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Benoît XIV 1675-1758 Alors que pour tromper l'attente de l'élection du nouveau

Publié le 05/04/2015

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Benoît XIV 1675-1758 Alors que pour tromper l'attente de l'élection du nouveau pape une joyeuse compagnie organisait un conclave factice autour du président de Brosses, celui-ci justifiait son vote en faveur du cardinal Prospero Lambertini, parce que, disait-il, c'était " un honnête homme et bon diable autant qu'il est possible ; ce que ne sont pas messieurs ses confrères ". En quoi il reconnaissait ces qualités d'humanité qui caractérisaient Benoît XIV et qui créèrent autour de lui une aura de finesse, une renommée de traits d'esprit, mais qui dans bien des cas ne lui furent que prêtés. Cette légende naquit de ce que Benoît XIV tranchait nettement sur ses prédécesseurs et sur ses successeurs sur le trône de Saint-Pierre. En un siècle où les intrigues diplomatiques et la toute-puissance des cours s'affrontaient à Rome et conditionnaient l'action du pape, la sincérité et la bonhomie toute pastorale du pape bolonais le plaçaient en une position à part dans le milieu où il allait exercer son insigne ministère. Il fut certainement élu avec l'appui de la France, mais ce le fut sans le do ut des que le cardinal Lambertini n'avait pas demandé. Le nouveau pape jouissait donc d'une indépendance qui lui serait utile sur le plan pastoral, mais qui l'isolait dans le monde romain. Monde que Benoît XIV connaissait d'ailleurs fort bien, puisqu'il avait gravi tous les échelons de sa carrière ecclésiastique à Rome, avant de s'en éloigner pour s'acquitter de sa mission épiscopale à Ancône puis à Bologne. Cette ascension avait été pénible, difficile, puisqu'elle était fondée sur la culture et l'intelligence, sans rien devoir à l'intrigue et au n&eacut...

« Benoît XIV était avant tout un pasteur d'âmes.

Ce fut là sa qualité essentielle, mais ce fut aussi sans doute la raison même de ses carences, selon certains critiques, de son détachement, dirions-nous, des affaires temporelles, détachement qui l'amenait à accepter des concordats qui, dans la première moitié du XVIIIe siècle, pouvaient apparaître comme de véritables abdications de ses intérêts.

Nous avons en lui, répétons-le, un pape-pasteur d'âmes qui n'éprouvait aucun besoin de défendre les privilèges de prêtres indignes contre le pouvoir laïque.

Et il avait des mots à l'emporte-pièce pour ces ecclésiastiques qui, loin d'entendre la vie religieuse comme une mission, y voyaient uniquement une source de revenus. Il essayait d'être un exemple, matériellement parlant, dans l'exercice de son propre ministère d'évêque.

Il visitait les églises et les hôpitaux, ne manquait jamais à un office important, au détriment même de sa santé.

Il lui était donc permis d'adresser des lettres cinglantes aux évoques qui n'avaient aucun souci de leur diocèse, à un cardinal de Polignac par exemple, tranquillement installé à Paris et vivant des revenus de son diocèse d'Auch sans savoir “ s'il était beau ou laid, ne l'ayant jamais vu ”, ou à un cardinal d'Acquaviva, archevêque de Monreale en Sicile, qui avait transformé la place d'Espagne, à Rome, en un domaine extra-territorial à l'intérieur de la Ville Éternelle. Les interprétations varices que l'on a données de la personnalité de ce pape découlent de ce que son intention de ne pas confondre “ la foi et les promesses faites à Dieu pour le maintien perpétuel de celle-ci avec le pouvoir temporel de l'État ” restait trop souvent, précisément, de pieuses intentions.

“ Les intérêts du siècle et les affaires spirituelles sont tellement enchevêtrés que les papes, dans leur désir de manipuler les secondes qui leur appartiennent, sont embarrassés par les premiers qui ne sont pas de leur ressort.

” Ces mots du pape signifient qu'il reconnaissait une réalité à laquelle il ne parvint pas à se soustraire, en un moment où l'autorité, spirituelle aussi bien que temporelle, de Rome se voyait ouvertement menacée.

Rien d'étonnant, par conséquent, si Benoît XIV déclarait que “ le Saint-Siège ne peut pas être en ordre, si celui qui le gouverne n'est pas assez judicieux et prudent pour s'entendre avec les princes qui de nos jours sont très puissants ”.

L'équilibre entre des forces contraires sera pourtant recherché, mais en vain.

La France, l'Espagne, l'Autriche, la Prusse, et en Italie même Venise et Naples, en un continuel jeu de balance, de requêtes et de concessions, rendront fort malaisé le chemin à celui qui se proposait d'écrire un ouvrage qu'il voulait intituler : De martyrio per neutralitem... Ses sympathies allaient décidément à la France, où il croyait avoir ses meilleurs amis ; tout au contraire, le cardinal de Tencin trahissait sa confiance, en communiquant à son gouvernement les confidences que l'évêque de Rome communiquait à celui de Lyon. Son pontificat (1740-1758) correspond à ces années cruciales où les anciens concepts sur les rapports des pouvoirs survivaient encore, mais où les exigences d'un monde nouveau qui triomphera vers la fin du siècle se dessinent déjà et s'accusent même.

Benoît XIV pressent ces remous, il essaie de les dominer, il tient à éloigner l'Église de la politique, mais il ne réussit pas toujours à comprendre et à se faire comprendre, du fait également que les instruments dont il dispose sont soit trop retardataires, soit trop modernes.

Et il finit par mécontenter tout. »

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