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VILLON

Publié le 02/09/2013

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villon

 

1431 -vers 1463 ?

S 'IL est un visage, dont la permanence est assurée dans l'histoire sentimentale du monde et de la poésie catholique, c'est bien celui de François de Montcorbier dit des Loges. Son bruit devint définitif au moment où il adopta le surnom de Villon. Guillaume de Villon, en quelque sorte son tuteur, le très honorable chapelain de Saint-Benoit-le-Bientourné, qui, lui-même, était origi¬naire de Villon, petite localité aux environs de Tonnerre, le lui donna comme un témoignage d'affection. C'est dans le rayonnement de cette affection lettrée et remarquable, curieusement indulgente, que l'enfant — il avait à peine dix ans —entra dans la pédagogie de Maître Guillaume. Dans l'hôtel de la Porte-Rouge, dans le cloître Saint-Benoît, Villon apprit les premiers rudi¬ments de la grammaire latine et commenta avec son maître le Donat, le Doctrinal d'Alexandre de Villedieu et l'Art de Mémoire dont il tirera vengeance dans le lai. Ceci se passait entre 1438 et 1440.

François de Montcorbier, du nom de son père, natif de Montcorbier en Bourgogne, naquit à Paris dans le courant de l'année 1431. Après avoir subi les premières épreuves qui devaient le conduire vers de plus prestigieuses études, le jeune François de Montcorbier, dès l'âge de douze ans, fut inscrit à la Faculté des Arts pour y suivre les cours de l'Université. Son nom est écrit sur les registres de la Nation de France comme boursier. C'est probablement à cette époque qu'il prit le nom de Villon que nous lui laisserons dans le cours de ce roman d'aventure universitaire ou l' alma mater s'acoquine sans vergogne avec la pègre, la police et le menu fretin de quelques grandes dames et seigneurs épris de Belles Lettres.

Tout d'abord, Villon se montra bon élève, un bon élève turbulent, de ceux que l'on désigne aujourd'hui sous le nom assez précis de chahuteurs. Il n'était pas tellement différent d'un jeune étudiant du luxe ou du xxe siècle. Décrocher les enseignes commerciales et faire tourner en bour-rique l'honorable mais insupportable demoiselle de Bruyère, mettre sur les dents la police et le Châtelet, maintenir une gaîté durable sur la Montagne Sainte-Geneviève, ce jeu s'associait har-monieusement avec le détail des études scolaires. En 1449, Villon était bachelier et en 1452 il obtenait la licence et la maîtrise ès arts. C'est en cette année que la situation devint très tendue entre la jeunesse du pays latin et la police de M. le Prévôt de Paris, Robert d'Estouteville, dont Villon fréquentait la maison. Il est bon de dire que la femme de ce dernier, la charmante et honorable Ambroise de Loré, recevait volontiers Villon dans ses réunions poétiques.

villon

« criptions sans lendemain sur les registres des Facultés.

Comme la plupart des étudiants et, souvent, des goliards qui se réclamaient également de la justice ecclésiastique, François Villon vivait dans le plaisir, les remords, les soucis d'argent et, surtout, dans l'influence pernicieuse des garçons qui fréquentaient les cabarets et les étuves de la rue Saint-Jacques.

Ces garçons prospéraient aux dépens des fillettes publiques.

Bien après le couvre-feu sonné, Villon frôlait les murs comme un chat furtif et pénétrait dans la chaleur démoralisante des bistros de la rue de la Juiverie, de la place de Grève, des abords du Cloître-Notre-Dame, et de la Grande rue Saint-Jacques.

Le mot bistro n'existait pas dans l'argot du temps mais il désigne assez nettement ces petites tavernes au confort plus que médiocre où Villon buvait en compagnie de deux clercs dangereux : Régnier de Montigny et Colin de Cayeux, deux authentiques repris de justice.

C'est par Colin de Cayeux que Villon entra en contact avec une bande de malfaiteurs, les Coquillards, qui usaient entre eux d'un jargon hermétique.

