Maupassant
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
Maupassant procède souvent dans ses contes et ses nouvelles par la technique de l' « enchâssement « : une histoire en cache une autre qui est en général le coeur du récit. La confusion et le mystère sont rendus par des rapports doubles : deux personnages, deux animaux, deux objets, deux narrateurs ... qui traduisent le dédoublement de personnalité de leur auteur.
«
gique, est une suite de ta
bleaux qui retracent l'exis
tence de Jeanne, une jeune
femme qui, après avoir
rêvé
d'amour, connaît
l'échec du mariage, la
souffrance, l'humiliation.
Avec
Bel-Ami (roman pu
blié en 1885), Maupassant
peint
un jeune bellâtre
épris
d'ambition sociale.
Cette satire des milieux du
journalisme
et des hautes
sphères de la société révèle
tout le pessimisme de l'au
teur.
Cette amertume ne
l'empêche pas de témoi
Guy de Maupassant, à gauche, et devant lui
de gauche à droite :
Mme de Broissia, Melchior
de Vogüé, Mme Strauss et
le général Annenkoff
son propre suicide.
Fort comme la
mort
(1889) et Notre Cœur (1890)
confirmeront cette tendance au dé
doublement et ce goût du macabre.
Ces dernières œuvres
marquent le
malaise qui
s'est introduit progressi
vement dans la vie de Maupassant ;
après des crises de mélancolie, les
névralgies du jeune homme ont dé
généré, sous l'effet du surmenage,
des paradis artificiels et de la
« belle
vie
», en hallucinations.
Maupassant
est hanté par l'idée de la mort et
victime d'un double
gner, au contraire, sa sympathie pour
les petites gens, les misérables, les
vieilles filles incomprises
(Les
Contes du jour et de la nuit
en 1885
et
Mont-Oriol en 1887).
Ses romans
s'inspirent souvent de ses propres
déceptions amoureuses.
Dans
Pierre
et Jean
(publié en 1888), précédé
d'une célèbre préface où il définit
sa conception de la vérité roma
nesque, il décrit méticuleusement
Le monument dédié à Guy de
Maupassant, au parc
Monceau,
à Paris
mystérieux.
Des désor
dres de
la vue et des
troubles circulatoires
augmentent son irrita
bilité.
Marqué par
l'internement de son
frère devenu fou, lui
même est enfermé
après un suicide man
qué en 1891, dans la
maison de santé du
docteur Blanche.
Il y
mourra en 1893.
la vie d'une famille de
la petite bourgeoisie
commerçante du Havre.
Vers
la folie
E
n 1887, Maupas
sant publie leHorla,
recueil de contes dont
le premier porte ce titre.
Ce premier récit est
constitué par le journal
d'un homme obsédé par
son double, être hostile
et maléfique dont il est
l'esclave et qui est le
« Horla ».Le narrateur se
résigne à incendier sa
demeure
et à décider de
NOTES DE L'ÉDITEUR
René Godenne nous donne une définition
de la nouvelle
au XIXe siècle : « On peut
assurer que la nouvelle au
xixe siècle est
surtout
un récit conté, vrai, sérieux, court.
(
...
) La nouvelle raconte une histoire,
qui tourne autour d'un épisode, et dont le
sujet tend à être le plus singulier qui soit.
»
René Godenne, La Nouvelle française,
PUF, 1974.
l, 3, 4, Harlingue-Viollet 2 Lauros-Giraudon 5, 6 Edimedia
Pessimisme et vérité
M
aupassant n'a
pas de philoso Première page du
quotidien Gil Blas (du phie à proposer.
Il s'attache simple
ment
à peindre la réalité et, comme il
est de tempérament pessimiste, il
n'a que trop tendance
à voir le côté
médiocre et tragique de la vie quoti
dienne.
L'homme
n'est qu' «une bête
à
peine supérieure aux autres » ;
l'amitié est une tromperie car les
hommes, insondables, sont tous
voués à
la solitude.
Si Maupassant
choisit de rompre avec l'esthétisme
naturaliste,
c'est par souci de l'hum
ble vérité
qui doit « énumérer les
multitudes d'incidents insignifiants
qui emplissent notre existence
».
9 octobre 1892), dont
Maupassant fut l'un des
rédacteurs.
Le dessin
illustrant
« La Maison Tellier» est l'œuvre du
célèbre Steinlen
Deux raisons président à l'expansion de la
nouvelle dans l'œuvre de Maupassant;
d'une part elle correspond.à l'effritement
d'une société dont elle reproduit les
incohérences et le morcellement ; d'autre
part elle obéit
au développement de la
publication en feuilletons des œuvres
littéraires dans la presse.
Pour Maupassant,
en outre, en elle
se concentre tout le
tragique de la condition humaine : comme
l'histoire concerne toujours des personnes
lointaines, étrangères, exotiques, typiques, la
nouvelle permet une distanciation du
lecteur.
Par cet éloignement excessif et ce
manque de références
au réel, le lecteur se
trouve confronté à sa propre solitude.
Maupassant exprime lui-même les raisons
qui le font écrire :
« Je porte en moi cette
seconde vue qui est en même temps la force
et toute la misère des écrivains.
J'écris
parce que je comprends et je souffre de tout
ce qui est, parce que je le connais trop.
»
Guy de Maupassant, Sur /'eau.
MAUPASSANT 01.
»
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