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Le monde après 1945 par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de

Publié le 05/04/2015

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Le monde après 1945 par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève La Première Guerre mondiale n'avait fait qu'ébranler le système international qui s'était progressivement constitué depuis le XVIe siècle et dont l'Europe était le centre. La Deuxième Guerre mondiale en provoque l'écroulement. Pour avoir été étroitement liées à l'histoire économique, politique et spirituelle du continent européen, les deux puissances qui occupent désormais une position dominante aussi bien par leur dimension même, celle d'un continent, que par leur position géographique, se situent hors de l'Europe. Les corps politiques répartis sur le territoire européen sont devenus objets de l'action historique exercée par les États-Unis et par l'URSS. C'est à Téhéran, à Yalta, qu'avant la rencontre des vainqueurs à Potsdam, les dispositions fondamentales relatives à la reconstruction territoriale et politique de l'Europe ont été arrêtées, avec la participation du Royaume-Uni comme seul porte-parole de l'Europe. C'est à San Francisco que la Charte des Nations Unies a été acceptée par les membres de la Grande Alliance. Ce n'est plus en Europe, à Genève, que siège l'organisation internationale chargée d'assurer la paix et la collaboration entre les nations du monde, mais à New York. L'Europe apparaît donc comme écartelée entre deux colosses qui se partagent le pouvoir dans un système bipolaire. Ce dialogue des grands est cependant influencé, si ce n'est même troublé parfois, par l'intervention de tiers. La Charte des Nations Unies n'a-t-elle pas attribué, au sein du Conseil de Sécurité, un droit de veto à cinq nations, dont le Royaume-Uni, la France et la Chine ? La Grande-Bretagne qui, appuyée sur le Commonwealth et l'Empire, a mené de bout en bout la bataille contre le Troisième Reich, a pris très tôt conscience des conséquences de la modification du rapport des forces sur le plan international. En 1943 déjà, par la voix du maréchal Smuts, elle a envisagé pour elle le rôle d'une troisième grande puissance en ajoutant au domaine impérial et au Commonwealth un groupement européen dont elle prendrait l'initiative et la direction. La Grande-Bretagne de 1945, si affaiblie soit-elle, n'a pas abdiqué. La France non plus qui, malgré sa défaite et l'inégalité criante de ses forces, prétend maintenir son rang. Quant à la Chine, toute divisée qu'elle soit, elle n'en dispose pas moins d'un potentiel économique et militaire que ses chefs, dans quelque camp qu'ils se situent, entendent exploiter. Le rapport des forces entre les deux pôles de puissance n'est pas hypothéqué seulement par la présence de trois États prétendant à un rôle de premier plan sans en avoir les moyens, ni par un monopole atomique que les Américains ne cherchent pas à exploiter, mais encore par l'extension du champ diplomatique au monde entier et l'inclusion qui en résulte d'un nombre élevé d'états et de corps politiques dans le système international. Ils n'ont certes qu'une influence relative et bien souvent limitée à une région, mais leur évolution, orientée à la fois par les modifications qui interviennent sur la scène internationale, par les changements du rapport des forces entre les puissances et par des facteurs propres à la région dans laquelle ils se situent et à leur histoire, n'en joue pas moins un rôle appréciable dans le jeu global des forces qui constituent le système international. Talleyrand, dans sa célèbre définition du système d'équilibre européen, avait signalé que " à côté de ces grands territoires appartenant à une puissance unique, se trouvent des territoires de même ou de moindre grandeur, divisés en un nombre plus ou moins grand d'États souvent de diverse nature... Ces États, ajoutait-il, n'entrent donc jamais dans la formation de l'équilibre général que comme éléments imparfaits : en leur qualité de corps composés, ils ont leur équilibre propre, sujet à mille altérations qui affectent nécessairement celui qui en fait partie ". Cette remarque, qui concernait l'Italie et l'Allemagne de 1815, vaut pour l'Europe, pour l'Asie méridionale, pour le monde arabe, pour l'Afriq...

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