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CULTURE ET CLASSES SOCIALES

Publié le 22/09/2011

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I/ Des pratiques culturelles déterminées socialement.  Nous allons montrer que la culture est au cœur de l’affirmation et de l’existence même des classes, à la fois parce qu’elle est un ciment mais aussi parce qu’elle est une barrière. Nous verrons ensuite les difficultés qui se posent la détermination ou à la description précise de la nature des cultures de classe.  A. La culture, principe constituant des classes.  1°) Un facteur d’entre soi.  Que ce soit les analyses sociologiques des classes populaires (on pense à « La culture du pauvre « de Richard Hoggard) ou celle des classes privilégiées (le plus récent « Sociologie de la bourgeoisie « du couple M. Charlot et M. Pinçon-Charlot) toutes les analyses des pratiques culturelles spécifiques d’un groupe montrent que celles-ci sont le premier lien des individus proches socialement.

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« tous mais où chacun se définit encore par rapport à sa proximité aux autres.

Et plus encore, comme nous allons levoir maintenant, par sa différence aux autres.2°) La culture existe par opposition :« Les goûts sont avant tout des dégoûts » rappelait Pierre Bourdieu.

Ce que confirment les jugements de goût enmatière de consommation artistique et la force des répulsion que nous associons à telle ou telle œuvre : lesjugements sont lapidaires concernant des émissions télévisées, des chansons, des sports, qui sont exactement lesmodèles que notre milieu social nous a appris à détester.

À tel point que pour se distinguer entre elles, labourgeoisie élitiste de souche et la petite bourgeoisie intellectuelle pourront attribuer les mêmes caractères à uneœuvre (musicale ou théâtrale, par exemple) en des sens totalement opposés.

Une œuvre sera ainsi vue comme «lourde », pesante, par la haute bourgeoisie et profonde, dense, par les classes supérieures bien dotées en capitalscolaire.

Qui elles-mêmes trouveront superficielles et frivoles des pièces dont la haute bourgeoisie saisira toute lafinesse et la légèreté.Cette définition du goût de classe par opposition au « goût des autres » était au cœur des analystes de Hoggart,déjà cité.

Par l’opposition entre « eux » et « nous », il a montré que les classes populaires sont pas dans uneabsence de culture mais dans une culture bien à eux (ou dans une façon bien à eux de voir la culture, mais nous yreviendrons).Dans ses études sur le rapport à la lecture et à l’écriture, Bernard Lahire a repris cette idée selon laquelle certainespratiques populaires consiste à éviter de faire « intellectuel », comme par exemple en passant trop de temps àutiliser un plan ou à lire un mode d’emploi.

Dans le même registre, les sociologues des minorités ethniques aux USAont montré que certaines pratiques culturelles consistaient avant tout à éviter de « faire le blanc » dans certainespopulations noires, ce qui contribue évidemment à entretenir les individus dans leur culture spécifique.Dans « La distinction », Bourdieu évoque aussi comment les pratiques culturelles sont réservées au groupe et qu’enprésence d’étrangers au groupe une mère de famille, par exemple, pourra tenir à distance son invité en faisant des «manières » qu’elle fait pas aux membres de son propre groupe (changer les assiettes, mettre une nappe, s’excuserdu bruit des enfants).Cependant, une fois posé ce constat assez immédiat d’une homogénéité sociale des pratiques culturelles tout à fait« spontanées » chez les individus, se pose au sociologue le problème de leur description et de l’association decertaines pratiques culturelles à certains milieux clairement définis.

Or, rien n’est moins simple pour des raisons quenous allons étudier maintenant.B.

Quelles cultures, pour quelles classes ?Plusieurs obstacles se posent à la caractérisation sociale des pratiques culturelles.

Certes, les études sur lespratiques culturelles, menée par Olivier Donnat au sein du ministère de la culture, nous informent toujours despratiques déclarées par les individus.

Mais la compréhension de ces données est loin d’être immédiate.

Après enavoir fait le constat rapide, nous verrons ce qui empêche de prendre ces « données » pour aussi fortementcorrélées que l’on voudrait qu’elles le soient.1°) Des pratiques culturelles différenciéesComme l’avait montré Bourdieu, les classes supérieures ont un rapport privilégié à la culture classique, académique.Ce qui se traduit dans les pratiques culturelles par une fréquentation plus importante des lieux de culture, musées,salles de spectacles, monuments historiques, mais aussi cinéma qui, tout en étant une consommation culturelle demasse, reste plus pratiquée par les classes supérieures que par les autres.

Les sports sont également déterminéssocialement, même si, depuis « La distinction », la hiérarchie légitime a pu se modifier.

Certaines pratiques de loisirssont fermement ancrées dans la culture populaire, comme la pétanque ou les sports de plage.

La chanson devariété, bien étudié par Hoggart, est au cœur des pratiques culturelless populaires et les classes supérieures s’ensont tenu longtemps à l’écart.

Enfin, dans un premier temps, les pratiques multimédias ont été et sont encore enpartie l’apanage des classes sociales plutôt bien dotées en capital scolaire.Ce qui distingue essentiellement la culture légitime des classes supérieures de la culture populaire, c’est le rapportdistant ou non à la pratique.

Les classes populaires ont toujours été dans un rapport immédiat de plaisir instinctif ouéventuellement utilitaire à leur pratique culturelle.

Ainsi, le sport devra mettre en valeur la puissance corporelle, leschanteurs de variétés leur puissance vocale.

Inversement, la culture dominante privilégie la distance interprétative(cf les photos présentées par Bourdieu et dont seuls les membres des classes supérieures envisagent qu’ellespuissent donner lieu à un tableau).

La dénégation du social que constitue la culture légitime des classes dominantesfait que l’on ne fréquente pas les lieux culturels pour s’instruire (ce serait pédant), mais bien pour goûter la beauté ««évidente » du patrimoine historique.

Car les pratiques culturelles des classes dominantes s’installent dans le tempslà où les classes populaires sont dans le plaisir hédoniste immédiat (Hoggart insiste même sur cette irrationalité desclasses populaires qui peuvent dépenser des sommes significatives dans des plaisirs éphémères).2°) Les apories d’une sociologie compréhensive des pratiques culturelles.Pourtant, le sociologue n’a pas affaire à des cultures socialement déterminées et posées abstraitement dansl’espace social.

Il est face à des individus qui vivent leur culture à travers des pratiques dont les modalités sontcomplexes, évolutives (nous verrons cela en deuxième partie), mais surtout qui donnent lieu à des interprétationsindividuelles difficiles à cerner.C’est à travers l’analyse des non-réponses que Bourdieu a posé le problème de la signification sociale de la pratiqueculturelle.

Dans son projet de connaissance de l’autre, le sociologue butte sur un écueil : son propre langageculturel en poche, il est empêché, sauf à verser dans un relativisme absolu qui empêche totalement de structurersocialement et de hiérarchiser éventuellement les pratiques sociales) de comprendre le rapport des autres milieux àla culture, ou au mieux, il est condamné à faire face à une incompréhension des enquêtés ou à une incapacité àexpliciter leurs propres pratiques.

Mise à part la situation personnelle (et qui rend leur œuvre si précieuse) dequelques sociologues issus des classes populaires, dont Hoggart est le plus fameux, Jean-Claude Passeron etGrignon ont montré dans « Le savant et le populaire » que les tentations du misérabilisme et du populisme ensociologie (et en littérature, titre complet) sont deux obstacles majeurs à la compréhension de la particularité des. »

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