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Henri Laurens par Pierre Francastel Ecole des Hautes Etudes, Sorbonne, Paris Henri Laurens est né à Paris le 18 février 1885.

Publié le 05/04/2015

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Henri Laurens par Pierre Francastel Ecole des Hautes Etudes, Sorbonne, Paris Henri Laurens est né à Paris le 18 février 1885. Comme Rodin, comme Renoir, il a eu d'abord une formation exclusivement technique. Sorti de l'école communale, il fut apprenti chez un sculpteur décorateur ; puis il travailla, comme sculpteur de pierre, sur les bâtiments. Il s'initia au modelage et au dessin en suivant les cours du soir. Il n'eut donc pas de maître au sens académique du terme. Il prolonge dans notre temps la meilleure tradition des ateliers parisiens, celle des tailleurs de pierre et des artisans, des sculpteurs de Notre-Dame et de Louis XIV, des merveilleux ébénistes du XVIIIe siècle. Il est, dans son domaine et sa discipline, une sorte de Chardin d'aujourd'hui. Autodidacte, formé à l'écart des milieux académiques, il n'en entra pas moins en relations - et très tôt - avec les esprits les plus raffinés de son temps. C'est le privilège des grandes cités de l'esprit, comme Athènes jadis, comme Florence et Venise, Rome et Paris, que de mêler non seulement les peuples mais les individus, en dehors de toutes les entraves. Le mouvement entier des arts depuis un demi-siècle serait inintelligible s'il n'y avait pas le fait, international et social, de l'École de Paris. C'est en 1911 que Henri Laurens commence à participer au mouvement créateur de l'art du XXe siècle. La sculpture marque encore à cette époque un certain retard sur la peinture. La personnalité de Rodin domine ; elle entraîne la cohorte des jeunes qui, de Despiau à Joseph Bernard ou à Bourdelle, s'apprêtent à créer des oeuvres souvent admirables mais entièrement dominées par les principes techniques et esthétiques du géant qui achève la Renaissance, plus attaché à son époque par le sentiment que par la forme. Donc, en 1911, Laurens entre en contact avec le fait nouveau de son siècle : l'art vivant, le Cubisme. Et puisque alors il n'existe pas de sculpture réellement d'avant-garde, c'est l'exemple des peintres et la fréquentation, peu après, des critiques et des littérateurs qui amène Laurens à explorer de nouveaux domaines. A vrai dire Laurens ne fait partie d'aucun groupe. Réservé, silencieux, il s'approche et il observe. Cinq ans plus tard seulement, en 1916, on le verra au Nouvel Essor de L. Rosenberg, ainsi qu'aux réunions de la rue Huyghens, à la Revue Nord-Sud de Reverdy, avec les Cubistes, les musiciens du groupe Satie, Max Jacob. Mais, à ce moment déjà, il a commencé à créer par lui-même des formes et c'est lui qui, avec Archipenko et Duchamp-Villon, est désormais le conducteur du goût plastique moderne. Il ne progresse pas, au surplus, par spéculation mais par réalisation. Les premières oeuvres, inspirées des recherches de Picasso et de Braque, datent de 1911. Elles sont perdues. Il y eut d'abord quelques croquis jetés sur les murs d'un atelier pour confirmer une argumentation. Puis quelques reliefs : d'une figure, de deux têtes, qui ont disparu. Laurens a commencé par les papiers collés, comme Braque, comme Picasso, comme Gris, comme Sonia Delaunay. 1911, c'est le moment où les spéculations théoriques prennent chez les artistes une forme positive ; où se rompent les liens techniques avec le passé ; où la couleur et la forme, libérées par les expériences antérieures, entrent dans de nouveaux systèmes ; où la notion de création, on disait " construction ", s'impose à partir d'une pratique ma...

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