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VOLTAIRE : LE PATRIARCHE DE FERNEY

Publié le 31/05/2012

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voltaire

Cette comédie se passait à huis clos; mais en voici d'autres qui réjouirent dès ce temps-là le public. La satire du Pauvre Diable (1758) distribua impartialement de larges volées de bois vert sur les épaules de tous les ennemis du ''vieux Suisse " ennemis philosophiques, poétiques, personnels, jansénistes, jésuites, parlementaires, comique larmoyant, Gresset, Trublet, Pompignan, ....

Sa défiance des systèmes, ses tendances aristocratiques, son bon sens, tout concourt à lui faire adopter une politique opportuniste, comme nous dirions, et réaliste. Voyons les choses dont les petits livrets envolés de Ferney entretiennent le public : ce sont les événements du jour, ceux où apparaît quelque abus, quelque vice social, quelque effet des vieux préjugés et de la tradition oppressive ou fanatique. Voltaire s'en empare, non pour en raisonner; il crée un mouvement d'opinion pour produire un résultat, .pour faire triompher la raison dans Je règlement définitif de l'affaire, ...

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« aux portes de la cité de Calvin, conviant les citoyens à s'amuser chez lui, leur jouant la comédie, la leur faisant jouer, quand Genève ne tolérait pas encore de théâtre : il y avait là de quoi scandaliser les rigides calvinistes.

Quelques tracasseries décidèrent Voltaire à compléter son système de défense.

Il acquit sur la fron­ tière française, et en France, les deux terres de Tournay et de Ferney : il y établit son domicile habituel en i760.

Cette fois, il était absolument indépendant, insaisissable, inviolable : nar­ guant, à leur nez, les Messieurs du Magnifique Conseil, et hors de la prise du gouvernement français, qui, à la première menace, l'aurait vu installé en terre étrangère, 1.

ACTIVITÉ PHILOSOPHIQUE DE VOLTAIRE.

Alors, n'ayant plus rien à ménager puisqu'il n'avait plus rien à craindre, sentant la nécessité de ne pas se laisser distancer par les jeunes, Voltaire s'épanouit, plus fort, plus actif, plus jeune à soixante ans passés qu'il n'avait jamais été.

Il ouvre toutes ses écluses et lâche toute sa pensée.

L'extrême vieillesse est pour lui le temps de la pleine fécondité.

La littérature passe au second plan.

Deux trag~dies t, le dur commentaire sur Corneille, un violent réquisitoire contre Shake­ speare, voilà la part du poète.

Le « vieux Suisse » des Délices, le patriarche de Ferney est avant tout un philosophe.

Il se dit « le garçon de boutique » de l'Encyclopédie : mais à son àge, avec son nom, sa fortune, son indépendance, offrir ses services, c'était se déclarer chef.

Tout le monde le comprit ainsi, et les « frères " saluèrent avec joie le maître qui leur venait.

A vrai dire, soldats et chefs n'allaient pas toujours du même pas; le chef était le plus indiscipliné, tiraillant à sa fantaisie, et parfois sur ceux de son armée qui s'avançaient trop à son gré.

Il prit très mal la profes­ sion d'athéisme que fit d'Holbach 2 ; et Diderot trouvait que le vénéré patriarche radotait un peu avec son Dieu rémunérateur et vengeur dont il ne voulait pas démordre.

A l'ordinaire, on fai­ sait bon ménage; on s'entendait au moins sur les négations, sur les haines, et Voltaire, mettant son esprit endiablé au service de la cause, avait dans tous les « frères ,; des prôneurs ardents de ses louanges; il donnait de l'agrément à leurs idées, ils faisaient de la réclame à ses écrits.

1.

L'Orphelin de la Chine (1755) et Tancrède (1760).

2.

Lettrer "• Memmius à Cicéron (1771); Histoire de Jenni,ou le Sage et l'Athée (1775.). »

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