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« Si Dieu n'existe pas, tout est permis. » Dostoïevski, Les Frères Karamazov. Commentez cette citation.

Publié le 17/01/2022

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Les Frères Karamazov Roman considéré comme un des chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale, est la plus puissante expression artistique de la clairvoyance psychologique et des idées philosophiques et religieuses de Dostoïevski. Palpitante intrigue policière, le roman traite de violentes tensions familiales et d'un parricide. La profonde signification intellectuelle et spirituelle de ce long roman apparaît progressivement au cours des conflits entre les frères Karamazov, Ivan, l'intellectuel sceptique, Dimitri, moine novice et Alyosha, garçon plein de bonté. Les trois protagonistes, symboles métaphysiques du corps, de l'esprit et de l'âme de l'homme moderne, s'engagent dans un débat passionné autour de thèmes déjà présents dans d'autres oeuvres de l'auteur: l'expiation de la faute par la souffrance, la nécessité d'une force morale dans un monde irrationnel, la lutte entre le bien et le mal, la valeur suprême de l'individu et la liberté. La question ultime est de savoir comment et au nom de quoi vivre, question à laquelle ne sont données que des réponses fragmentaires.

« La moralité est donc suspendue, au début de l'ère historique de l'humanité, à la loi divine, par conséquent à Dieu.Cela ressort nettement de l'Ancien Testament, et se retrouve dans la plupart des civilisations. L'origine divine de la morale ne va pas sans poser des problèmes.

D'abord, que penser d'un homme qui n'obéirait auxcommandements divins que par crainte d'un châtiment ? Ne mérite vraiment d'être appelée morale que l'action quiprocède de soi, non celle que l'on accomplit sous la dépendance d'autrui ou d'autre chose.

Spinoza, lecteur et commentateur de la Bible, écrit ceci : « Qui fait le bien...

par connaissance vraie et amour du bien, agit librement etd'une âme constante ; qui au contraire le fait par crainte du mal, agitcontraint par le mal qu'il redoute et, en esclave, vit sous le commandementd'autrui.

» (Traité théologico-politique, chapitre 4). La moralité véritable ne peut donc pas procéder de la seule crainte de faire lemal ou de transgresser les interdits divins, encore moins de la seule peur duchâtiment. D'autre part, tant que les hommes considèrent les prescriptions moralescomme de simples lois, ou commandements de Dieu (comme ceux que pourraitdonner un roi à ses sujets), ils ne comprennent pas la nécessité de lesobserver, mais ne voient en elles que des contraintes pesantes qu'ilss'empressent de transgresser.

Ainsi, faute de connaître toutes lesconséquences de son acte, et parce qu'il ne comprenait pas la parole de Dieumais ne voyait en elle qu'une loi, Adam a mangé le fruit en dépit del'interdiction divine.

Ainsi les Juifs, après l'interdiction faite par la bouche deMoïse d'adorer tout autre que Dieu, adorèrent-ils une idole païenne. Spinoza en conclut : « Dieu ne peut être qualifié de législateur, de prince, et n'est appelé juste, miséricordieux,etc., que suivant la façon de comprendre du vulgaire et par un défaut de connaissance.

» Ses décrets ne sont pasdes lois, mais des vérités éternelles que chacun peut comprendre par le seul secours de sa raison, comme lanécessité d'aimer son prochain comme soi-même. Le commentaire biblique de Spinoza nous apprend donc que la morale se distingue du droit : les règles de celui-cirelèvent de la loi humaine, celle-là de la loi divine : « Par loi humaine, j'entends une règle de vie servant seulement à la sécurité de la vie et de l'État ; par loi divine,une règle ayant pour objet seulement le souverain bien, c'est-à-dire la vraie connaissance et l'amour de Dieu.

» Mais cette loi divine est inscrite dans la raison de chaque homme, qui lui fait comprendre qu'il lui faut faire le bien,éviter le mal, et aimer son prochain.

Nous ne devons pas nous imaginer un Dieu législateur, un Dieu interdisant,punissant ou pardonnant : c'est là de l'anthropomorphisme pur et simple.

Spinoza nous enseigne que la morale estchose intérieure, est affaire de connaissance et de raison, non de foi ni d'obéissance aveugle à des commandementsextérieurs.

La capacité morale de l'homme réside donc en lui-même ; elle ne tient pas à une interdiction ou à unchâtiment divins extérieurs à lui, et à l'efficacité incertaine. [Partie III.

La morale sans Dieu.] La philosophie des Lumières a prolongé et radicalisé l'effort déployé par Spinoza pour désimpliquer la morale de la foiet de la croyance en Dieu-législateur.

Il s'agit alors de donner un fondement humain à la morale, en montrant,comme Kant, que l'homme est capable de moralité du seul fait de sa raison.. »

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