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Ils (les Français) veulent l'égalité dans la liberté et, s'ils ne peuvent l'obtenir, ils la veulent encore dans l'esclavage. l'Ancien Régime et la Révolution Tocqueville, Alexis de. Commentez cette citation.

Publié le 17/01/2022

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« La démocratie comme dictature douce Très tôt, les événements révolutionnaires ont conduit Tocqueville, pourtant issu d'une ancienne famille del'aristocratie, à la conviction que l'évolution des sociétés les conduit inéluctablement vers la démocratie.

Celle-ci estessentiellement comprise par Tocqueville comme un état social égalitaire ou, plus précisément, comme la perceptionégalitaire des rapports sociaux, par ailleurs inégalitaires.

Ainsi, la relation maître/ serviteur, inégalitaire par essence,est cependant perçue comme égalitaire, pourvu qu'elle résulte d'un accord librement consenti, ce qui implique lerenversement possible de la relation : maître et serviteur ne sont pas égaux, mais ils peuvent l'être.

Il s'interrogedonc sur les conditions qui permettent de concilier égalité et liberté et trouve dans la République américaine leparadigme de ce type de société, où les relations hiérarchiques ne résultent pas de strates historiques, mais del'activité humaine.

Le deuxième volume de De la démocratie en Amérique, paru en 1840, théorise cette analyse de ladémocratie.Que découvre Tocqueville ? Dans une analyse pénétrante, mais corrosive, des moeurs et des institutions des États-Unis, il nous montre qu'elles résultent d'un consensus social égalitaire.

Parce que la recherche d'une société où toussont égaux conduit au développement d'une multitude de sociétés humaines de plus en plus réduites et, finalement,à un individualisme généralisé, la société égalitaire débouche sur deux risques majeurs.

Tout d'abord, celui del'anarchie, qui peut être aisément contenu.

Mais, c'est surtout dans un despotisme insidieux que réside le risqueessentiel des démocraties égalitaires.

Des individus de plus en plus isolés et faibles se trouvent face à uneorganisation étatique qui, chargée de garantir une égalité aussi parfaite que possible entre les citoyens, acquiertprogressivement une puissance quasiment sans limitesdétriment d'une société atomisée.

Cet État, en contrepartie de la garantie d'un bonheur fait de petites satisfactionssans grandeur morale ci d'un sentiment de sécurité, encadre les individus dans une multitude (le lois et derèglements dans lesquels ils se trouvent plus sûrement asservis que par la force brutale.

Ainsi naît le despotismedoux de la majorité, dans une recherche de plus en plus obsessionnelle de l'égalité, qui s'impose à travers l'État.

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois unefoule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer depetits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme.

Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à ladestinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine [...].Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance etde veiller sur leur sort.

Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux.

Il ressemblerait à la puissancepaternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il ne cherche, aucontraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ilsne songent qu'à se réjouir.

Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l'unique agent et le seularbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leursprincipales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? [...] Après avoir pris ainsi tour à tour dansses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société toutentière ; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à traverslesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasserla foule [...] ; et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux,dont le gouvernement est le berger » (Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Garnier-Flammarion, t.

2, p.385). La vision de Tocqueville est saisissante : ne se croirait-on pas transporté dans notre propre fin de XXe siècle ?. »

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