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Eugène Delacroix

Publié le 10/06/2011

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delacroix

Oeuvre très abondante (plus de mille cinq cents tableaux). Chronologie précise.  Nous donnons un choix des oeuvres les plus représentatives pour l'évolution du style. C'est au Louvre et dans l'atelier de l'artiste à Paris que l'on peut avoir la plus juste idée de l'oeuvre de Delacroix.    

  •  1822 LA BARQUE DE DANTE (Louvre, Paris),
  •  1823 L'ORPHELINE AU CIMETIÈRE (Louvre, Paris).
  •  1824 SCÈNES DES MASSACRES DE SCIO (Louvre, Paris).
  •  1827 COMBAT DU GIAOUR ET DU PACHA (Art Institute, Chicago).
  •  1827 MORT DE SARDANAPALE (Louvre, Paris).
  •  1827 NATURE MORTE AUX HOMARDS (Louvre, Paris).
  •  1829 ASSASSINAT DE L'ÉVÈQUE DE LIEGE (Collection Tauber, Paris).
  •  1831 LA LIBERTÉ GUIDANT LE PEUPLE SUR LA BARRICADE (Louvre, Paris).
  •  1831 LA BATAILLE DE NANCY (Musée de Nancy).
  •  1831 BOISSY D'ANGLAS A LA CONVENTION (Musée de Bordeaux).
  •  1833 1847 DÉCORATIONS DU PALAIS BOURBON (Palais Bourbon, Paris).
  •  1834 FEMMES D'ALGER DANS LEUR APPARTEMENT Louvre, Paris).
  •  AUTOPORTRAIT (Louvre, Paris).
  •  1837 LA BATAILLE DE TAILLEBOURG (Musée de Versailles).
  •  1838 FRÉDÉRIC CHOPIN (Louvre, Paris).
  •  1838 MÉDÉE (Musée de Lille).
  •  1839 NOCE JUIVE DANS LE MAROC (Louvre, Paris).
  •  1839 HAMLET ET HORATIO AU CIMETIÈRE (Louvre, Paris).
  •  1840 LA JUSTICE DE TRAJAN (Musée de Rouen).

delacroix

« Saint-Maurice, en 1798 ; il meurt à Paris, dans le calme provincial et désuet de la place de Furstemberg, le 13 août1863.

Surmontant une santé débile, consumée par cette "nécessité d'avoir la fièvre" qu'il revendique avec feu, iléconomise ses forces et ses ardeurs pour les jeter toutes, avec prodigalité, dans son travail, dans sa création.

Sortide l'atelier davidien de Guérin, mais déjà lié avec Géricault à qui il doit tant, il bouleverse la peinture et l'opinion avecsa Barque du Dante au Salon de 1822 et son Massacre de Scio en 1824.

L'année suivante, un voyage en Angleterrelui révèle une technique toute "picturale" qui l'aide à affranchir l'école française de l'académisme où elle étouffait.

En1830, il se rend en Espagne, au Maroc et en Algérie : il y trouve à la fois la couleur et la poésie de l'Orient, dont ilavait déjà rêvé à travers les thèmes de la Grèce en lutte avec les Turcs, mais aussi la noblesse antique qu'il perçoit,enfin vivante, dans les nobles silhouettes drapées des Arabes.

Sentant confluer en lui l'ardeur passionnée et libre dela vie, dont il va à plusieurs reprises admirer en Belgique la plus magnifique image en Rubens, et la conscience dedisciplines intellectuelles, il peut alors entreprendre son cycle de vastes peintures décoratives ; c'est, au PalaisBourbon, le Salon du Roi (1833-37) puis la Bibliothèque (1838-47) ; au Palais du Luxembourg, la Bibliothèque encore(1845-47) ; au Louvre, le plafond de la Galerie d'Apollon (1849-50) ; à l'Hôtel de Ville, le Salon de la Paix (1851-53),malheureusement incendié lors de la Commune ; à Saint-Sulpice, la chapelle des Saints-Anges qu'il achève à la veillede sa mort en 1861.

Peu avant, en 1857, il avait triomphé de l'opposition obtuse des "classiques", en entrant àl'Institut. Toujours avide de se dépasser, d'être plus universel, il semble vouloir fondre dans le brasier de sa création lespossibilités souvent opposées de l'art.

La genèse de ses oeuvres nous le montre : il exécute un premier croquis "quiest en quelque sorte l'oeuf ou l'embryon de l'idée...

Il contient tout, si l'on veut, mais il faut dégager ce tout, quin'est autre chose que la réunion de chaque partie.

Ce qui fait précisément de ce croquis l'expression par excellencede l'idée, c'est non pas la suppression des détails, mais leur complète subordination aux grands traits qui doiventsaisir avant tout".

