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L'Amérique latine de l'après-guerre par Leslie F.

Publié le 05/04/2015

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L'Amérique latine de l'après-guerre par Leslie F. Manigat Director Institute of International Relations, Trinidad De 1945 à 1975, l'évolution de l'Amérique latine a traversé trois phases majeures. Une première phase va de 1945 à 1959. Elle est dominée par l'alignement officiel de l'Amérique latine aux côtés des États-Unis dans la guerre froide. Cet alignement, en effet, commande - positivement et négativement - l'appréhension des problèmes et surtout l'orientation des solutions, tentatives de solution ou absences de solution qui caractérisent l'action des gouvernements et des peuples au cours de cette tranche de l'évolution latino-américaine. La deuxième phase va de 1959 à 1969. Elle est dominée par l'impact (positif et/ou négatif) et par la polarisation (interne et internationale) que provoquent en Amérique latine la révolution cubaine et les expériences de guérilla révolutionnaire (rurale et urbaine) déclenchées dans le sous-continent à l'image et à la suite de la victoire castriste. Toute l'évolution d'alors gravite autour de la réponse, multiforme, à ce défi global. La troisième phase commence en 1970. C'est celle d'une nouvelle prise de conscience, au niveau des dirigeants latino-américains, de l'importance clef pour leur destin de la relation conflictuelle nord-sud et des efforts pour éviter une confrontation - non désirée par la plupart - au profit d'une difficile négociation avec les États-Unis dans la lutte pour le développement de cette partie du monde. Quelque distinctes que soient ces phases, cependant, un certain nombre de problèmes permanents, liés aux aspects spécifiques et aux étapes différentes du sous-développement selon les pays, se retrouvent à chacune d'elles et les traversent, pour ainsi dire, l'une après l'autre, en évolution continue, prenant le visage changeant des conjonctures successives. Il faudrait alors, pour chaque phase, déterminer les modalités et le sens de cette évolution ininterrompue. La tournure particulière que prend chacun de ces grands problèmes, la façon dont les leaders et leurs collectivités conçoivent ou admettent qu'ils se posent, le type de combinaison dans laquelle ces problèmes viennent se nouer et les situations concrètes qui découlent du rapport entre les initiatives individuelles et la nécessité sociale du moment, dans les expériences tentées pour les résoudre, font l'originalité de l'expérience latino-américaine entre l'inauguration et la fin de chacune de ces trois tranches chronologiques successives. Les nécessités de la vie collective, dans les sociétés latino-américaines d'après guerre, donnent un caractère pressant à la solution d'une douzaine de problèmes, prioritaires à cause de leur importance fondamentale, de leur signification et de leur solidarité : la croissance démographique, la question agraire, l'urbanisation, l'industrialisation, la question sociale, la crise révolutionnaire et la violence idéologico-politique, l'intervention des forces religieuses et militaires dans la politique militante, le sort du système des partis et la nature du régime politique, l'état des relations économiques extérieures, l'intégration, les relations avec les USA et enfin la place de l'Amérique latine comme système régional subordonné dans le système international mondial. Permanence des problèmes, variation dans leur position ont fait dire de l'Amérique latine qu'elle était immuable et changeante. De 1945 à 1975, en tout cas, le récitatif des conjonctures présente tour à tour les traits tourmentés d'une Amérique latine en quête d'un nouvel équilibre intérieur et international, traits qui lui composent trois visages successifs : l'Amérique latine dans le contexte de la guerre froide, l'Amérique latine devant le défi cubain et enfin l'Amérique latine à la recherche d'un nouvel ordre mondial. La croissance démographique. La population totale de l'Amérique latine indépendante qui était de 125 millions d'habitants environ en 1940 est passée à 250 millions en 1968 et dépasse 300 millions d'habitants en 1975. C'est un vigoureux accroissement d'ensemble. Malgré la propagande en faveur du contrôle des naissances, le taux de croissance de la population qui était de 2,5 ? en moyenne pour le quinquennat 1945-1950 est devenu supérieur à 3 ? pour la décennie 1960-1970. Le " responsable " a un nom, la baisse du taux de mortalité qui passe de 11 ? en 1960 à 9 ? en 1970, particulièrement celui de la mortalité infantile qui chute avec les progrès de l'hygiène et de l'action médicale. De ce fait, les densités de population atteignent des sommets exceptionnels dans certaines régions, surtout dans les Caraïbes. Mais même sur le continent, où il existe de si grandes étendues de forêts vierges à l'intérieur des terres, la concentration de la population sur le littoral explique la forte densité humaine sur la partie effectivement occupée du territoire national, alors que le chiffre national peut paraître faible. Cette explosion démographique ne fait qu'aggraver le problème de la terre, déjà chronique en Amérique latine à la fin du XIXe siècle et devenu crucial, on l'a vu, avec les dépossessions paysannes (petits propriétaires privés ou communautés indiennes) au profit des latifundias : tensions sur l'altiplano bolivien et la sierra péruvienne, violences dans les campagnes colo...

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