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Johann Wolfgang Goethe par Robert d'Harcourt de l'Académie française Entre toutes les épithètes-clichés qui furent si libéralement octroyées à Goethe, il n'en est peut-être pas qui ait plus efficacement contribué à fausser ses traits que celle " d'olympien ".

Publié le 05/04/2015

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Johann Wolfgang Goethe par Robert d'Harcourt de l'Académie française Entre toutes les épithètes-clichés qui furent si libéralement octroyées à Goethe, il n'en est peut-être pas qui ait plus efficacement contribué à fausser ses traits que celle " d'olympien ". La vérité est que l'impassibilité fut chez lui un masque et la sérénité une conquête. Peu d'hommes eurent plus à lutter contre ces ennemis intérieurs que sont des nerfs vibrants et une sensibilité emportée vers tous les extrêmes. " Ballotté entre le ciel et l'enfer " - c'est ainsi qu'aux jours de sa jeunesse il se dépeint à sa confidente Auguste de Stolberg. L'âge ne le calme pas. A soixante-trois ans, il confesse que si l'idée lui venait de récrire Werther, il l'écrirait plus déchiré et plus tragique encore. C'est un vieillard de soixante-quatorze ans qui compose l'élégie de Marienbad, inspirée par l'amour pour une jeune fille de dix-neuf printemps, Ulrike de Levetzow, et toute brûlante de feu intérieur. Il nous a dit lui-même l'effort que lui a coûté la pyramide à laquelle, dans une image classique, il a comparé son existence, et c'est encore à lui-même qu'il pense quand il parle de l'énergie que requiert de l'homme la résistance à la puissance d'érosion du quotidien, la résistance au " choc infini et inlassable de la vie ". Le combat contre le dehors, contre la lourde masse de " gravats et de décombres " dont la vie encombre notre route, s'est compliqué du combat qu'il eut à mener au-dedans de lui-même contre des éléments hostiles l'un à l'autre. Il est un assemblage vivant de contradictoires. Le chancelier Müller, en 1823, parle de ses " déchirements intérieurs " (innere Zerrissenheit), et sa belle-soeur Johanna Schlosser écrit à Fritz Jacobi : " Goethe ne pourra jamais être heureux, il porte en lui trop de contrastes internes. " La nuit est au-dedans de lui aussi puissante que la lumière. Jean-Paul l'a appelé d'un mot admirable " l'homme le plus clair d'Europe ", mais un critique allemand a pu, avec autant de justesse, voir en lui " l'homme nordique au fond méditatif et inquiet ". L'équilibre grec d'Iphigénie, l'égalité de lumière bourgeoise qui baigne Hermann et Dorothée ne doivent pas nous donner le change. Lui-même a vu le danger et pris ses sûretés contre l'ombre. A mesure qu'il s'avance sur sa route, nous le voyons délibérément rechercher toujours plus les régions claires. Il a écrit sur son Faust des paroles qui éclairent à la fois la conscience du péril et le souci de l'hygiène : " Je n'ai accueilli qu'une fois ces diableries et ces magies. J'étais tout heureux d'avoir acquitté à mon héritage nordique son tribut et de pouvoir me tourner du côté des tables de la Grèce. " La raison qui lui a fait condamner chez l'Allemand l'indéfini, l'absence de contours et de forme (Formlosigkeit) lui a fait aimer dans le génie français les arêtes vives et les profils nets. " Quel grand homme limpide que Molière ! ", écrit-il. Au peintre Preller il donne Le Lorrain comme modèle. Il voit dans la pente instinctive de ses compatriotes vers la méditation spéculative et l'abstraction le pire danger pour leur langue : " La spéculation philosophique fait du tort aux Allemands, elle donne à la lang...
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