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L'Amérique latine de l'après-guerre

Publié le 27/02/2008

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De 1945 à 1975, l'évolution de l'Amérique latine a traversé trois phases majeures. Une première phase va de 1945 à 1959. Elle est dominée par l'alignement officiel de l'Amérique latine aux côtés des États-Unis dans la guerre froide. Cet alignement, en effet, commande ­ positivement et négativement ­ l'appréhension des problèmes et surtout l'orientation des solutions, tentatives de solution ou absences de solution qui caractérisent l'action des gouvernements et des peuples au cours de cette tranche de l'évolution latino-américaine. La deuxième phase va de 1959 à 1969. Elle est dominée par l'impact (positif et/ou négatif) et par la polarisation (interne et internationale) que provoquent en Amérique latine la révolution cubaine et les expériences de guérilla révolutionnaire (rurale et urbaine) déclenchées dans le sous-continent à l'image et à la suite de la victoire castriste. Toute l'évolution d'alors gravite autour de la réponse, multiforme, à ce défi global. La troisième phase commence en 1970. C'est celle d'une nouvelle prise de conscience, au niveau des dirigeants latino-américains, de l'importance clef pour leur destin de la relation conflictuelle nord-sud et des efforts pour éviter une confrontation ­ non désirée par la plupart ­ au profit d'une difficile négociation avec les États-Unis dans la lutte pour le développement de cette partie du monde.       

« De 1945 à 1975, l'évolution de l'Amérique latine a traversé trois phases majeures.

Une première phase va de 1945 à1959.

Elle est dominée par l'alignement officiel de l'Amérique latine aux côtés des États-Unis dans la guerre froide.Cet alignement, en effet, commande positivement et négativement l'appréhension des problèmes et surtoutl'orientation des solutions, tentatives de solution ou absences de solution qui caractérisent l'action desgouvernements et des peuples au cours de cette tranche de l'évolution latino-américaine.

La deuxième phase va de1959 à 1969.

Elle est dominée par l'impact (positif et/ou négatif) et par la polarisation (interne et internationale) queprovoquent en Amérique latine la révolution cubaine et les expériences de guérilla révolutionnaire (rurale et urbaine)déclenchées dans le sous-continent à l'image et à la suite de la victoire castriste.

Toute l'évolution d'alors graviteautour de la réponse, multiforme, à ce défi global.

La troisième phase commence en 1970.

C'est celle d'une nouvelleprise de conscience, au niveau des dirigeants latino-américains, de l'importance clef pour leur destin de la relationconflictuelle nord-sud et des efforts pour éviter une confrontation non désirée par la plupart au profit d'une difficilenégociation avec les États-Unis dans la lutte pour le développement de cette partie du monde.

Quelque distinctes que soient ces phases, cependant, un certain nombre de problèmes permanents, liés aux aspectsspécifiques et aux étapes différentes du sous-développement selon les pays, se retrouvent à chacune d'elles et lestraversent, pour ainsi dire, l'une après l'autre, en évolution continue, prenant le visage changeant des conjoncturessuccessives.

Il faudrait alors, pour chaque phase, déterminer les modalités et le sens de cette évolutionininterrompue.

La tournure particulière que prend chacun de ces grands problèmes, la façon dont les leaders et leurscollectivités conçoivent ou admettent qu'ils se posent, le type de combinaison dans laquelle ces problèmes viennentse nouer et les situations concrètes qui découlent du rapport entre les initiatives individuelles et la nécessité socialedu moment, dans les expériences tentées pour les résoudre, font l'originalité de l'expérience latino-américaine entrel'inauguration et la fin de chacune de ces trois tranches chronologiques successives.

Les nécessités de la vie collective, dans les sociétés latino-américaines d'après guerre, donnent un caractèrepressant à la solution d'une douzaine de problèmes, prioritaires à cause de leur importance fondamentale, de leursignification et de leur solidarité : la croissance démographique, la question agraire, l'urbanisation, l'industrialisation,la question sociale, la crise révolutionnaire et la violence idéologico-politique, l'intervention des forces religieuses etmilitaires dans la politique militante, le sort du système des partis et la nature du régime politique, l'état desrelations économiques extérieures, l'intégration, les relations avec les USA et enfin la place de l'Amérique latinecomme système régional subordonné dans le système international mondial.

