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Marivaux

Publié le 08/04/2013

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Le thème du narcissisme faisant obstacle à l'amour vrai apparait dans une anecdote racontée dans Le Spectateur français, où la critique a voulu voir un épisode autobiographique : un amoureux, revenant auprès de la fille dont il aime la beauté simple et naturelle, la trouve en train d'étudier toutes ses attitudes devant un miroir ; il la quitte, dégoûté de l'amour et de la société. Marivaux fit jouer ses comédies au Théâtre-Italien, d'abord parce que les comédiens français lui montrèrent peu d'enthousiasme, ensuite parce que les Italiens lui permettaient plus de liberté et qu'ils possédaient en Silvia Benozzi l'interprète idéale de ses héroïnes.

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« à 1735), le romancier dénonce une société où le seul moyen de s'élever socialement pour une or­ pheline ou pour un paysan dépend de la protection de riches personnes du sexe opposé.

Contrairement à Lesage, ce­ pendant , Marivaux ne s'at­ tache pas à la description de milieux sociaux ni au récit d'aventures pittoresques, mais plutôt à l'analyse du sentiment amoureux et de l'inconstance, particulière­ ment dans La Vie de Ma­ r ianne.

L'apprentissage que doivent faire les personnages a donc moins trait à la maîtrise des lois de la société qu'à la connaissance du cœur humain, ce qui préfigure les romans de formation du xrxe siècle tel le Wilhelm Meister de Goethe.

Le théâtre de Marivaux : jeux de langage et de séduction Rue Quincampoix, à Paris, en 1720.

Marivaux, comme tant d'autres, s'est ruiné dans la banqueroute de Law Journal de la troupe de la Comédie-Française, le jour de la première représentation du Legs (1736) de préserver la singularité du« moi», le hasard, qui fait naître homme ou femme, maître ou valet, les faus­ ses confidences, par lesquelles on cherche à provoquer l'autre mais qui finissent par trahir les sentiments de celui qui les fait.

L'obstacle à l'amour n'est jamais extérieur comme chez Molière, mais bien in­ térieur, les parents ne s'opposant ja­ mais au bonheur de leurs enfants.

Les paroles de sagesse populaire profé­ rées sous forme de maximes par les valets de même que la loi propre à la comédie poussent les personnages vers le dénouement heureux que constitue le mariage, les réconciliant avec la morale sociale.

Le marivaudage M arivaux, surnommé« le Néologue » par Voltai­ re, fut surtout l'objet de cri­ tiques et de railleries, de son temps et bien longtemps après sa mort, en raison de son style, particulièrement celui des comédies.

Ce style n'a rien de précieux selon l'au­ teur, qui raille au contraire la vacuité du langage des pré­ cieuses.

Il se présente comme une recherche du mot qui ne blessera ni l'autre ni soi­ 0 utre une première tragédie raci­ nienne, Annibal , et des pièces de théâtre à thème social prônant l 'égalité de l'homme et de la femme (La Colonie) ou une forme de justice sociale (L'ile des esclaves) , Mari­ vaux écrivit un grand nombre de comédies où le thème amoureux domine.

Les titres de ses principales comédies (La Surprise de l'amour, Le Jeu de l'amour et du hasard , Les Fausses Confidences) pourraient s'appliquer à toutes ses pièces, qui toutes décrivent la « surprise de l'amour », qui prend au dépourvu un être s'étant juré de ne jamais aimer.

C'est un jeu entre l'amour, qui ouvre à l'autre, l'amour-propr-e, qui tente Mme de Tencin, dont Marivaux fréquenta le salon même, en recourant à la métaphore et à la périphrase pour ne pas avoir à dire le premier le fatidique « je t'aime».

Ce langage de la séduction tentant d'éviter les barrières dressées par l'amour-propre constitue la mo­ dernité de Marivaux, dont l'héritage se fera sentir dans le théâtre de Musset et, plus près de nous, dans celui de Giraudoux.

NOTES DE L'ÉDITEUR «De fait, au fond des scènes d'aveu qui dominent le théâtre, il y a toujours un peu de comédie et de jeu, qu'on joue à soi­ même en même temps qu'au partenaire, un jeu où se rencontrent la connaissance et l'ignorance, le camouflage inconscient et la conscience du camouflage.( ...

) Chaque pièce, chaque scène d'aveu combine différemment ces alliages microscopiques : savoir, ne pas savoir, savoir qu'on ne sait pas, dérober qu'on sait et cacher qu'on le dérobe ...

» Jean Rousset, Forme et significat ion , José Corti , 1982 .

« Le marivaudage est la concession réciproque que se négocient la sphère du désir, qui exige inconstance, méprise, stratagème et la sphère de l'ordre social, de la conservation de !'institué, de la loi.

Le marivaudage, avec ses dénégations, ses équivoques, ses aveux indiscrets, reconnaît qu'il doit y avoir transaction entre les deux, traduction, pour aboutir au moment public de la gaieté partagée, du oui qu'ils se consentent, dans la surface de fête, de rire, 1 musée de Versailles I Lauros-Giraudon 2 gravure de F.

Dubercelle , B.N.

/ Lauros-Giraudon 3 gravure de Humblot, B.N.

/ Roger-Viollet 4 Grenoble, musée Dauphinois/ Lauros Giraudon 5 Harlingue-Viollet de comédie.

» Michel Deguy, La Machine matrimoniale ou Marivaux, Gallimard, 1981.

L'expression populaire « faire une scène » indique bien l'aspect théâtral que peut revêtir le discours amoureux : «Tout partenaire d'une scène rêve d'avoir le dernier mot.

Parler en dernier, "conclure", c'est donner un destin à tout ce qui s'est dit, c'est maîtriser, posséder, dispenser, assener le sens.

» Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux, Seuil, 1977.

MARIVAUXOJ. »

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