Sophocle
Publié le 08/04/2013
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Rénovateur de la tragédie, Sophocle a fait passer le nombre des acteurs de deux à trois, celui des choreutes à quinze, et il a introduit le décor peint. Par ces réformes, la tragédie achève de se détacher de ses origines rituelles et religieuses pour se rapprocher de l'imitation d'êtres agissants. Les sept tragédies de Sophocle qui ont été conservées sont : Ajax, Antigone, Électre, OEdipe-Roi, Les Trachiniennes, Philoctète et OEdipe à Colone.

«
La tragédie à son sommet
C
ent vingt-trois tragédies et
drames satiriques : telle est la
totalité de l'œuvre produite par l'in
fatigable Sophocle
! Mais seuls nous
sont parvenus sept tragédies et un
drame satirique tronqué.
Bien que le
grammairien
qui ·a établi cette sélec
tion
pour les générations futures ait
sans doute eu à cœur de ne retenir
que ce qui méritait de l'être, on ne
peut s'empêcher de regretter la part
disparue et de craindre l'arbitraire
d'un homme et les préjugés d'une
époque.
Que resterait-il de Molière si
la même sélection avait été établie ?
L'homme et le divin
S
ophocle (497-406 avant J.-C.)
puise dans le fond commun,
épique et légendaire, avec un respect
du mythe que son contemporain
Euripide n'a déjà plus.
Mais s'il peut
en cela être dit « archaï
sant», il se démarque
cependant de son pré
décesseur Eschyle, en
ce que les dieux, chez
lui, ont cessé de tenir le
devant de la scène et
se sont séparés des
hommes.
Le fondement du drame
chez Sophocle
est cette
scission
tragique entre
l'homme et le divin.
C'est elle qui constitue
le moteur de l'action.
Jouet des divinités,
l'homme va se réconci
lier avec les dieux en transformant
son destin en destinée : en acceptant
avec courage, à la manière stoï
cienne,
le sort qui lui est échu par les
décrets divins, il
va affirmer sa di
gnité
et s'instaurer en héros.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Si les dieux de Sophocle n'apportent à
l'homme nulle consolation et si, pour qu'il
accède à la connaissance
de soi-même, ils
infléchissent sa destinée, alors ce n'est que
dans l'abandon
et la déréliction qu'il se
saisit comme homme.
C'est seulement dans
cette brisure
que son être, en se purifiant,
semble conquérir sur sa dissonance
un état
d'harmonie avec l'ordre divin.
» Karl
Reinhardt,
Sophocle, éd.
de Minuit, 1971.
1, 3 , 4, 5 Giraudon 2 coll.
Viollet
Sophocle est
l'auteur de
plus de cent
vingt pièces,
dont
Œdipe roi (représenté ici
avec le Sphinx,
dans un ta bleau d'lngres, musée du Louvre, Paris)
Cependant, si, avec Sophocle, le
centre de l'intérêt dramatique se dé
place
du ciel sur la terre, et si le mo
teur de la tragédie est désormais le
drame intérieur vécu par le héros (ses
illusions, ses combats contre les ad
versaires de son choix moral), les
dieux n'ont pas encore le caractère
presque folklorique qu'ils revêtiront
chez Euripide,
pour qui les passions
humaines sont les principaux vec
teurs de la Fatalité.
Sophocle reste le « père » d'Anti
gone, résistante volontaire face à un
pouvoir tyrannique et impie ; il reste
le véritable créateur du personnage
d'Œdipe, homme maudit des dieux,
au destin terrifiant.
Mais ne voir dans
Sophocle que l'âpreté rugueuse du
destin tragique serait un grave
contresens.
A côté de la grandeur
hautaine et sombre de la destinée tra
gique et
jointe à elle, il y a la joie de
vivre, l'exaltation de l'homme tel que,
en une explosion d'admiration, le
chœur nous le chante dans Antigone
et l'amour de la vie tel que le célèbre
Œdipe à Colone nous le rapporte.
Autour des héros évolue tout un
monde de personnages secondaires
- marins, nourrices, etc.
-qui vivent
1
la vie des petites gens.
Et les héros
eux-mêmes, tout épris de grandeur
qu'ils sont, palpitent d'émotions mal
contenues.
Périclès, contemporain de
Sophocle, avec qui
il entretint des
relations étroites
(buste,
Ve siècle
avant J.-C., musée
du Vatican)
Ajax
(ici, dans un
combat avec Hector) est
une des sept tragédies
de Sophocle à avoir été
conservées dans leur
intégralité (coupe de
Calliades, peinte
par Douris, Ve siècle avant
J.-C., musée du Louvre, Paris)
« Il n'est pas de théâtre où l'on trouve autant
d'innocents écrasés ou détruits.
Il n'est pas
de théâtre où
s'exprirp.ent autant de
souffrance, physiques ou morales.
Et
pourtant c'est un théâtre qui fait admirer
l'homme et aimer la vie.
» Jacqueline
de Romilly, La
tragédie grecque, PUF,
1970.
« Cette combinaison d'une philosophie si
sombre avec une foi si vivace
en l'homme et
en la vie distingue à jamais le théâtre de Sophocle
de toutes les œuvres modernes,
qui s'en sont inspirées
en le durcissant, et
qui, pour cette raison, n'atteignent jamais au
même
éclat.» Jacqueline de Romilly , op.
cit.
« Si l'on appelle classique le souci délibéré
d'atteindre à l'universel, le théâtre de
Sophocle,( ...
) constitue, dans son équilibre
même, comme le modèle du classicisme.
Jacqueline de Romilly,
Encyclopaedia
Universalis.
SOPHOCLEOI.
»
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