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WOLFRAM D'ESCHENBACH

Publié le 01/09/2013

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vers 1170 - vers 1220

DE tous les poètes allemands du moyen âge, Wolfram est le plus attachant et le plus puissant. On ne connaît malheureusement de sa vie que peu de choses, car il n'est attesté par aucun docu¬ment. Sa biographie ne se reconstitue qu'à grands traits grâce aux allusions personnelles de ses oeuvres et aux témoignages de ses contemporains et successeurs.

Il naquit vers 1170 à Eschenbach, près d'Ansbach, en Bavière. Chevalier de condition modeste, il fut ministérial du comte Boppo II de Wertheim. Il séjourna en outre à diverses cours, peut-être au château de Wildenberg, dans la région de l'Odenwald, et vers 1202-1204, en même temps que Walther de la Vogelweide, à la cour d'Hermann, landgrave de Thuringe de 1190 à 1217, protecteur des poètes. Celui-ci lui procura la source française de son épopée Willehalm. Wolfram mourut vers 122o.

Son oeuvre, à la fois lyrique et épique, décèle l'influence de Veldeke, fondateur du roman courtois, ou d'Hartmann d'Aue. Wolfram utilisa aussi des réminiscences de la Chanson des Nibelungen et des épopées du cycle de Théodoric de Vérone, mais surtout les récits arthuriens de Chrétien de Troyes. Il composa entre 1197 et 121 o huit chansons, dont cinq aubes, consacrées suivant la tradition provençale aux lamentations des amants surpris par le jour naissant qui les oblige à se quitter. En introduisant le personnage du guetteur, Wolfram exerça une action décisive sur l'évolution du genre, qui compte en Allemagne une trentaine de représentants. C'est cependant dans le domaine épique qu'il a donné ses oeuvres maîtresses : Parzival entre Izoo et 1210, Willehalm vers 1215-1218, Titurel à la fin de sa carrière.

Les neuf livres de Willehalm célèbrent Guillaume d'Aquitaine, vainqueur des Sarrasins en 793 et mort en 812. Ils ont pour sujet la première rencontre malheureuse d'Aliscans, les séjours de Guillaume à Laon, Orléans et Orange, ainsi que la seconde bataille d'Aliscans. L'origine est une version française de la Chanson d'Aliscans, qui appartient au vaste cycle de Guillaume d'Orange. Mais Wolfram a sans doute connu aussi d'autres branches de la Geste, notamment le Charroi de Nîmes. Il transcrit librement, rend son poème plus courtois et bannit l'intolérance, en opposant au fanatisme un noble idéal de conciliation et de générosité humaine. Les événements sont mi-historiques, mi-légendaires. L'élément religieux, la lutte entre chrétiens et infidèles, forme l'essen¬tiel, mais l'exposé échappe à la monotonie par la fusion de motifs très variés et prenants, soit tragiques (destinée émouvante du jeune Vivien, neveu de Guillaume), soit comiques (personnage et mésaventures de Rainouart), soit symboliques (épisode de Guiborc).

« de Schionatulander et de Sigune, cousine de Parzival et nièce d' Anfortas, descendante de Titurel, roi du Graal.

Le titre est donc inexact, Titurel n'étant nullement le héros véritable.

Le premier fragment retrace en quelque sorte les antécédents de l'épisode de Sigune, au livre III de Parzival, où le second, la laisse du brachet, se trouve également en germe.

Les idées fondamentales sont la courtoisie, la passion quintessenciée et subtilisée propre aux poètes lyriques et le tragique de l'amour, baignés dans une atmosphère de délicate sensibilité.

Mais l'œuvre la plus grandiose de Wolfram est son Parz:,ival, poème complexe et touffu de près de 25.000 vers divisés en seize livres, à la fois récit d'aventures, roman éducatif, épopée symbolique et mystique.

