La terre est bleue comme une orange Eluard

réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

On le voit, c’est, dans l’expression, sur le refus de la raison que l'accent est mis. D’où une poésie qui se dérobe aux exigences de conformité au vraisemblable et de rationalité. Tout peut être dit qui surgit librement des profondeurs de nous-mêmes. L’impossible trouve droit de cité dans le texte poétique. Et une beauté nouvelle naît de lui, celle de l’image justement que Breton définit ainsi dans ce même Manifeste du surréalisme :

«C’est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qu’a jailli une lumière particulière, lumière de l’image, à laquelle nous nous montrons infiniment sensibles. La valeur de l’image dépend de la beauté de l’étincelle obtenue; elle est, par conséquent, fonction de la différence de potentiel entre les deux conducteurs. Lorsque cette différence existe à peine comme dans la comparaison, l’étincelle ne se produit pas. »

Plus l’écart entre les deux éléments qui composent l’image est important, plus l’image est forte. On comprend mieux ce qui fait ainsi la puissance du vers de Paul Eluard.