Vie libre et vie domestique ou captive

« 142- mieux me sentir en sécurité dans ma volière.

Je t'assure que quand le chat vient me regarder de près, je bénis mes barreaux protecteurs ...

Le rouge-gorge.

- .Moi, je m'envole, quand le chat se montre et je vais plus loin.

Le soir, je me blottis dans le creux secret d'un arbre.

Le serin.

- Je crois que pour les belettes il n'y a pas de secret d'oiseaux ...

Le rouge-gorge.

- Tu me vois pourtant bien vivant devant toi et libre d'aller où je veux ...

Le serin.

- Et de te nourrir quand ...

tu trouves à manger, jusqu'à ce que tu te poses sur un piège perfide.

Regarde ma mangeoire bien garnie, regarde mes provisions de mil et de mouron, d'os de seiche et d'eau claire.

Tu peux tout manger si tu veux à travers les barreaux ...

Ce soir, mon dîner sera servi à l'heure.

Le rouge-gorge.

- Oh ! Non.

Je ne veux pas manger la pitance d'un pauvre prisonnier.

Moi, j'ai les champs et les bois comme garde-manger.

Les baies des buissons et des haies sont plus parfumées que toutes tes petites graines sèches.

Si je savais seulement ouvrir ta cage je te déli­ vrerais et tu viendrais avec moi...

Je connais un petit bois merveilleux ...

Le serin.

- A dire vrai, je préfère rester ici.

J'aime ma vie tranquille et régulière.

Même si tu m'ouvrais la porte je ne partirais pas avec toi.

Le rouge-gorge.

- Oh ! par exemple; voilà qui m'abasourdit...

Et pourquoi · cela, Monsieur le Captif, s'il vous plait ? Le serin.

- Parce que je redoute l'aventure, tout simplement.

Je n'ai pas confiance dans mes forces en cas de danger.

Fuir devant l'ennemi !.

..

D'ava_nce je me sens paralysé, perdu, vaincu .... »