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A la place de la méthode narrative, nous pouvons maintenant utiliser la méthode mythique. T.S. Eliot.

Publié le 22/02/2012

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En 1922 est publié à Paris le nouveau livre d'un émigré irlandais célèbre déjà pour un recueil de nouvelles — Dubliners (Gens de Dublin) — et surtout un premier roman, largement autobiographique — A Portrait of the artist as a young man (publié en français sous le titre de Dedalus). L'écrivain en question se nomme James Joyce et son livre s'intitule Ulysse. L'ouvrage est impressionnant, déroutant et provocant à la fois. Choqués par les audaces du livre, un certain nombre de grands écrivains réagissent — en public ou en privé — de manière violente : ainsi Virginia Woolf ou Paul Claudel. D'autres à l'inverse saisissent d'entrée l'événement presque impensable que constitue la publication de ce roman : une oeuvre vient de naître qui, nouvelle et puissante, prend place parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale.

« encore quelques années.

A la place de la méthode narrative, nous pouvons maintenant utiliser la méthodemythique.»Cette méthode mythique, Joyce lui a toujours été fidèle.

Dans chacun de ses quatre grands livres, on retrouvecertains éléments empruntés au patrimoine mythique de l'humanité et qui donnent un peu de leur cohérence àl'ouvrage.

Ainsi dans A Portrait of the artist as a young man où le mythe de Dédale et d'Icare se trouve combiné àune très classique oeuvre autobiographique pour donner naissance à l'un des plus impressionnants Bildungsroman(roman d'apprentissage) de la littérature.

De même dans Finnegans Wake où la mythologie irlandaise se trouve miseà contribution.En ce qui concerne T.

S.

Eliot, on se doute que son enthousiasme pour la méthode mythique de Joyce n'allait passans arrière-pensées — qui se trouvent d'ailleurs presque explicitement exposées dans l'article que nous venonsd'évoquer.

The Waste Land — tenu d'ordinaire pour l'un des plus grands poèmes de langue anglaise du XXe siècle —naîtra dans une large mesure de l'adoption par T.S.

Eliot d'un schéma mythique transposé dans la réalité du mondemoderne.De même, cette autre grande oeuvre de la poésie moderne, Les Cantos d'Ezra Pound, participe dans une largemesure de ce qu'Eliot nommait la méthode mythique.Mais si l'on adopte maintenant un point de vue plus global, force est de reconnaître l'omniprésente et paradoxaleprésence du mythe dans la littérature moderne.

Chez des auteurs d'avant-garde comme ceux que nous venons deciter — et l'on pourrait ici ajouter le nom de certains nouveaux romanciers, Butor ou Robbe-Grillet —, mais aussichez des écrivains plus classiques, Giraudoux, Anouilh ou Cocteau, le mythe antique a fourni comme un modèle.

Sibien que, sans paradoxe aucun, on pourrait affirmer que, dans une large mesure, la littérature moderne est née, à lasuite de Joyce, d'un retour jusqu'à ses sources les plus antiques.Précisons cependant que les mythes mis en oeuvre dans la littérature contemporaine ne sont pas exclusivementempruntés à la culture antique.

Notre époque a engendré de fortes et symboliques figures, lesquelles ont acquis unedimension légendaire : ainsi Don Juan, Robinson Crusoé ou Faust.

Poètes, romanciers, dramaturges de par le monde,se sont emparés de ces personnages et en ont fait les héros de leur propre oeuvre, enrichissant à chaque fois lemythe.Par exemple, le personnage de Don Juan apparut dans la Chronique de Séville puis dans l'oeuvre de Tirso de Molinaet fut repris ensuite de mille façons hors des frontières de l'Espagne, notamment par Molière, Mozart et sonlibrettiste Lorenzo da Ponte, Byron, Baudelaire, Edmond Rostand, Henri Bataille, Montherlant, Pouchkine.

Le héroséchappe à son créateur.

Il vit d'une vie autonome et se constitue en mythe.Plus près de nous, on peut dire que certains écrivains ont créé des oeuvres d'une telle portée, d'une cohérence etd'une valeur symbolique telles qu'elles constituent un mythe moderne.

Le roman de Melville, Moby Dick, relate unefable dont la richesse et la force n'ont rien à envier aux récits légendaires des cultures grecque ou latine.

De même,les romans de Kafka, qui décrivent un monde animé d'une vie étrange et inquiétante : une mythologie personnellenaît, reflet et préfiguration à la fois des préoccupations du temps, qui prend rapidement place dans l'universmythique de l'humanité tout entière.. »

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