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La Pérouse par André Reussner de l'Académie de marine, Paris Y eut-il jamais homme dont les dehors éveillent moins l'idée du sublime que La Pérouse ?

Publié le 05/04/2015

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La Pérouse par André Reussner de l'Académie de marine, Paris Y eut-il jamais homme dont les dehors éveillent moins l'idée du sublime que La Pérouse ? Ses portraits, une ou deux miniatures surtout dont le réalisme ne saurait mentir, montrent un gros garçon débordant de bonne humeur avec un soupçon de malice, mais au demeurant un peu rustique. Rustique, ce provincial d'un Midi à demi-auvergnat l'était en effet ; il l'avouait avec la meilleure grâce du monde : " J'aurais été au supplice, écrivait-il un jour, si, ayant épousé une demoiselle de Paris, notre bonhomie et nos manières albigeoises lui avaient paru ridicules. " Sa correspondance est d'un homme simple et limpide, étranger à l'intrigue et excellent camarade ; d'un officier plus soucieux de bien servir que de briguer les postes où l'on sert avec éclat, heureux de son sort, prêt à accepter tous les commandements qu'on voudra bien lui confier, fût-ce celui des gabarres affectées au transport des bois de la Marine, parce qu'ils satisfont sa passion pour la mer. Nous ne savons d'où cette passion lui est venue. Il était de souche terrienne, étant né le 23 août 1741 au château du Gô, près d'Albi, de Victor-Joseph de Galaup, dont les ancêtres s'étaient distingués dans la gestion des intérêts de la ville, et de Marguerite de Rességuier, d'une vieille famille du Rouergue. Faut-il croire à l'ascendant, resté ignoré, d'un professeur au collège local des Jésuites ? Deux condisciples de La Pérouse, Rochegude et Mengaud de la Hage, devaient entrer comme lui dans la Marine. Ou bien les souvenirs de campagnes contés au Gô par le vieil amiral de La Jonquière, cousin des Galaup, ont-ils assez enflammé l'âme de l'enfant pour décider de sa vocation ? Toujours est-il que nous le trouvons le 19 décembre 1756 garde de la Marine à Brest et portant, d'une terre que son père lui a donnée, le nom de La Pérouse. La guerre de Sept Ans bat son plein : tristes débuts pour un jeune officier que de servir à bord de vaisseaux vaincus ! Capturé le 20 novembre 1759, dans le désastre des Cardinaux, La Pérouse connaît, deux ans durant, les humiliations du prisonnier. Une croisière heureuse exécutée en 1762, sous les ordres du chevalier de Ternay, contre les pêcheries anglaises de Terre-Neuve, commence à peine à apaiser son amertume quand survient la paix avec, pour cortège, au moins pendant quelques années, d'inévitables économies. Les armements se raréfient. La modestie du futur explorateur du Pacifique le conduit à charrier des bois le long des côtes de France, à commander d'humbles flûtes dans les mers de l'Inde : en 1775, il n'est encore qu'enseigne à un âge où son rival en gloire, Bougainville, ayant fait à la marine la grâce de la préférer à l'armée, avait troqué le grade de colonel contre celui de capitaine de vaisseau. Dans cet officier obscur, comment deviner l'homme que, dix ans plus tard, la France acclamera avant d'entourer son nom d'une atmosphère de légende ? Peut-être faut-il, pour s'en douter, pénétrer dans sa vie intime, se souvenir de ses fiançailles avec une jeune créole de l'Ile-de-France, aussi pauvre ...

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