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C'est du Nord aujourd'hui que nous vient la lumière. Voltaire

Publié le 22/02/2012

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voltaire
? Cet alexandrin figure dans l'« Épître CXI » adressée par Voltaire en 1771 à l'impératrice de Russie, Catherine II. Dans cette lettre en vers — 86 au total —, Voltaire félicite Catherine II, suite à un succès remporté sur les Turcs. Le poème commence ainsi : « Élève d'Apollon, de Thémis, et de Mars, Qui sur ton trône auguste as placé les Beaux-Arts, Qui penses en grand homme, et qui permets [qu'on pense ; Toi qu'on voit triompher du tyran de Byzance, Et des sots préjugés, tyrans plus odieux, Prête à ma faible voix des sons mélodieux ; A mon feu qui s'éteint rends sa clarté première : C'est du Nord aujourd'hui que nous vient [la lumière. »
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« notre enthousiasme pour le Nord.

II produit d'étranges philosophes.» Mais il s'agit là de considérations privées.Officiellement, Voltaire continue de faire l'éloge de sa protectrice.

Comme il le dit lui-même, il est bon d'avoirplusieurs rois dans son jeu.Les Philosophes, avec une bonne part de duplicité, sauf peut-être au début, ont puissamment contribué àl'édification du mirage russe.Seul Rousseau, une fois de plus, fait exception en ne se mêlant pas au concert des laudateurs.

En conséquence, lagrande amie des lettres écrira de sa main une ordonnance pour condamner l'Émile.

Le parallèle avec ce qui se passera chez les intellectuels français au milieu du xxe siècle est assez saisissant.

Mêmes'il existe des différences, les points de concordance sont nombreux.

Le « mirage russe » enlève tout sens critique àdes intellectuels dont le rôle serait justement d'en avoir.

Quand, en 1949, David Rousset attire l'attention sur lescamps de concentration, Pierre Daix lui répond tout simplement (Les Lettres françaises du 17 novembre 1949) : «Les camps de rééducation de l'Union soviétique sont le parachèvement de la suppression complète de l'exploitationde l'homme par l'homme.»Aragon, Guéhenno, Éluard, Romain Rolland et bien d'autres intellectuels furent floués ou complices.

Et,paradoxalement, ce sera Gide, l'esthète, qui sauvera l'honneur.

Après la guerre, on écoute peu Camus ou ArthurKoestler qui tirent la sonnette d'alarme à propos du totalitarisme.

Quant à Sartre, digne émule de Socrate quirecommandait de dire des fables au peuple, il conseille de préserver le mirage russe pour « ne pas désespérerBillancourt ».Vingt ans plus tard, on retrouve le même goût du mirage et la même myopie intellectuelle chez Philippe Sollers et sesamis du groupe Tel Quel à propos de la Chine, du maoïsme et de la Révolution culturelle (en vérité une tragédie pourla Chine).

Admirable, la façon dont aujourd'hui ceux-ci détournent la conversation quand un journaliste essaie deleur faire évoquer ces inepties.Avançons encore de vingt ans, et nous voyons à nouveau des membres patentés de l'intelligentsia parisienne allerfaire des ronds de jambe à Bagdad auprès de Saddam Hussein, président éclairé, grand défenseur du monde libreface à l'obscurantisme iranien.

Cela se passait, il est vrai, avant l'invasion du Koweït.A quoi tient cette permanence dans la trahison des clercs ? A l'esprit moutonnier.

Au besoin d'une foi.

Au goût dupouvoir qu'il soit mondain ou politique.La leçon n'est pas qu'il faut se méfier des intellectuels, mais que les intellectuels dignes de ce nom sont rares.

Lemonde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis disait fort bien Gide.. »

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