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Denis Diderot par Georges May Professeur de Littérature Française à l'Université Yale La

Publié le 05/04/2015

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Denis Diderot par Georges May Professeur de Littérature Française à l'Université Yale La fortune littéraire de Diderot est plus surprenante encore que celle de Stendhal : ce n'est pas, en effet, avec un demi-siècle, mais avec plus d'un siècle et demi de retard que la postérité a reconnu son génie. Véritablement découverte par notre époque, l'oeuvre de Diderot n'a pas encore triomphé des monstrueuses erreurs de jugement et des sots préjugés paresseusement admis par un public longtemps victime d'une critique rétrograde. Cette destinée, Diderot l'avait sans doute prévue lorsqu'il écrivait, en 1767, à son ami le sculpteur Falconet : " Combien d'auteurs qui n'ont obtenu la célébrité qu'ils méritaient que longtemps après leur mort ? C'est le sort de presque tous les hommes de génie ; ils ne sont pas à la portée de leur siècle ; ils écrivent pour la génération suivante. " La plupart des ouvrages de Diderot que nous admirons aujourd'hui sont posthumes : plusieurs d'entre eux, dont le Neveu de Rameau, furent, en fait, publiés en allemand avant de l'être en français. Ce n'est qu'en 1947 qu'un professeur américain a finalement réussi à découvrir la plus importante mine de manuscrits et de documents de Diderot que l'on connaisse. Chose exceptionnelle pour un grand écrivain français, les premiers lecteurs à reconnaître son génie furent des étrangers : Goethe, Schiller, Hegel, Marx ; les premiers ouvrages d'ensemble consacrés à son oeuvre virent le jour en Allemagne et en Angleterre. Aujourd'hui encore, il est sans doute le seul écrivain français à être étudié avec autant de ferveur par les érudits des États-Unis d'Amérique que par ceux de l'Union soviétique, signe sans doute de l'universalité et de l'ambiguïté de son génie. Et pourtant, rien de plus ordinaire que ses origines : fils d'un maître coutelier, Diderot naquit à Langres le 5 octobre 1713 d'une famille de bonne bourgeoisie provinciale, profondément convaincue de l'excellence de la morale chrétienne, de la vertu sacrée du travail et de la perfection de l'Église à laquelle, à chaque génération, elle fournissait prêtres et religieuses. Élève turbulent et brillant des jésuites de Langres, Diderot reçoit la tonsure en 1726, et s'il ne devient pas chanoine, c'est uniquement parce que le chapitre refuse de lui transmettre la prébende que son oncle désirait qu'il reçût après lui. C'est à son frère cadet qu'allait revenir plus tard l'honneur de représenter la famille Diderot au chapitre de Langres. En attendant, à Paris au collège Louis-le-Grand, Diderot poursuit de 1729 à 1732 de très bonnes études. Devenu maître ès arts, il semble avoir oublié et sa vocation ecclésiastique et l'exaltation mystique qui, il n'y a que quelques années, lui faisait vêtir le cilice. Il refuse de rentrer à Langres, tâte successivement de diverses occupations, fréquente les coulisses des théâtres et fraie avec de jeunes intellectuels, venus de province comme Condillac, ou de l'étranger, comme J.-J. Rousseau, pour conquérir la gloire à Paris. Privé des subsides paternels à cause de l'obstination avec laquelle il refuse de s'établir dans un métier quelconque, Diderot vit d'expédients plus ou moins inavouables, meurt presque de faim, mais poursuit tout seul son éducation en se livrant à une véritable débauche de lecture. Déjà expert en latin et en grec, il apprend l'anglais et l'italien. Il finit même par obtenir quelque argent en traduisant divers ouvrages anglais, notamment un ...
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