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L'Afrique par Théodore Monod Professeur au Muséum national d'histoire naturelle Un continent bien défendu.

Publié le 05/04/2015

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L'Afrique par Théodore Monod Professeur au Muséum national d'histoire naturelle Un continent bien défendu. - Prenez celle que vous voudrez de 1500 à 1815, l'Africa de Diego Ribeiro (1529), celle du chroniqueur de l'expédition de Magellan, Filippo Pigafetta (1521), les cartes de Sanson d'Abbeville, géographe ordinaire du Roy (1683), ou cent autres : partout vous trouverez un trait de côte exact - ou presque - et couvert de noms et puis tout l'intérieur bourré, pour des raisons de simple remplissage " artistique ", des indications les plus fantaisistes : Hic sunt leones, etc. En fait, au début du XIXe siècle, on ne connaissait guère encore de l'Afrique que ses plages. La belle époque des vues de côtes et de la littérature d'instructions nautiques. Une Afrique de marins. Pas encore la vraie, difficile d'accès, pour bien des raisons : situation très périphérique, en " cul de sac " de l'Afrique tropicale dans un ancien monde dont l'épine dorsale s'aligne de Tartessos à la Chine par Cnosse, Memphis, Suse et l'Indus - caractère prodigieusement massif d'un bloc aux côtes dépourvues de toute articulation, de péninsule, de baie ou d'archipel hostilité qu'on dirait presque systématique d'un littoral retranché derrière ses hauts fonds, ses grèves rectilignes, ses mangroves, les rouleaux de sa barre, l'écran de sa forêt et, quand il le faut, les rapides des cours inférieurs de ses fleuves - facade désertique à peine plus hospitalière à l'étranger que la maritime - obstacles physiologiques non moins efficaces quand la white man's grave méritait son nom et qu'en 1834 neuf seulement revenaient vivants sur les quarante-huit membres d'une expédition au Bas-Niger - enfin populations souvent de mauvaise humeur, tour à tour apeurées ou belliqueuses, même en dehors des cas, fréquents, de légitime défense, et non pas que les Africains aient été plus " sauvages " que d'autres, mais parce que, malgré les fortes influences extérieures qu'ils ont de siècles en siècles subies, ils vivaient très isolés, très " enkystés ", très " marginaux " par rapport aux grands foyers de civilisation, orientaux et méditerranéens, sans jamais avoir appartenu aux grands systèmes politiques ou économiques eurasiatiques. Ce continent replié tant de millénaires sur lui-même, sans alphabet, donc sans histoire écrite, monotone et démesuré, ...
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