans résultats, en Allemagne ; et lorsque, deux ans plus tard, le procès d'hérésie fut repris et l'excommunication prononcée, son ouvrage et ses écrits avaient déjà à tel point conquis à Luther, en Allemagne, la renommée et l'affection populaire, que le verdict papal n'eut plus aucun effet. Ainsi, la politique du pape, qui tendait à s'opposer, dans l'inté¬rêt du pouvoir temporel de l'Eglise, à un accroissement de la puissance espagnole, devint, malgré lui, une protection pour Luther : jamais le Saint-Siège ne paya plus cher sa soif de pouvoir poli¬tique. Même le sévère édit de Charles-Quint, devenu entre temps empereur, de la diète d'empire de Worms, 1521, ne put plus mettre un terme au mouvement luthérien.

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« persécutions impériales.

A Wittemberg, cependant, la Réforme avait pris une allure à ce point tumultueuse, que, en 1522, la ville rappela de son asile le pilote éprouvé, qui eut vite fait de ramener le navire dans des eaux plus calmes.

Malgré l'excommunication papale et la mise au ban impériale, un grand nombre de communautés et des provinces entières (Saxe, Hesse, etc.) de religion évangélique prirent corps, au cours des années suivantes.

Elles s'associèrent, une pre­ mière fois, en 1529, pour protester contre les menaces et les persécutions impériales (d'où le nom de« Protestants») et présentèrent solennellement, à la diète d'Empire d'Augsbourg, 1530, leur profession de foi : un petit nombre de princes et de villes libres, mais résolus à mourir pour leur croyance.

Les guerres avec la France et l'avance des Turcs empêchèrent !'Empereur de mettre, dès lors, la résistance des Protestants à l'épreuve, en sorte que, jusqu'à la mort de Luther, le protes­ tantisme continua de se propager paisiblement.

Créateur du mouvement, Luther veilla à ce qu'il restât préservé de toute contagion profane, et ce fut là, parfois, le plus dur de sa tâche.

Ainsi, lorsque, en 1525, les paysans firent de la liberté chrétienne le mot d'ordre d'une insurrection, Luther, tout en appuyant beaucoup de leurs reven­ dications, condamna sévèrement la confusion des Evangiles et de la politique, tout comme l'abus qu'ils faisaient du nom de Christ pour couvrir des actes de violence.

Il empêcha que l'enthou­ siasme anarchique des anabaptistes ne troublât l'ordre dans les communautés chrétiennes, de même qu'il défendit sans faiblir les fondements de l'enseignement chrétien traditionnel contre les débuts de la critique rationaliste, telle qu'elle lui apparaissait dans la conception des sacrements professée par Zwingli et ses partisans: combats douloureux, qui prouvent qu'il ne recherchait pas la faveur des masses, mais possédait, au contraire, le courage d'affronter la défaveur publique par amour de la pureté de la doctrine évangélique.

Plus d'un humaniste, tel Melanchthon, devinrent ses amis les plus proches, d'autres, tel Erasme, à qui une conviction religieuse absolue faisait défaut, se détachèrent de lui, recherchant un compromis entre la Réforme et l'Eglise catholique.

Menant une vie de labeur acharné etentièrement désintéressé (sic!), Luther ne poursuivait ni le bonheur ni la gloire, et lorsqu'en 1525, en dépit de soupçons qui persistent, il se maria, ce fut sans l'espoir d'une félicité durable.

Malade et âgé de quarante et un ans, il croyait sa mort proche : il s'agissait pour lui, avant tout, d'enseigner par l'exemple qu'un prédicateur de l'Evangile peut, comme tout autre, prendre femme sans vain scrupule.

Sa maison, qui devint une bénédic­ tion pour sa famille, aussi bien que pour les nombreux hôtes de sa table, allait servir de modèle à d'innombrables presbytères évangéliques, où régnait une vie de piété et d'amour, embellie par la musique et les joies intellectuelles : c'est là qu'il se montrait dans toute sa cordialité sereine, parfois obscurcie, au-dehors, par son opiniâtre combativité et la mélancolie.

A l'opposé d'autres grands théologiens, tels Thomas d'Aquin ou Calvin, Luther n'a jamais essayé de donner à sa théologie la forme d'un système dogmatique : la sienne était celle d'un pro­ fesseur d'exégèse, d'explication vivante de la parole divine, à l'intention des hommes de son temps.

A travers l'abondance de l'expression verbale, transparaît un enseignement d'une simplicité et d'une unité imposantes : comme au temps de son stage monacal, Luther a été, sa vie durant, pénétré d'une profonde vénération de la majesté divine, devant laquelle nul homme ne peut invo­ quer ses œuvres ou ses mérites; séparés de la sainteté de Dieu, par notre imperfection et nos péchés, nous dépendons entièrement de sa grâce.

Mais la foi et la gratitude, que lui inspire l'amour de Dieu, doivent mener l'homme vers le dévouement actif envers ses frères, aussi bien dans la vie privée que dans la vie publique.

Luther n'énonce aucune loi ecclésiastique ou naturelle, sur laquelle il doive régler sa conduite; il lui enseigne seulement de faire ce que sa fonction exige de lui et ce dont il peut, sur sa conscience, répondre devant Dieu.

Il demandait à chacun l'obéissance et une collaboration consciente aux affaires de l'Etat et des Communes, et ce n'est pas de sa faute si, plus tard, à l'époque de l'Etat absolutiste, ses disciples ont parfois oublié, au profit de l'obéis­ sance, les avertissements et les blâmes qu'il avait si souvent adressés, avec une gravité prophétique, aux puissants de son temps.

Encore qu'il se soit absolument refusé à maintenir la tutelle médiévale de l'Eglise sur l'Etat, il était passionnément préoccupé par tous les problèmes de la vie publique, et a, dans plus d'un écrit, fait des propositions visant à l'institution d'un régime juridique matri­ monial, à la fondation d'écoles, à la création d'une économie saine, à l'organisation d'une assis-. »

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