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« Si tu veux la paix, prépare la guerre »

Publié le 25/02/2023

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« DISSERTATION CULTURE GENERALE « Si tu veux la paix, prépare la guerre » Tout le monde connaît la célèbre locution latine « Si vis pacem, para bellum ». Celle-ci n’est peut-être pas aussi juste qu’on le croit.

Cette locution n’exclut pas, tout au moins, qu’on doive aussi préparer la paix, et même que cela soit plus utile que de préparer la guerre, désignant une lutte entre deux partis ayant recours à la force physique et aux armes pour régler un différend.

Il s’agit donc d’une espèce du genre conflit : celle qui passe par le combat et l’usage de la violence.

En outre, toute relation saine entre nations est garante de paix.

Tout échange culturel ou artistique, toute écoute mutuelle, toute collaboration intellectuelle et scientifique établie de bonne foi est un gage de paix.

Nous nous sentons impuissants devant ce qui se déroule actuellement en Ukraine : empêcher que cette guerre se déroule aussi sur les terrains de l’art et de la culture serait une manière simple et digne de s’opposer à la violence et de s’élever au-dessus d’elle en préservant notre humanité.

« Si tu veux la paix, prépare la guerre » résumant ainsi un concept de paix armée qui prévaut jusqu’à nos jours.

En effet, l’essentiel des pays du monde entretient des forces militaires équipées d’armements modernes, les seules exceptions étant de petites îles, dont l’Islande qui est toutefois membre de l’OTAN, ainsi que le Costa Rica ou le Panama. Qui veut la guerre ? Celui qui fait la guerre a-t-il la guerre pour but ? Ne fait-on pas la guerre pour avoir la paix ? Un être pour qui la guerre serait une fin en soi serait nécessairement seul, sans amitié et sans amour, et même amené à se détruire lui-même car on peut être en guerre avec soi-même.

Qui souhaite vivre dans la tension et la peur permanente ? Peut-on dire que la paix est toujours le but, et la guerre le moyen ? Que serait une paix qui serait un moyen de la guerre ? Ce ne serait certainement pas une vraie paix, mais le règne des faux semblants. « Il ne faut pas croire que les méchants font la guerre, pendant que les bons la regardent avec horreur.

Ce sont les mêmes hommes qui font la guerre et qui aiment la paix.

» Est-il bien sûr que la fin, la paix justifie les moyens, la guerre ? La non-violence propose de sortir de cette contradiction entre la fin et les moyens : « la fin vaut les moyens ».

Autrement dit, on ne peut obtenir la paix par les moyens de la guerre.

On souligne également l'importance d'une bonne préparation des actions militaires, mise en opposition avec la dépendance au hasard ou à la supériorité numérique : « Ainsi, celui qui désire la paix devrait préparer la guerre.

Celui qui désire la victoire devrait entraîner soigneusement ses soldats.

Celui qui désire des résultats favorables devrait combattre en se fiant à ses habiletés et non à la chance.

» Peut-on envisager que vouloir la paix nécessite de préparer la guerre ? Les moyens employés ne dénaturentils pas la fin ? Est-il possible d’envisager une autre façon de parvenir à la paix ? Nous verrons dans une première partie les difficultés pour un Etat de garantir la paix : en préparant la guerre ou en s’y refusant, la paix qu’il assure n’est qu’une trêve.

Dans un second temps, nous chercherons à déterminer s’il n’y a pas une possibilité d’établir la paix, mais en la recherchant à une échelle planétaire, et le rôle que la guerre a à jouer. I. Les difficultés de garantir la paix pour un Etat A.

Préparer la guerre pour assurer sa sécurité extérieure 1.

Un réflexe naturel C'est un réflexe logique : pour éviter d'avoir à se battre, en dissuader l'agresseur en s'y préparant. C'est ce que l'on pourrait appeler une "paix armée".

C'est celle que connaissent la plupart des pays en paix de part le monde.

Le service militaire est l’exemple même d’une préparation de la guerre en temps de paix.

Même un pays comme la Suisse qui se tient à l’écart des conflits, qui est un pays neutre, prépare la guerre : les ponts sont équipés dès leur construction pour être dynamités et les citoyens s’entraînent chaque année à se battre.

