La Fontaine: Il ne se faut jamais moquer des misérables

« r DE CO)IPO:O:ITIONS FRANÇAISES l.57 lieu de les railler, il Yaudrait mieux nous supposer· à lé ur place et nous demander si nous aurions plus de courage.

1\lais, dira-t-on, cet homme n'est malheureux que par sa faute; si cc commerçant a fait faillite, c'est qu'il a été imprudent, dissipateur; cc misér·able n'est réduit à men­ dier que parce que, dans sa jeunesse, il n'a pas voulu prendre l'habitude du travail.

Qu'est-ce it dire ? Ce com­ merçant ruiné, cc mendiant, en sont-ils moins malheu­ reux par·ce qu'ils sont la cause de leur malheur? N'imi­ tons donc pas toujours la conduite cruelle de la fourmi de La Fontaine.

Laissons ces sophismes aux personnes qui se payent de mots pour s'autoriser à ne point secourir leurs semblables.

N'imitons même pas ceux qui, tout en donnant, ne savent s'empfendre sont bientôt convertos par la clameur publique , tant il est vrai que la majeure partie des hommes aime it cr·oire le mal plutôt que le bien! Faisons un retour sur nous-même; disons-nous son­ vent : " Et moi aussi, je puis être ruiné; et moi aussi, je. »