Permanence des problèmes, variationdans leur position ont fait dire de l'Amérique latine qu'elle était immuable et changeante.

De 1945 à 1975, en toutcas, le récitatif des conjonctures présente tour à tour les traits tourmentés d'une Amérique latine en quête d'unnouvel équilibre intérieur et international, traits qui lui composent trois visages successifs : l'Amérique latine dans lecontexte de la guerre froide, l'Amérique latine devant le défi cubain et enfin l'Amérique latine à la recherche d'unnouvel ordre mondial.

La croissance démographique.

La population totale de l'Amérique latine indépendante qui était de 125 millionsd'habitants environ en 1940 est passée à 250 millions en 1968 et dépasse 300 millions d'habitants en 1975.

C'est unvigoureux accroissement d'ensemble.

Malgré la propagande en faveur du contrôle des naissances, le taux decroissance de la population qui était de 2,5 ‰ en moyenne pour le quinquennat 1945-1950 est devenu supérieur à3 ‰ pour la décennie 1960-1970.

Le “ responsable ” a un nom, la baisse du taux de mortalité qui passe de 11 ‰en 1960 à 9 ‰ en 1970, particulièrement celui de la mortalité infantile qui chute avec les progrès de l'hygiène et del'action médicale.

De ce fait, les densités de population atteignent des sommets exceptionnels dans certainesrégions, surtout dans les Caraïbes.

Mais même sur le continent, où il existe de si grandes étendues de forêts viergesà l'intérieur des terres, la concentration de la population sur le littoral explique la forte densité humaine sur la partieeffectivement occupée du territoire national, alors que le chiffre national peut paraître faible.

Cette explosion démographique ne fait qu'aggraver le problème de la terre, déjà chronique en Amérique latine à la fin du XIXe siècle et devenucrucial, on l'a vu, avec les dépossessions paysannes (petits propriétaires privés ou communautés indiennes) au profit des latifundias : tensionssur l'altiplano bolivien et la sierra péruvienne, violences dans les campagnes colombiennes, détresse dans le Nord-Est brésilien, etc.

Le thème de laréforme agraire passe au premier plan des préoccupations, surtout après le déclenchement de mouvements paysans d'occupation et les jacqueriesde la période d'après-guerre.

Rappelant la relance de la réforme agraire mexicaine par Cardenas P050 dans les années 30, les politiques de redistribution de terres et de libération des paysans sont mises en avant par les “ révolutions ” des années 50 : bolivienne de 1951 avec Paz Estenssoro P2293 , et guatémaltèque de 1950 avec Arbenz P1109 , par exemple.

Mais surtout, la hardiesse de la réforme agraire cubaine et ses réussites sociales, ainsi que la nécessité de combattre la guérilla rurale ou d'en prévenir la naissance dans les années soixante, obligent tous lesrégimes politiques à reconnaître l'urgence d'une solution de justice sociale dans les campagnes pour changer des structures agraires dangereusespour la paix sociale et rurale.

(Entre 5 et 10 % de la population possédaient entre 70 et 90 % des terres.) Aussi n'est-il pas étonnant que leprogramme de l'Alliance pour le Progrès de John Kennedy P180 préconise la réforme agraire (redistribution des terres et modernisation des techniques) comme tâche prioritaire en Amérique latine, et que l'Organisation des États américains inclue dans ses plans d'assistance technique etd'action sociale l'aide et l'encouragement à la réforme agraire dans les pays membres.

La relative timidité de la plupart de ces réformes agrairesassorties d'indemnisation ne s'explique pas seulement par la résistance locale des intérêts établis (haciendades nationaux ou compagniesétrangères) mais aussi, dans une large mesure, par les difficultés financières, techniques et surtout politiques de réalisation d'une mutation decette envergure dans le faciès rural latino-américain par les régimes modérément progressistes au pouvoir, les projets de réforme agraire présentéspar ceux-ci étant combattus par la droite, mal soutenus par la gauche et critiqués par l'extrême-gauche.

L'urbanisation, elle, poursuit sa folle lancée, à un rythme de croissance qui est le plus rapide du monde.

Desstatistiques révèlent qu'en 1970, Buenos Aires, Rio de Janeiro, São Paulo et Mexico avaient plus de 5 millions. »

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