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John Locke par Raymond Polin Professeur à l'Université de Lille Étrange destinée, qui est réservée à la philosophie de John Locke.

Publié le 05/04/2015

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John Locke par Raymond Polin Professeur à l'Université de Lille Étrange destinée, qui est réservée à la philosophie de John Locke. Tant qu'il vécut, la République des Lettres, à travers toute l'Europe, l'entoura considération et de sympathie ; la publication longtemps attendue de ses grandes oeuvres fut un événement. Après sa mort, le XVIIIe siècle tout entier commenta ses idées et admira " le grand Monsieur Locke ". Et cependant il ne fournit plus, dans nos histoires de la philosophie et dans notre culture consciente, qu'une pâte molle et tiède, apparemment dépourvue désormais de levain. S'il sert encore de point de référence, on ne l'étudie guère et, par une bizarre ironie du sort, on le connaît surtout à travers Leibniz et à travers les commentaires critiques que celui-ci avait donnés de l'Essay concerning human understanding sous le titre Nouveaux Essais sur l'entendement humain. Une fois pour toutes, on lui a imposé l'étiquette d'empiriste et l'on a renoncé à sauver un empirisme que rien ne vient revigorer, ni l'immatérialisme absolu d'un Berkeley, ni le scepticisme éveilleur d'un Hume : ses commentateurs modernes eux-mêmes n'osent parler de lui qu'à la condition d'insister sur la confusion, l'équivoque, la platitude de ses idées. Il n'est pas jusqu'à son oeuvre politique, les Traités sur le gouvernement civil qui, après avoir fécondé et nourri toute la spéculation politique du XVIIIe siècle, après avoir inspiré les fondateurs des États-Unis d'Amérique, ne se soit vu privée d'un parrainage si bien mérité : les révolutionnaires américains, ne voulant pas appuyer leur action sur la philosophie d'un Anglais, préféraient se recommander ouvertement des philosophes français, d'un Montesquieu par exemple. Locke ne serait-il pas le type même des philosophes à redécouvrir et peut-être même à réhabiliter ? Né en 1632, il traverse sans encombre, grâce à son jeune âge, les troubles de la première Révolution anglaise et il passe le temps du Protectorat comme étudiant, puis comme fellow à Oxford, à Christ Church College. Il mène alors de front toutes sortes d'études, du grec et du latin à la philosophie et à la médecine, drainant déjà, sur le chemin d'une culture universelle, les estimes et les amitiés les plus diverses, du savant Robert Boyle, avec lequel il fonde la Royal Society, au premier lord Shaftesbury. Rien n'a manqué à sa formation, ni l'éducation universitaire la plus raffinée, ni les longs séjours à l'étranger - il vivra en France de 1675 à 1679, puis en Hollande, de 1683 à 1689, et il prendra chaque fois de vivants contacts avec les milieux savants - ni la pratique des grandes affaires publiques. On le voit aussi bien réussir de délicates interventions chirurgicales que participer aux grands conseils du Royaume ou servir de confident au comte Shaftesbury ou au futur roi Guillaume III d'Orange. Il devait son charme personnel à cette curiosité universelle, à cette sympathie toujours offerte aux autres, à cette volonté de conciliation et d'accord qui marque son activité politique et qui caractérise tout particulièrement ses convictions religieuses. Bien qu'ayant reçu une éducation d'un calvinisme strict, on le verra, en effet, tout au long de sa vie, manifester, en même temps qu'une foi réelle, un goût pour les doctrines larges qui, du latitudinarisme à l'arminianisme, tendent à limiter le christianisme à la foi dans le Christ comme le Messie et à la pratique de la morale chrétienne. Il s'appuiera sur ce dogme simple pour prêcher la tolérance en affirmant qu'au...
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