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Frédéric II de Hohenstaufen par Philippe Dollinger Frédéric II est une des figures les plus étranges du Moyen Âge.

Publié le 05/04/2015

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Frédéric II de Hohenstaufen par Philippe Dollinger Frédéric II est une des figures les plus étranges du Moyen Âge. Ses contemporains ont été déconcertés par les contradictions de sa nature et de son action, par ce Hohenstaufen beaucoup plus Italien qu'Allemand, par cet empereur chrétien persécuteur des hérétiques mais ami et admirateur de l'Islam, par ce despote cruel mais fin lettré et philosophe, entouré d'une cour fastueuse à l'orientale. " Antéchrist, Bête de l'Apocalypse, Protée " ont clamé ses ennemis. " Sauveur du monde, prince de la paix " ont rétorqué ses fidèles. " Stupeur du monde, agent de bouleversements surprenants " a conclu Mathieu de Paris. Les historiens modernes ne sont pas restés moins perplexes devant ce " cas " extraordinaire. Au siècle dernier, Frédéric apparaissait surtout comme une individualité hors série, étrangère à son époque et même à tous les temps. Pour J. Burckhardt, il fut " le premier homme moderne sur le trône, l'annonciateur de la Renaissance ", pour Nietzsche " un libre penseur, un athée, un ennemi de l'Église, le premier Européen ". De nos jours ces vues romantiques ont été largement réfutées. On a mis en évidence que maintes singularités apparentes chez Frédéric II résultent de la situation originale du royaume de Sicile, ou s'entrecroisaient les influences normandes, byzantines et islamiques, et qu'elles se trouvent déjà chez ses prédécesseurs. On s'est appliqué à souligner les traits de mentalité qui révèlent en lui un homme de son temps plus qu'un précurseur de la Renaissance. Mais aujourd'hui comme naguère, cette personnalité si riche, ce règne ardent si plein de triomphes et de revers alternés, l'effondrement enfin, avec sa mort, du rêve d'Empire universel nourri pendant trois siècles, laissent une impression de grandeur tragique à laquelle nul ne peut rester insensible. Lorsque Frédéric II naquit à Iesi dans la marche d'Ancône, le 26 décembre 1194 les plus heureuses perspectives paraissaient s'ouvrir devant lui. Fils de l'empereur Henri VI, alors au faîte de sa puissance, et de Constance, reine de Sicile, il semblait devoir hériter d'un pouvoir plus étendu que tous ses prédécesseurs. Mais la mort prématurée de Henri VI, peu après, modifia complètement le cours des événements. La reine Constance se hâta de faire couronner son fils roi de Sicile, puis elle mourut à son tour. Selon le testament du défunt, la tutelle de Frédéric fut assurée par le pape Innocent III. Mais celui-ci n'entendait pas que la Sicile et l'Allemagne fussent réunies sous le même sceptre. D'ailleurs, en ces circonstances difficiles, les partisans des Hohenstaufen renoncèrent à se prononcer pour un enfant de trois ans et élurent roi des Romains le frère de Henri VI, Philippe de Souabe, tandis que leurs adversaires désignaient le Welf Otton de Brunswick. Le jeune Frédéric grandit donc à la cour de Palerme, sous la protection pontificale, mais tiraillé entre des ambitieux qui cherchaient à se servir de lui : ces années pénibles expliquent dans une large mesure le caractère ombrageux et soupçonneux du futur empereur. Innocent III le reconnut majeur à l'âge de quatorze ans et lui fit épouser Constance d'Aragon. Son destin paraissait dès lors fixé : il continuerait la lignée des rois normands de Sicile, à l'écart des grands conflits européens. Une péripétie inattendue bouleversa toutes les prévisions. Otton IV, devenu seul roi d'Allemagne après le meurtre de Philippe de Souabe, vint se faire couronner empereur à Rome, puis, violant ses serments, il attaqua le royaume de Sicile, cherchant à en évincer Frédéric et à le rattac...

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