Et les descriptions! Rien n’est comparable au néant de celles-ci ; ce n’est que superpositions d’images de catalogue. André Breton
Publié le 13/09/2015
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BRETON: « La petite pièce dans laquelle le jeune homme fut introduit était tapissée de papier jaune : il y avait des géraniums et des rideaux de mousseline aux fenêtres ; le soleil couchant jetait sur tout cela une lumière crue... La chambre ne renfermait rien de particulier. Les meubles, en bois jaune, étaient tous très vieux. Un divan avec un grand dossier renversé, une table de forme ovale vis-à-vis du divan, une toilette et une glace adossées au trumeau, des chaises le long des murs, deux ou trois gravures sans valeur qui représentaient des demoiselles allemandes avec des oiseaux dans les mains — voilà à quoi se réduisait l’ameublement. »
« Et les descriptions ! Rien n’est comparable au néant de celles-ci ; ce n’est que superpositions d’images de catalogue, l’auteur en prend de plus en plus à son aise, il saisit l’occasion de me glisser ses cartes postales, il cherche à me faire tomber d’accord avec lui sur des lieux communs [...] »

«
dans ce qu'il peut avoir de plus banal et de plus
médiocre.
C'est, poursuit André Breton, dans les descriptions que
se marque de la manière la plus irréfutable la nullité du
roman:
«Et les descriptions! Rien n'est comparable au néant
de celles-ci;
ce n'est que superpositions d'images de
catalogue, l'auteur en prend de
plus en plus à son aise,
il saisit l'occasion de me glisser ses cartes postales, il
cherche à me faire tomber d'accord avec lui sur des
lieux communs [ •..
] »
..,..
La condamnation de la description est, on le voit,
sans appel.
Comment Breton la justifie-t-il?
D'abord par un exemple, emprunté à un ouvrage pour
tant des plus prestigieux, Crime et Châtiment.
Breton
en fait figurer un assez large passage dans son propre
texte, comme
si la description de la chambre de son
héros
par Dostoïevski était d'une médiocrité si acca
blante qu'elle suffisait à confirmer la condamnation
d'ensemble portée par Breton:
« La petite pièce dans laquelle le jeune homme fut
introduit était tapissée de papier jaune :
il y avait des
géraniums et des rideaux de mousseline aux fenêtres ;
le soleil couchant jetait sur tout cela une lumière
crue
••• La chambre ne renfermait rien de particulier.
Les meubles, en bois jaune, étaient tous très vieux.
Un
divan avec un grand dossier renversé, une table de
forme ovale vis-à-vis du divan, une toilette et une glace
adossées au trumeau, des chaises
le long des murs,
deux ou trois gravures sans valeur qui représentaient
des demoiselles allemandes avec des oiseaux dans
les
mains - voilà à quoi se réduisait l'ameublement.»
Les spécialistes du surréalisme ont relevé le caractère
tronqué de la citation que nous propose André Breton.
Les points de suspension trahissent clairement
le redé
coupage auquel il s'est livré en supprimant une partie.
»
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