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Georges Clemenceau par J.

Publié le 05/04/2015

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Georges Clemenceau par J. B. Duroselle Professeur à la Sorbonne L'exceptionnel destin de Georges Clemenceau révèle à quel point une personnalité hors ligne peut marquer une époque. Notable, connu dans tout le pays depuis l'âge de trente ans, il n'eût pas accédé à la vraie gloire sans la Grande Guerre. Il eût laissé le souvenir d'un homme influent, irascible et détesté. A soixante-seize ans, soudain, au pire moment d'un grand drame national, il devint le chef. Le docteur Benjamin Clemenceau, son père, appartenait à la " bonne bourgeoisie " vendéenne, ou plutôt à une fraction isolée de celle-ci, le clan des " bleus ", des républicains. Médecin à Nantes, il " avait gardé en lui la fermeté des anciens âges ", dit l'écrivain Gustave Geffroy. Il proclama la république à Nantes en 1848, fut arrêté de par la " loi de sûreté générale " en 1858. Pour le reste misanthrope, " un Alceste de village " ; il vivait l'été au château de l'Aubraie, près de Sainte-Herminie dans le Bocage vendéen. Georges, né à Mouilleron-en-Pareds, près de Fontenay-le-Comte, le 28 septembre 1841, passa en Vendée le meilleur de son enfance et de sa jeunesse, sans cesse en chemin, épris de la campagne bocagère, visitant les paysans avec son père pour qui il eut une admiration totale. De sa mère il reçut la tendresse. Son enfance fut heureuse, au lycée de Nantes comme à la maison, rue Crébillon. Ne cherchons pas dans d'hypothétiques frustrations l'explication des luttes et des férocités du " Tigre ". Georges hérita de son père " l'enthousiasme ", " l'indignation ", le " mépris des vilenies sociales ", le goût pour la littérature et l'art - mais aussi l'athéisme, le patriotisme, la passion républicaine de la liberté plus, sans doute, que de l'égalité. Les années 1860 le virent étudiant en médecine à Nantes, puis très vite à Paris. Ce furent des études sérieuses et matérialistes. Étienne Arago était son correspondant. Au quartier Latin, il connut Charles Longuet, Émile Zola, Jules Méline, Auguste Scheurer-Kestner. Il écrivit dans de petits journaux républicains tels Le Travail, littéraires et anticléricaux. Il passa même soixante-treize jours à la prison de Mazas pour provocation à un attroupement armé. Interne provisoire à la Pitié, Clemenceau, pendant un an, alla visiter tous les jours le célèbre Blanqui à la prison de Sainte-Pélagie. En mai 1865, il soutint sa thèse de doctorat en médecine sur La génération des éléments anatomiques. Peu pressé par les nécessités de la vie, il décida de ne pas exercer tout de suite et de voyager à Londres où il rencontra Herbert Spencer et Stuart Mill, puis aux États-Unis où il arriva dans l'été 1865 et où il se lia avec Horace Greeley, rédacteur en chef du New York Tribune, attiré comme lui par les solutions radicales. Malgré son père qui désirait son retour, il accepta un poste de professeur de français... et d'équitation au collège de jeunes filles de Stamford. C'est là qu'il s'éprit de Mary Plummer, belle orpheline élevée par un oncle pasteur. Notre athée refusait toute cérémonie au temple : il fallut se résigner au mariage civil. Il aura un fils et deux filles. Le jeune ménage rentra en France en août 1870. Le 1er septembre, Georges arriva à Paris. C'était le jour de Sedan. Quatre jours après, l'Empire détesté s'écroulait. Voici comment se dessine la carrière de Clemenceau jusqu'à la Grande Guerre. Avant tout, un homme politique, radical extrême, haïssant les modérés, les " opportunistes ", profondément méfiant à l'égard de tout pouvoir personnel, luttant contre toute tête qui s'élève au-dessus des autres, hostile à la colonisation parce que antiraciste : " Races supérieures, races inférieures, c'est bien vite dit ! ". Anticolonialiste aussi parce que patriote - les yeux fixés sur la " ligne bleue des Vosges " ; et toujours un athée convaincu, donc un a...
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