Villon écrivit des poèmes en cet argot.

Ces poèmes sont difficiles à déchif­ frer malgré les quelques mots traduits dans l'acte d'accusation des Coquillards de Dijon par Jean Rabustel.

On en sait, toutefois, assez sur ces poèmes et sur les relations de Me François pour subir l'étrange rayonnement qui se dégage des mots dont ils sont composés.

Un aspect du visage de Villon se dessine dans ce rayonnement, mais un aspect seulement parmi tous ceux qui constituent ce personnage louche et séduisant poète de génie qui portait en soi sa propre rédemption.

Ainsi demeure, à travers le temps, l'inexprimable personnalité de François Villon.

Imaginez-le petit et maigre, brun de poil, en cette nuit de 1455, protégeant de ses mains en coquille le tendre lumi­ gnon de sa bonne chance et vous obtiendrez une image de Me François environ la nuit de juin où il piqua de son couteau Philippe Sermoise, un prêtre très affranchi.

Une fillette publique fut à l'origine de cette rixe.

Sans attendre la suite, Villon prit ses quelques nippes dans sa chambre de l'hôtel de la Porte-Rouge et « fendit la bise » dans la direction de l'Anjou.

Le poète était rusé et savait se défendre.

Il était au courant des subtilités de la procédure et demanda des lettres de rémission.

Villon n'était pas un naïf; ses conseils aux beaux enfants de la Coquille écrits dans la langue secrète des malfaiteurs, le « jobelin », en sont une preuve.

Il est nécessaire d'indiquer sommairement le comportement de Villon dans la vie publique pour comprendre le personnage qui, le cœur lourd et la tête entre les mains, entendait sonner la petite cloche de la Sorbonne, tout à côté de son logis qui sentait encore l'odeur des nuits de galle avec les copains du milieu.

En obéissant, par peur ou par vanité, Me François devient l'indicateur du cambriolage du collège de Navarre.

Il opère en compagnie de Guy Tabarie et de PetitJehan, un crocheteur réputé.

Le produit du vol f.:t partagé : il était important.

Villon qui avait quitté Paris fut dénoncé.

Mais il était déjà loir.

.

il vagabondait à travers les provinces.

Banni de Paris, il se rendit à Blois et vécut, en poète pensionné, à la cour du duc Charles d'Orléans.

Le caractère instable du maître ès arts le contraignit à reprendre la route, en vendant de la mercerie sur les marchés.

On le retrouve en 1460 dans les prisons du duc d'Orléans.

Villon fut libéré à l'occasion de l'entrée de la jeune duchesse héritière dans Orléans.

Il est libre, mais pas pour longtemps car, l'année suivante, il est logé dans la prison de Meung-sur-Loire qui appartient à Thibaut d' Assigny, son ennemi.

Il y reste jusqu'en 1461.

Le passage, dans cette ville, du nouveau roi Louis XI, lui donne la clé des champs.

Estimant que la chance, sans doute, le favorisait, Me François revient à Paris pour son malheur.

En novembre 1462, il est de nouveau écroué dans les geôles du Châtelet.

Durant cette courte année, qui avait précédé sa dernière arrestation, François Villon se mêla encore plus activement aux éléments de cette société dangereuse dont le pittoresque littéraire -j'insiste sur ce qualificatif - l'attirait et le détruisait.

C'est à cette époque qu'il écrivit les ballades en jobelin et ses œuvres les plus émouvantes.

Pour en terminer avec cette vie, qui explique l'extraordinaire puissance d'humanité pure qui se dégage d'une œuvre poétique unique, François, qui encore une fois a su passer entre les mailles du filet, revient à la Porte-Rouge.

C'est alors l'affaire Roger Pichart-Ferrebouc.

Au sujet de cette rixe, l'innocence de Villon semble bien démontrée.

Cependant, sur la dénonciation de. »

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