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Le royaume de France Capétiens et Valois (de 987 à 1498) par Jean Favier Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, Rouen L'idée que donne du royaume de France l'examen rapide d'une carte est, pour la fin du Moyen Âge, singulièrement illusoire.

Publié le 05/04/2015

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Le royaume de France Capétiens et Valois (de 987 à 1498) par Jean Favier Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, Rouen L'idée que donne du royaume de France l'examen rapide d'une carte est, pour la fin du Moyen Âge, singulièrement illusoire. La Meuse et le Rhône sont les limites approximatives audelà desquelles s'étend l'Empire ; Cambrésis, Alsace, Lorraine, FrancheComté, Savoie, Dauphiné et Provence ne sont pas encore terres françaises, cependant qu'une partie de la Flandre, avec Bruges et Gand, est encore mouvante du roi. Mais la réalité est bien plus complexe. Dès le XIIIe siècle, l'autorité royale est battue en brèche par le peuple flamand. Vestige de l'État Plantegenêt, la Guyenne est liée à l'Angleterre par ses intérêts économiques autant que par l'action efficace des sénéchaux venus d'outreManche. La Bretagne tend à échapper à l'influence française, et la Bourgogne du XVe siècle évolue vers l'indépendance. En revanche, le comté de Provence est, depuis 1246 aux mains d'un prince français et le Dauphiné appartient, depuis 1349 au roi de France ou à son héritier. La population du royaume est relativement nombreuse : une dizaine de millions d'habitants au XIe siècle, une quinzaine à la fin du Moyen Âge, ce qui représente, dans les limites actuelles de la France, quelque vingtdeux à vingtcinq millions d'habitants ; la France de Charles VIII connaît une densité de population égale à la moitié de la densité actuelle. Le royaume des fleurs de lis est alors, sans doute, le pays le plus peuplé d'Europe. Observons toutefois l'inégale répartition du peuplement. Dans les riches plaines à blé, on compte entre quinze et vingt familles au kilomètre carré, mais la densité tombe à cinq ou six sur les terroirs pauvres. Quant aux villes, dont l'essor commence au cours du XIe siècle, elles ne sont dans la grande majorité des cas, à la fin du Moyen Âge, que des bourgades où un nombre réduit d'habitants s'entasse dans une enceinte encore plus réduite. Un corps de ville, un évêché, un commerce et un artisanat leur donnent cependant les fonctions d'une ville. Mais, s'il y a une centaine de milliers de Parisiens au temps des premiers Valois, la capitale du royaume est une exception : la population de Toulouse oscille entre vingt et trente mille, et celle de Périgueux entre cinq et sept mille âmes. Neuf Français sur dix sont des ruraux. De l'époque de Louis VI à celle de Charles VIII, la campagne française subit de profonds bouleversements. Le paysage rural change, les mentalités économiques se renouvellent. C'est tout d'abord, au XIIe siècle, un prodigieux mouvement de défrichement. Croissance démographique et élargissement des terroirs cultivés vont de pair, cependant que se développent les échanges commerciaux rendus plus aisés par le retour à une économie monétaire. Partout, le manteau forestier recule devant les céréales. On assèche même certains marécages du littoral atlantique. La France du XIIIe siècle vit en pleine prospérité. Dès le début du siècle suivant, cette expansion trouve ses limites. Semences noyées et récoltes pourries sur pied sont alors le lot commun de l'Europe soumise à un climat plus froid et surtout plus humide qu'aux siècles précédents. Les épidémies, et en particulier la Peste Noire de 1348, déferlent sur une population sous alimentée dont elles tuent parfois dix à trente pour cent. Et puis, il y a la guerre. Les chevauchées épisodiques des princes sillonnent la campagne. Pendant les trêves et les saisons d'hiver, les bandes de mercenaires sans emploi, les " compagnies " sans solde, la ravagent, pillant, incendiant, violant. Bref est le passage des hommes d'armes, mais les dégâts subsistent. De ce temps de difficultés naturelles, la guerre fait en certaines régions une époque de désolation. Le paysan se lasse d'entretenir en vain son exploitation, de reconstruire en vain ses bâtiments. Nombreux sont alors ceux qu'attirent à la ville les salaires industriels ou que tentent sur les grands chemins l'aventure des vagabonds. Lorsque revient la paix, dans la seconde moitié du XVe siècle, la campagne française fait peau neuve. Les anciennes structures sociales n'ont résisté ni aux mouvements de population ni aux mutations de la fortune immobilière. De nouveaux maîtres s'établissent sur la terre, à la place d'anciens seigneurs ruinés par la dévaluation des revenus fixes, par les charges de la guerre, par les rançons. Magistrats et officiers de finance trouvent dans la terre un placement sur en même temps qu'un signe extérieur de leur réussite sociale et politique. La population paysanne se renouvelle aussi, en bien des contrées, car les besoins de la reconstruction agraire provoquent une immigration de province à province. A côté des anciens types de concession à cens perpétuel, se multiplient les nouveaux types de baux ruraux à terme, fermage et métayage. En profitent les plus aisés des cultivateurs, les " laboureurs ", qui tendent à se constituer en aristocratie paysanne. Alors que disparaissent les différences juridiques entre paysans, se creuse le fossé qui sépare riches et pauvres. Si les villes n'échappent pas aux crises, elles souffrent moins dans leur activité et pans...
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« par Jean Favier Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, Rouen. »

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