Quod differtur non aufertur
Publié le 13/02/2022
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Quod differtur non aufertur
Ce qui est différé n'est pas perdu
Cet adage est répertorié par Walther (25776) et attesté par la tradition
des commentaires aux Psaumes (cf.
saint Augustin, Pl 3 7, 1060 ;
Amobe le Jeune, PL 53, 375b; Pseudo-Bède, PL 93, 932a), puis par les
Epistolae et privilegia des papes (Hadrien IV, PL 188, 1616d ;
Lucius 111, Pl 20 l, 1357a ; cf.
aussi Innocent III, Pl 215, 173d) et par
plusieurs auteurs médiévaux, notamment Salimbene de Adam
(( ·,·onica.
453) : Pierre de Blois (Ep., 9 [Pl 207, 24c ]) affirme au
,(lntraire que Quod differtur aufertur.
Cet adage reprend un topos diffus, selon lequel rien n'est jamais perdu mais tout n•est que retardé ou
ditlëré : cf.
par exemple.
Properce (2, 3, 8); Pline le Jeune (Ep., 8,
11 .
3); Florus (2, 17, 4); saint Augustin (/n Joannis evangelium trac1,1tus., Pl 35, 1710) ; Ausone ( Commemoratio professorum
811rdigalensium, 15, 4) ; Léon le Grand ( Tractatus., 50, 1) ; Corippe
(l..1audatio Iustini, 405); Julien de Tolède (Prognosticon., Pl 96, 467b);
Ambroise Autpert (Expositio in Apocalypsin, 4, 7, 5) et Hugues de
Saint-Cher (Expositio super Apocalypsin, 6).
Un passage particulièrernent célèbre du De providentia de Sénèque (4, 7) affi1111e que Quisquis
\·idetur dimissus esse, dilatus est,>.
Ce motif est souvent traité
par Pierre Chrysologue (Sermones, 86, 1 ; 89, 7; 91.
5 qui affi11n~ dans
ces deux derniers passages, évoquant la capacité de sainte Elisabeth à
enfanter, que celle-ci ne lui avait pas été ôtée, mais qu'elle avait été
seulement différée., non ablalus est sed dilatus).
D'autres proverbes,
construits sur le contraste entre differo et aufero prennent un sens différent, tel par exemple, Res quae differtur a~ferri saepe videtur, > (Walther 26749).
Les reprises
de Quod di.ffertur non aufertur sont nombreuses à l'époque moderne, et
certains auteurs l'attribuèrent à Thomas Moore: on la retrouve notamment dans la lettre qui sert de prologue au second livre des Emblemala
d'Alciat dans l'édition de 1556, adressée par Sebastian Stockamer à
Joannes Sotomaior- et ce fut peut-être cette lettre qui est à la base de la
distinction faite par la dialectique hégélienne entre Au_fhebung et
Dffferenz ; mais elle est également citée dans un courrier du journaliste
et homme politique Alberto Mario le 5 juin 1882 à propos des funérailles de Giuseppe Garibaldi à Caprera.
La fo1111ole italienne Quello che
è differito non è perduto (Différer n'est pas perdre) existe en français,
en anglais et en allemand (cf.
Arthaber 388 ; Mota 132 ; 154 ), les
Brésiliens disant quant à eux O que nào se f az em dia de Santa Luzia,
fà=-se noutro qualquer dia..
»
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