Devoir de Philosophie

SAINT-EXUPÉRY Antoine Marie Roger de, dit aussi Saint-Ex (vie et oeuvre)

Publié le 13/10/2018

Extrait du document

SAINT-EXUPÉRY Antoine Marie Roger de, dit aussi Saint-Ex (1900-1944). Écrivain et aviateur, il « n’est pas essentiellement un homme de lettres, en particulier par la conception qu'il a de la littérature. Il est un homme d'action à qui l’action ne suffit pas [...] » (R. Caillois). Né à Lyon dans une famille de l’aristocratie, il a perdu son père en 1904; il passe néanmoins des années heureuses à Saint-Maurice-de-Rémens (Ain), dans une propriété familiale. Plus tard, il suit les cours de Notre-Dame de Sainte-Croix, au Mans, avant de fréquenter d’autres établissements catholiques, en Suisse notamment; à Paris, on le retrouve au lycée Saint-Louis et à l’école Bossuct pour préparer (sans succès) le concours de l’École navale. Très jeune, Saint-Exupéry avait reçu son baptême de l’air et contracté cette passion de voler qui ne le quittera plus; elle s’affirme encore davantage durant son service militaire. Après un intermède tristement « rampant », Saint-Ex entre ensuite (1926) à la société Latécoère et y rejoint une équipe devenue légendaire : comme Mermoz et sous la férule de Daurat, il parcourt cette ligne presque « sacrée » qui va de Toulouse à Dakar. On lui attribue finalement l’escale de Cap Juby, dans le désert mauritanien : un poste difficile où il s’agit de se concilier à la fois les Espagnols et les chefs indigènes tout en récupérant les pilotes accidentés! Saint-Exupéry y découvre un isolement et une sorte d’ascèse propices à l’écriture.

 

Après l’Aviateur (nouvelle, 1925), Courrier Sud (1928, adapté pour le cinéma en 1937) est le premier livre de Saint-Exupéry : le roman montre l’impossible

amour entre l’aviateur Bernis et une femme qui l’aime mais ne peut entrer dans son univers exigeant. Bernis finira comme bien d’autres dans les dunes du Sahara et l’on apprend sa mort dans le style dense des dépêches télégraphiques : « Pilote tué avion brisé courrier intact. Stop ». Avec Vol de nuit (prix Femina 1931, préfacé par Gide, adapté pour le cinéma en 1939), nous changeons de continent : cette fois, c’est l’Amérique du Sud où Rivière (Daurat) et ses pilotes ouvrent de nouvelles voies, malgré les tempêtes et les montagnes. L’auteur, d’ailleurs, ne se contente pas de parler de l’aventure; il la vit, en tant que directeur de l'Aeroposta Argentina, avec des pilotes comme Guillaumet, perdu dans les Andes puis retrouvé.

« On a souvent fait de Sai nt-Exupé ry un moraliste chargé d'enseigner aux hommes la vanité de leurs désirs, la pauvreté de leurs richesses : «E n travaillant po ur les seuls bien s matériel s, nous bâtissons nous-même s n otre pri son .

Nous nous enfermons solitaires avec notre mon­ naie de cendre qui ne procure rien qui vaille la peine de vivre».

Le même Saint-Ex moraliste oppose notre monde d'opu lence à la civilisation du désert , sobre, éco­ nome et bell e.

Et, dan s le style même, le lecteur sent une recherc he de la concision et de l'ellipse: avec notam­ ment de s phrases nomina les, co u rtes et remplie s d'infor­ mation.

R ien de trop : «Un po ste fr ançais à vingt kilo ­ mètres: le seul.

L'atteindre.

Temp érature de J'eau: 120.

Dunes, rochers, salines sont absorbés.

Tout passe au lamino ir.

Et allez donc! D es conto urs s'éla rgi sse nt, s'ouv rent, se ferment.

Au ras des roues : débâcle» (Co urrier Sud).

Dan s l'écriture, en effe t, comme d ans la vie, il s'agit d'éviter les facilités et d'atteindre l'essen­ tiel : en ce sens, on peut dir e que le style aussi relève d ' une morale dont le Petit Prince donne J'expression la plus épurée; allégorique mais très claire.

Voici, passées en revue, toutes l es figures ridicules de notre ordre social: le mona rque «absolu» et «uni ver sel>>, le vani­ teux, le buveur, le businessman, l 'allumeur de réverbères et le géographe.

Ce qu 'ils représentent, chacun sur sa planè te, est d érisoire: pouvo irs, po ssess ions, savo irs, rien de tout cela ne tient devant l'amour et la poésie, devant ce que Giono aurait peut -être appelé les « vraies richesses », celles qui d on nent un sens à la vie et sont méprisées des imbécile s; « l 'esse ntiel , dit le renard au Petit Prince, est invisible pour les yeux .

[ ...

] C'est Je temps que tu as perdu pour ta rose qui fait la rose si importante ».

On voit donc tout Je contre sens qu'il y aurait à voir des aventuriers ou des su rhommes (banals) dans ces aviateur s de Saint-Ex.

S'ils croien t à l'action, au métier, à l'amitié soudée par les dan gers et la discipline , ce n'est pas vraiment au nom d'une morale « virile » et simpliste.

Ils sont courageux , c'est ente ndu , mai s ils sont su rtout déçus par la pl anète qu'on leur offre, et l'avio n leur permet de la voir différemm en t.

Il s sont à la fois plus lucides et plus rêveu rs: c'est là leu r seule s upériorité.

Moral e don c: morale exigeante, diffici le, mais cert es pas ingrate; car les v raies valeurs so nt aussi de vrais pla isirs.

P our Saint-Exupéry, en effet, on ne saurait jouir du monde si la privation ne nous en appre nait pas le prix et la saveur; u.oe gorgée d'ea u d ans le dése rt, une escale entre deux longs trajets , d es am is quittés puis revus long­ temps après : il y a là des vol upt és épicurien nes, sub tiles mais bien rée ll es.

Rien de plus so mptueux d 'ameurs que ces étendues arides qui rendent mes quins les autres pay­ sages; lignes pur es, jeux d e couleurs, li eux vierges, sile nce , ven t, sable et étoiles, l 'est hétique rejoint ici l'éthique: , Gallimard.

A consulter : C.

Cate, A.

de Saint-Exupéry, his Life and Times, Londres, Leineman , 1970 (bib liographie); P.

Che­ vrier et M.

Quesnel, Saint-Exupéry, Gallimard , 1971; id., les Critiques de notre lemps et Saint-Exupéry, Garnier.

1971; E.

Deschodt , Saint -E xupéry, Lattès, 1980 ; C.L.

Van den Berghe , la P e nsée de Saint -Exupéry , New York et Francfort , P .

Lang , 1985.

D epuis 1980, des Cahiers Saint-Exup éry paraissent chez Gallimard.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles