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La nature thème philo terminale

Publié le 06/11/2022

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« LA NATURE Du latin : natura : nature, de nasci : naître Premier sens : Principe de production des choses naturelles ou Physis chez Aristote. Elle n’est ni une chose , ni un ensemble de choses, mais un principe ou une cause, capable d’expliquer comment les choses se produisent, viennent à l’existence. Voir Aristote, Métaphysique, tome 1, Livre 4 Physique, BL, chapitre II, 1. Aristote s’attache, dans sa physique, aux êtres qui possèdent un principe de mouvement en eux-mêmes, comme c’est le cas d’abord pour les êtres vivants, beaucoup plus qu’à ceux qui se voient imprimer un mouvement du dehors, et le transmettent éventuellement à d’autres.

Ce n’est donc pas le sens de la physique qui inclut la mécanique qui arrive avec le mécanisme galiléo-cartésien. Un être naturel est toujours, à ses yeux, quelque chose qui est en puissance de devenir autre chose, ou de se diriger vers un autre lieu, le terme de puissance ne désignant pas une simple virtualité, une possibilité d’être transformé ou mû, mais une capacité active de se transformer ou de se mouvoir de soi-même, spontanément.

Bien loin d’être des modèles nous permettant de comprendre la nature et ses lois, les machines faites de main d’homme sont donc toujours des objets inférieurs aux objets naturels, ne serait-ce que parce qu’il leur est nécessaire de recevoir du dehors le mouvement* dont elles seront capables. Définitions ACTE/PUISSANCE Chez Aristote, contraire de « en puissance », désigne le changement en train de s’accomplir (trad.de energeia) et aussi l’aboutissement du changement un fois celui-ci réalisé (trad.

d’entéléchéia). Notions centrales dans la philosophie d’Aristote.

Ces termes qualifient le dynamisme du vivant.

En puissance signifie virtuellement, potentiellement (la fleur est en puissance dans le bourgeon).

En acte signifie effectivement, actualisé.

Est en acte la réalité dont toutes les potentialités se sont effectivement déployées : la fleur éclose est en acte.

Mais, à son tour, elle contient les germes d’une nouvelle pousse en puissance. Deuxième sens : Ensemble ou totalité des choses qui existent.

La nature est ou bien la somme de ces choses ayant chacune un état et des propriétés individuelles ou bien un ordre qui unifie cette diversité des choses singulières, les hiérarchise et permet d’en rendre compte. Troisième sens A partir de la révolution scientifique de la physique mathématique, au début du XVIIème siècle, le terme de nature désigne plus particulièrement tout ce qui obéit aux lois mécaniques du mouvement et tous les phénomènes objectifs soumis aux lois établies scientifiquement sans perdre tout à fait son sens métaphysique. Chez les Anciens donc et jusqu’à la révolution galiléenne, la nature est la source dynamique de tout ce qui existe ; et par conséquent la sagesse consiste à se conformer à la nature. Sens dérivés : Nature humaine : essence de l’homme ou ensemble des caractères propres à l’être humain en général, qui, indépendamment des déterminations contingentes (individuelles, sociales et culturelles), permettraient de donner une définition de l’être humain. Nature naturante et nature naturée 1.

Ces termes apparaissent au XIIème siècle dans les traductions latines d’Averroès (1126-1198).

Nature naturante (natura naturans) désigne Dieu en tant que créateur et principe de toute action ; nature naturée (natura naturata) l’ensemble des êtres et des lois créées par Dieu.

Termes qui seront repris par Saint Thomas d’Aquin, Eckhart, Bruno. St Thomas d’Aquin : Somme théologique 2.

Chez Spinoza, la nature naturante désigne Dieu comme cause libre et substance infinie, la nature naturée, l’ensemble des modes qui sont en Dieu. Terme de nature polysémique Il désigne soit la nature d’un être mais aussi tout ce qui dans une réalité est inné soit la nature en général, càd l’ensemble de tout ce qui existe.

A opposer au terme de culture qui désigne, dans l’acception devenue la plus courante sous l’influence du culturalisme américain : tout ce qui est produit par l’homme dans le cadre social. L’homme, comme maître et possesseur de la nature, voilà le grand thème de la pensée cartésienne (Discours de la méthode) et de toute la modernité.

A partir du XVIIème siècle, cette conception est à l’origine de toute notre modernité. L’homme peut utiliser et dominer librement la nature sans que cette maîtrise ne soit totale : « que comme maître et possesseur de la nature ». « Au lieu de cette philosophie spéculative, qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.

» Descartes, Discours de la méthode. Si les Lumières du XVIIIème siècle se situent dans la même optique que Descartes, Rousseau ne relie pas en profondeur maîtrise de la nature et liberté humaine.

C’est plutôt comme origine perdue pas seulement étendue offerte à mon pouvoir que Jean-Jacques Rousseau dévoile le concept de nature. Rousseau imagine l’homme étant resté à l’état de nature sans l’apport de la société.

Cette hypothèse est méthodologique.

Il s’agit de faire l’histoire de la naissance des sociétés à partir d’un atome social sur le modèle newtonien pensant les corps physiques comme agglomérats d’atomes liés entre eux par l’attraction universelle.

Dans cet état, l’homme est isolé, bon mais « stupide et borné au seul instinct physique ».

Il ne possède ni le langage, ni la raison, ni la sociabilité.

Sa seule qualité est la perfectibilité qui le distingue des animaux et qui va le pousser à faire société.

Les passions ont corrompu la bonté originelle des hommes, le nouveau contrat social de Rousseau va essayer de la refonder sur des bases plus saines. L’anthropologue Claude Lévi-Strauss va reprendre l’analyse de Rousseau dans les Structures élémentaires de la parenté. La nature désigne chez Lévi-Strauss le domaine du biologique, du spontané et de l’universel chez l’homme.

Utiliser cette notion de nature, c’est simplement reconnaître que l’homme est à la fois un être biologique et social.

Certaines de ses réponses et de ses réactions relèvent de sa nature biologique, d’autres de sa culture, mais la distinction n’est pas toujours facile, et les deux domaines s’entrelacent. « On commence à comprendre que la distinction entre état de nature et état de société, à défaut d’une signification historique acceptable, présente une valeur logique qui justifie pleinement son utilisation par la sociologie moderne, comme un instrument de méthode ».

Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, PUF Quels sont donc les critères de la nature et de la culture ? Tout ce qui est universel chez l’homme relève de l’ordre de la nature.

A l’opposé, les processus culturels se distinguent par des normes, par l’action de règles imprimant aux relations entre les hommes une structure précise qui diffère selon les sociétés : Ainsi, des règles particulières désignent les phénomènes humains alors que la nature renvoie à la pure universalité.

De plus, la culture introduit un ordre dans le désordre naturel.

La prohibition de l’inceste est un exemple concret de loi universelle anthropologique dont les règles varient selon les cultures. Dans toutes les sociétés sans exception, le lien sexuel avec certains parents est interdit : universelle, elle semble renvoyer à la nature.

Mais les règles de cette prohibition varient avec les sociétés (ce n’est pas toujours le même parent qui est interdit).

Ainsi la prohibition de l’inceste est un phénomène culturel, elle marque le passage entre la nature et la culture. « La prohibition de l’inceste constitue une règle, mais une règle qui, seule entre toutes les règles.... »

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