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L'Afrique avant 1945 par Thierry Hentsch et Issa Ben Yacine Diallo Professeur

Publié le 05/04/2015

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L'Afrique avant 1945 par Thierry Hentsch et Issa Ben Yacine Diallo Professeur de Politique Internationale et Docteur ès Science Politique Malgré les perspectives qu'offrent certains ouvrages récents, l'histoire de l'Afrique demeure largement tributaire des courants de pensée européens et américains. Il est donc difficile de donner du continent une image authentique, une image qui ne soit pas, peu ou prou, le produit d'un amalgame de visions extérieures au monde Africain. Bien que l'histoire de l'homo sapiens ait débuté en Afrique, bien que son sol ait porté une civilisation plusieurs fois millénaire, une des premières dont nous ayons connaissance - l'Égypte des Pharaons -, bien que le Moyen Âge africain donne l'exemple d'empires et de royaumes florissants, en contact avec l'extérieur (tels le Ghana, le Mali, l'Éthiopie), l'Afrique a été longtemps - et reste souvent - considérée par les Européens comme un continent sans passé et sans civilisation, comme de grands espaces politiquement vides, que l'ère coloniale aurait fait entrer dans l'histoire universelle. Schématisation sommaire. Un peu à l'image des contours géographiques du continent ; compact et simple ; masse indivisible, à première vue, où ne pénètre pas la mer. Mais qu'on approche le regard de ses côtes septentrionales : le bassin méditerranéen constitue un ensemble indéniable, auquel participent tous ses riverains, et dont les premiers sables du Sahara marquent les limites méridionales. De même à l'est, le Soudan oriental, l'Érythrée et la Somalie - sans parler de l'Égypte - flirtent en mer Rouge avec la péninsule Arabique. Le continent, d'abord si massif, laisse voir ses fissures ; et les mers qui l'entourent au nord et au nord-est apparaissent davantage comme des traits d'union que comme des césures. Mais le Sahara, à son tour, n'est pas non plus la coupure brûlante qu'on pourrait croire : lieu de passage et de mélange, lien privilégié du Soudan occidental et de l'Afrique équatoriale avec le monde, avant que les Européens ne viennent mouiller le long des côtes de Guinée. Finalement, l'Afrique - l'Afrique noire comme l'Afrique du Nord - n'est pas plus monolithique ni plus isolée des grands courants mondiaux que n'importe quel autre continent. Elle devient même dès le XVe siècle (pour son malheur) une cheville ouvrière du système économique triangulaire établi au bénéfice de l'Europe : c'est dans ses terres qu'on pompe sans ménagement la main-d'oeuvre esclave nécessaire à l'exploitation par les puissances coloniales des richesses du Nouveau Monde. Quatre siècles de traite, avec les guerres intestines qui résultent inévitablement de la chasse à l'homme à travers laquelle s'alimente le marché, ravagent et disloquent les royaumes du Soudan occidental et du Congo. Quatre siècles de régression dans lesquels s'engloutit lentement un passé prestigieux. Passé dont les traces survivent tant bien que mal en dépit de tout, non seulement sous forme de pierres et de sculptures, mais aussi, à certains égards, dans les institutions. Mais ces traces elles-mêmes sont comme oblitérées par les soixante-quinze ans de colonisation qui, brutalement, propulsent l'Afrique dans le XXe siècle. Entièrement partagée et colonisée au cours des trente années qui précèdent le début de la Première Guerre mondiale, l'Afrique d'a...
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