Wolfram remania deux manuscrits différents du roman de Chrétien de Troyes Perceval le Gallois ou le Conte du Graal, des environs de 1180, et eut recours à d'autres sources pour les deux premiers livres et les quatre derniers.

Il invoque comme garant d'authenticité un certain Kyot le Provençal, qui aurait lui-même trouvé à Tolède l'histoire du Graal dans un livre arabe : mais on ignore tout de cet auteur qui est probablement apocryphe.

Orphelin naïf élevé par sa mère dans la solitude, Parzival sent s'éveiller en lui la vocation des armes, arrive à la cour d'Arthur et accomplit d'étonnants exploits.

Après nombre d'aventures, il parvient au château de Montsalvat, entouré de montagnes et de forêts, où une mystérieuse relique, le Graal, est gardée par une communauté chevaleresque.

Son chef, le «roi des pêcheurs », souffre d'un mal qui ne peut être guéri que si un chevalier accompli lui demande l'explication des énigmes qui l'entourent.

Parzival omet de poser à Anfortas la question salvatrice.

Rejeté dans l'aventure, de longues épreuves lui sont nécessaires.

Il est éclairé par un ermite sur le sens mystique du Graal et acquiert en outre la connaissance des vérités religieuses et morales.

Ainsi préparé à sa mission, purifié par le repentir et la foi, il peut accéder à la royauté du Graal.

Le poème fusionne ainsi en une vaste synthèse un thème fabuleux, des données chevale­ resques et un motif symbolique, trois unités épiques : Parzival, Arthur et le Graal.

L'histoire des enfances du héros, le « valet nice », remonte à un thème cher aux contes populaires, celui du simple au cœur candide qui réussit là où les autres ont échoué.

Les récits arthuriens, la Matière de Bretagne, furent popularisés par Chrétien, qui transforma les traditions légendaires en un tableau idéalisé de la société courtoise : de là deux types constants, un chevalier personnifiant la loyauté et la vaillance, et une dame, incarnation de la beauté et de l'amour, qu'il conquiert par ses exploits.

L'élément essentiel est enfin la légende du Graal, qui a son origine dans la liturgie du Vendredi-Saint, avec adjonction de données orientales et celtiques.

Wolfram doit beaucoup à son grand devancier, mais sa conception est originale etrenferme une part importante de traits inventés ou transformés.

Il développe ou ajoute, explique, commente, déplace des épisodes, introduit des descriptions, réflexions et remarques personnelles.

Son poème déconcerte par la foule des personnages (plus de deux cents) et une masse d'événements où s'enche­ vêtrent plusieurs cycles : prologue de Gamuret, histoire de Parzival et de Feirefis, aventures de Gauvain, sans parler de motifs secondaires : roman de Sigune, la cour et les compagnons d'Arthur, le château de la Merveille, le Gué périlleux.

Il abonde en détails émouvants ou dramatiques : mort de Gamuret, Parzival chassé du château du Graal, apparition de Cundrie la sorcière.

Il vante l'héroïsme et la galanterie, mais place par-dessus tout la pratique des vertus chrétiennes.

Le héros incarne à la fois la protection des infortunés et des faibles, le culte de l'amour conjugal et l'aspiration à la conquête du salut éternel.

L'œuvre sous-entend en effet une doctrine plus profonde.

Deux types de perfection s'y trouvent mis en parallèle : Gauvain, chevalier achevé selon le monde, et Parzival, synthèse de Dieu et du siècle.

Le premier représente l'état séculier modèle réalisé à la cour d'Arthur, le second l'état divin qui trouve son symbole idéal dans la communauté du Graal.

Parzival se situe ainsi sur un plan spirituel supérieur.

Il a passé de l'erreur à la vérité et de la confusion à la clarté, s'élève par la commisération.

Ses expériences - l'amour, la douleur, l'apprentissage de la vaillance, le doute religieux, le retour à la foi -le conduisent à la perfection humaine.

Son développement. »

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