Stendhal
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
Stendhal a une personnalité très difficile à saisir; il semble qu'il change d'identité à volonté. Ses écrits intimes sont précieux pour comprendre !'écrivain: sans être des confessions, ils nous révèlent une sensibilité très vive, presque féminine, qu'il cherche à réprimer par peur d'être ridicule et par mépris de !'attendrissement. Stendhal nous offre des tableaux critiques de moeurs : Le Rouge et le Noir présente une peinture de la société française et de ses moeurs politiques dans les dernières annéés de la Restauration ; Lucien Leuwen voit le triomphe de la bourgeoisie riche sous Louis-Philippe et La Chartreuse de Parme nous offre le spectacle des intrigues d'une petite cour italienne vers 1820.
«
Milan,
la même quête des sens et des plai
sirs en fréquentant les salons pari
siens ; devenu dandy, il médite sur
l'art de plaire, et publie un essai
psychologique, De l'amour, en
1822.
Engagé dans la bataille ro
mantique avec
Racine et Shakes
peare
(1823), il définit son idéal
dramatique, fondé sur l'illusion par
faite et le rire ; il voit dans ce qu'il
appelle le
"romanticisme" "l'art de
donner le plus de plaisir
possible".
En 1827, son roman d'analyse
Armance n'a aucun succès.
Sa pro
duction littéraire n'en reste pas
moins diverse : Vie de Rossini
(1823), Promenades dans Rome
(1829).
Après une grave crise mo
rale, poussé par un désir d'investi
gation littéraire et psychologique, il
revient au roman d'analyse avec
Le
Rouge et le Noir (1830), qui est son
premier chef-d'œuvre.
Ce roman
d'apprentissage déconcerte et excite
les curiosités.
Parti d'un fait divers
réel (l'affaire Berthet), Stendhal re
trace le destin exemplaire de Julien
Sorel, d'origine modeste mais ins
truit, rejeté par la société légitimiste
du
XIXe siècle qui préfère l'argent
et la naissance au mérite.
vue de la grande
cour de l'hôpital.
sienne et de voyager en France ; il
rapporte de ses nombreuses excur
sions
Les Mémoires d'un touriste
(1838).
A Paris, il se lance avec ar
deur dans
l'écri
ture de La Char
treuse
de Parme,
qu'il publie en
1839.
Dans ce ro
man, il transpose
au XIXe siècle
des événements
de la chronique
italienne il
s'inspire de la vie
d'Alexandre Far
nèse ; il peint la Rossini
Le diplomate homme de lettres
A
vec l'avènement de Louis
Philippe, Stendhal est nommé
consul
à Trieste.
Ses opinions trop
libérales le rendent suspect,
et il est
envoyé
à Civitavecchia, dans les
États pontificaux.
Il entreprend
d'y
rédiger Lucien Leuwen, roman au
tobiographique et satire acerbe des
mœurs françaises sous la
monarchie
de Juillet ; l 'œuvre reste inachevée.
De 1836 à 1839, un congé lui per
met de renouer avec la vie pari-
Une page de "Idées Italiennes sur quelques
tableaux célèbres" avec les corrections de Stendhal.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Stendhal est doublement présent dans ses
romans: d'une part, tout
en les laissant agir,
il juge ses personnages, s'en moque genti
ment ou les méprise en intervenant person
nellement dans
le roman ; d'autre part, ses
héros lui ressemblent et vivent la vie
bouillonnante qu'il aurait aimé vivre.
« La phase la plus importante de l'amour est
selon lui la
"cristallisation", véritable loi
psychologique : elle correspond au moment amoureux
où l'on pare
l'objet aimé
de perfections (comme
"un rameau effeuillé
par
l'hiver" s'enrichit "de cristallisations
brillantes" dans les mines de sel de
Salzbourg, dit-il dans
De l'amour).
Cette
cristallisation rend méconnaissable l'être
aimé et engendre une désillusion rapide
au
contact de la réalité.
«Le beylisme : on qualifie ainsi l'art de
vivre que Stendhal révèle dans ses romans ;
Photos (a, d, f, g) Explorer Archives ; (b) Roger-Viollct ; (c ) J.-L .
Charmer ; (e) VIP / Sipa lcono
bataille de Waterloo dont il rêvait
d'écrire le récit depuis longtemps.
La destinée de Fabrice Del Dongo
rejoint celle de Julien Sorel dans un
cadre différent : Stendhal condamne
les bassesses
d'une tyrannie mes
quine, sans noblesse.
L' œuvre lui
vaut un article élogieux de Balzac.
Par
ailleurs, il publie des récits dra
matiques qui porteront plus tard le
nom de Chroniques italiennes
(1839).
Il doit cependant reprendre
son poste à Civitavecchia alors
qu'il commence à être victime
d'attaques de goutte.
Il brise son
ennui
en écrivant Lamie/, qu'il ne
finira pas.
Sa santé se dégrade ; il
demande un nouveau congé et
meurt à Paris d'une attaque d'apo
plexie
en 1842.
De nombreux ma
nuscrits inachevés sont publiés
après sa mort : Vie de Napoléon
(écrit de 1817 à 1818 et repris de
1836 à 1838),
Vie de Henry Brulard
qui retrace ses souvenirs d'enfance
et d'adolescence (écrit de 1834 à
1836) et Souvenirs d'égotisme
(écrit de 1821 à 1830).
le plaisir est un critère fondamental de
bonheur esthétique et moral.
Les pas
sions enrichissent
ceux qui les éprou
vent en les initiant à des sensations nouvelles
irremplaçables.
« Stendhal "peut nous convaincre ( ...
) de
l'existence autonome de
ses personnages, les
regarder s'éloigner
de lui, il reste que c'est
toujours lui qu'on retrouve au cœur de
ses
livres.( ...
) Il n'ajamais fait dans ses romans
que
se projeter en se multipliant".» -Claude
Roy,
Stendhal par lui-même, Le Seuil, 1951
STENDHALOI.
»
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