Ces grands traits déterminés, Delacroix reprend et pousse son dessin pour ajouter à la libertéd'invention, qui a régné jusqu'ici, le détail emprunté au réel et qui donnera la vraisemblance à la création del'imagination, cette "reine des facultés" ; car "il faut une apparente réalité.

C'est le réalisme littéral qui est stupide".Il tire donc du réel "quelques détails caractéristiques", qui donneront "une sorte de consécration à la partieimaginée". Mais, une fois que la création est authentifiée par ce recours à la nature, il importe de retrouver et de mettre enévidence l'unité de conception et d'aspect qui, pour lui, est la marque même de l'oeuvre d'art ; il faut subordonnermaintenant les précisions nouvelles dont l'oeuvre s'est enrichie à "ces grands traits qui doivent saisir avant tout"car, même "si chaque détail offre une perfection que j'appellerai inimitable, en revanche, la réunion de ces détailsprésente rarement un effet équivalent à celui qui résulte, dans l'ouvrage du grand artiste, du sentiment del'ensemble et de la composition...

La plus grande difficulté consiste donc à retourner dans le tableau à ceteffacement des détails, lesquels pourtant sont la composition, la trame même du tableau". Alors commence le travail nécessaire des "sacrifices" et de la soumission réfléchie et volontaire des parties "à laconvenance générale" qui, pour lui, est le coeur même de la création artistique.

Après le jet initial de la sensibilité,après l'intervention de l'observation et du rendu, qui sont venus nourrir ce qui n'était encore qu'un élan presqueconfus, il appartient à l'intelligence, toute baignée des intuitions sensibles, de coordonner et d'aboutir.

Dans cettetâche, elle s'appuiera sur des procédés techniques, tel que le calque, qui permettra de reproduire le dessin primitifen le modifiant, en l'élaborant à mesure qu'on le copie.

Ainsi "ses intentions sont plus prononcées et les chosesinutiles éloignées".

Peu à peu, en poussant son oeuvre, Delacroix se rapproche "de l'idéal qu'il porte en lui...

Cetravail d'idéalisation, précise-t-il, se fait même presque à mon insu chez moi ; quand je recalque une compositionsortie de mon cerveau, cette seconde édition est toujours corrigée et plus rapprochée de l'idéal nécessaire".Gardant le bénéfice des détails qui, ajoutés à son premier jet, lui donnaient l'accent de véracité indispensable, il lesplace cependant au rang de subordination que réclame l'unité de l'ensemble, car il lui faut avant tout dégagerl'intention générale que formulait l'inspiration première. A la lumière de cette élaboration, s'éclaire le sens même de l'art de Delacroix.

Ce n'est point, au premier chef, ceque le poète anglais appelait "une chose de beauté", si l'on entend avant tout par là d'harmonieuses combinaisonsde lignes et de couleurs ; pas davantage "une chose de vérité", mais essentiellement "une chose de poésie".

Danscette solitude, dans cette rareté, dans cette vibration de son âme, nous avons déjà reconnu celles du poète. Qu'importe que certains lui reprochent l'insuffisance de la vérité littérale, que d'autres, imbus "d'art pur", l'accusentd'être littéraire, parce qu'il est humain : il est poète, un des plus grands poètes de l'histoire de la peinture, et c'estcela qu'il veut être, qu'il a besoin d'être, par une vocation irrésistible.

Il le sait bien, ce qu'il cherche, c'est "cettequalité suprême dont les écoles ne parlent pas...

la poésie de la forme et celle de la couleur".

Effaçons-nous devantsa parole, car ce peintre est un écrivain magistral dont le profond et ardent Journal occupe une place essentielledans la littérature du XIXe siècle ; il le dit mieux que quiconque : "Qui dit un art, dit une poésie.

Il n'y a pas d'artsans un but poétique...

Il y a une impression qui résulte de tel arrangement de couleurs, de lumières et d'ombres...C'est ce qu'on appellerait la musique du tableau...

Cette émotion s'adresse à la partie la plus intime de l'âme.

Elleremue des sentiments que les paroles ne peuvent exprimer que d'une manière vague.

Elle, comme une puissantemagicienne, vous prend sur ses ailes et vous emporte devant.

Elle ajoute à ce que serait le spectacle de la nature,cet élément qui vérifie et qui choisit, l'âme du peintre".

Il faut faire rêver ; n'est-ce pas lui qui parlait de ce besoinque l'on éprouve devant un beau tableau, "d'aller loin de lui, penser à l'impression qu'il fait naître" ? Ah ! qui dira cetultime secret de l'art ? "Qu'est-ce donc qui va à l'âme, sans quoi il n'y a ni peintre ni spectateur ? Le je ne sais quoi,l'inspiration mystérieuse qui donne à l'âme tout et qui trouve les chemins secrets de l'âme".

Comme la corde dont lechant vibre émeut à distance sa semblable assoupie, l'artiste tire nos coeurs de leur inertie, où dormaient. »

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