Finalement les armes ne sont que des moyens en vue de la paix.

De ce point de vue la paix n’est pas un état passif, mais au contraire un état actif : on se bat pour la paix, on la prépare activement, en préparant, de façon paradoxale, la guerre.

On retrouve cette duplicité dans le double visage d’Athéna, pacifique et guerrière à la fois, qui allie l’olivier, symbole de paix, au glaive et au casque. 2.

Porteur en soi de germes de guerre Mais cette paix armée, par l'équilibre des puissances, est-elle véritablement la paix ? Elle s’apparente davantage à une guerre latente, prévue, préparée.

La paix véritable n’est pas seulement absence de combats, elle est également absence de menace : elle a pour vocation à être perpétuelle, sinon il ne s’agit que d’une trêve.

Ainsi les relations entre le bloc soviétique et le camp occidental n’ont pas été qualifiés de paix, mais de guerre froide.

La paix armée est régie par la peur de l’anéantissement réciproque.

Elle est une anticipation de la guerre.

Sa psychologie est finalement proche d’un pacifisme fataliste qui à force de redouter la guerre, finit par le provoquer.

Le résultat de la paix armée peut être la guerre alors même que son intention est de sauver la paix. L’escalade militaire qui l’accompagne conduit à une forte instabilité.

Quand un certain seuil d’armement est franchi, la paix risque de se muer en guerre.

La logique de la dissuasion, en infligeant à l’autre la crainte de mourir, répond à la peur symétrique qu’il inflige.

Dans une logique de dissuasion la paix n’est plus qu’une fin lointaine que ses moyens dénaturent : la dissuasion finit par travailler à la guerre en incitant l’autre à se surarmer. B.

Le refus d’envisager la guerre 1.

La logique pacifiste non violente On vient de le voir, préparer la guerre pour avoir la paix, c’est tenter de concilier deux contraires. Le moyen employé – la préparation de la guerre – dénature la paix.

Le pacifisme radical refuse absolument toute guerre : la guerre est ce qu’il y a de pire et doit être évitée à tout prix.

La voie proposée est le refus de l’affrontement, le refus du conflit.

Préparer la guerre pour « défendre » la paix, c’est combattre le mal par le mal et conduit finalement à la guerre.

Prôner la non-violence et le pacifisme c’est enclencher la logique inverse : si les Etats refusent le recours à la guerre, parce que l’opinion publique les pousse à agir ainsi, alors la paix est garantie. 2.

Les limites On voit immédiatement les limites et le danger d’une telle doctrine.

Le principe de non-violence appliqué seulement à soi réintroduit la guerre.

Être démuni, c’est s’exposer à l’agression de l’autre et l’inciter à une guerre victorieuse.

Le pacifisme radical n’est donc qu’une utopie : il suppose un renoncement de tous les Etats à la guerre, sans autre garantie que la bonne volonté des autres.

L’exemple de la Belgique durant la seconde guerre mondiale est édifiant : refusant la guerre elle a fini envahie par le régime Nazi.

Le pacifisme radical revient, s’il n’est pas adopté par les autres, au choix de l’esclavage.

La vraie paix n’est pas un sommeil léthargique, l’oubli de soi, une lâcheté frileuse.

Elle ne peut avoir peur de mourir.

On perçoit d’ailleurs là le deuxième danger qu’il recèle pour une société : si personne n’est prêt à mourir pour la défendre c’est qu’elle n’est rien, elle ne représente rein pour ses membres.

C’est une société condamnée à disparaître.

C’est une société frileuse, morte, qui n’a plus de dynamique car elle refuse de se donner les moyens d’affirmer sa singularité, dans la confrontation. On constate donc une grande difficulté pour les Etats à garantir la paix : refuser d’envisager la guerre et toute forme de violence pour défendre sa singularité conduit : - soit à un véritable délitement par l’intérieur de la société : elle perd sa cohésion et ses valeurs - soit à l’assujettissement par un Etat belliqueux qui y voit l’occasion d’une victoire facile D’un autre côté préparer la guerre pour défendre la paix, c’est participer à une escalade qui contient en elle.... »

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