Le cléricalisme? Voilà l'ennemi! Gambetta
Publié le 22/02/2012
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«
sophismes, contre la puissance de l'Etat, à prêter la main à tous les envahisseurs, à toutes les usurpations del'esprit clérical.L'esprit clérical, lui, avec l'habileté qui le caractérise, a commencé, au début, par être fort modeste en sesprétentions.
Il s'est contenté de demander une humble place au soleil; et puis, quand cette place a été obtenue, iln'a cessé de ridiculiser, de couvrir de sarcasmes la déclaration de 1682, c'est-à-dire les anciens principes de l'Eglisede France.
»Au plan intérieur, Gambetta attire l'attention sur le problème de l'enseignement supérieur.
La loi du 12 juillet 1875avait créé la possibilité d'universités libres, ce qui signifiait en fait d'universités catholiques.
Cette mesure ne pouvaitque favoriser ce que Gambetta n'hésitait pas à appeler le «mal clérical».Au plan international, Gambetta met en garde les députés contre les pressions dont le gouvernement français estl'objet dans l'affaire italienne.
Le « parti clérical » exige en effet du pouvoir qu'il se dissocie du gouvernement italienet se range aux côtés du pape dans la querelle qui les oppose.La conviction de Gambetta est forte et simple.
Une double menace pèse sur l'indépendance du pays et sur celle dugouvernement :« Et je ne fais que traduire les sentiments intimes du peuple de France en disant du cléricalisme ce qu'en disait unjour mon ami Peyrat : Le cléricalisme? Voilà l'ennemi!»
A court terme, la querelle sur le cléricalisme débouchera sur la crise du 16 mai 1877, l'organisation de nouvellesélections législatives et la victoire des républicains sur les partisans de l'ordre moral.
Elle aura servi de détonateurdans une situation politique particulièrement instable et ambiguë.
Le problème des liens entre l'Eglise et l'Etat restaitcependant entier.
Il faudra attendre 1905 pour qu'une solution soit apportée au conflit par la loi de séparation del'Eglise et de l'Etat.• Quel jugement porter aujourd'hui sur la formule de Gambetta ? Elle semble indissociable d'un climat et d'unerhétorique propres à l'époque et ne correspond plus aux mots d'ordre de la gauche.La déchristianisation de la France, tout d'abord, a fait pratiquement s'évanouir ce que Gambetta, il y a plus d'unsiècle, pouvait considérer comme une armée organisée (il y a quarante ans seulement, un manuel d'histoire utilisédans les lycées parlait encore d'une Internationale noire avec dans chaque village sa maison du Parti).
La crise desvocations, la perte d'influence du clergé, la transformation accélérée des structures sociales, l'émergence denouvelles valeurs étrangères aux schémas de la religion : autant de facteurs qui font qu'on ne peut plus décemmentfaire du cléricalisme cet épouvantail qu'agitaient à tout propos les républicains.
La façon dont fut organisé — avecune mobilisation massive et bien encadrée — le mouvement de protestation contre la réorganisation del'enseignement envisagée par les socialistes, en 1984, prouve cependant que ces forces pour être plus discrètesn'en sont pas moins présentes.Le second facteur à prendre en considération est l'évolution notable de l'Eglise en ce qui concerne les grandsproblèmes de notre temps.Le Vatican demeure, il est vrai, conservateur — et quelques-uns diront rétrogrades — dans certains domaines de lamorale et notamment pour ce qui touche à la morale sexuelle.
Mais l'Eglise a beaucoup changé pour tout ce qui atrait à la pauvreté dans le monde, les droits de l'homme, la défense des libertés.A cet égard, le pontificat de Jean-Paul II n'a fait que renforcer une tendance qui était déjà manifeste chez lesprédécesseurs.
Tenant de l'ordre moral et du conservatisme il y a un siècle, le Vatican, aujourd'hui, se rangeclairement du côté des valeurs mêmes que pouvaient défendre les plus avancés des anticléricaux du XIXe siècle.
Ceretournement n'est sans doute pas l'une des moindres ironies de l'histoire dont le XXe siècle ait été le théâtre..
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