Devoir de Philosophie

Les États-Unis dans l'après-guerre par Roger Heacock Écrivain, Genève Qu'est-ce que les États-Unis en 1945 ?

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

Les États-Unis dans l'après-guerre par Roger Heacock Écrivain, Genève Qu'est-ce que les États-Unis en 1945 ? Au niveau le plus abstrait, le plus littéraire, on trouve déjà l'affrontement de deux mythes à la fois complémentaires et contradictoires ; d'abord celui du shérif qui balaie le mal par la force de ses pistolets, de son esprit et de son cheval (pistolets : puissance militaire ; esprit : capital renouvelé ; cheval : potentiel économique). C'est la vision manichéiste mais non point tellement légaliste des États-Unis en tant que forces du bien face aux puissances destructrices (constituées souvent par des gens de couleur) bien supérieures en nombre, mais dont le héros finalement triomphe. C'est le Lone Ranger, Hoppalong Cassidy, et finalement Superman. D'autre part, le mythe du hors-la-loi anarchiste jusqu'au nihilisme, travaillant généralement seul et à des fins antisociales. C'est un hors-la-loi qui ne se veut pas matérialiste, mais qui est guidé par l'instinct de la violence vers le royaume illusoire de la liberté vue comme le pouvoir absolu de l'individu sur son environnement, envers et contre tout. Il balaie les hommes et les choses sur son passage, jusqu'à sa propre destruction. Il est incarné par les antihéros tels que Billie the Kid, Jesse James, le capitaine Ahab. Selon les circonstances historiques, les Américains se reconnaissent dans l'un ou l'autre des deux mythes : lorsqu'il s'agit d'annexer des territoires mexicains (Californie, Texas, etc.) ou de réduire les Amérindiens, bref, lorsque les intérêts de l'État U.S. sont en contradiction avec les droits des tiers, c'est l'image du prédateur anarchiste qui prend le dessus ; mais, lorsqu'il faut voler au secours de nations menacées dans leur existence, version popularisée de la participation américaine dans deux guerres mondiales, le pays se reconnaît dans le mythe du vengeur héroïque. Avec le recul, on voit que ces deux mythes, qui cohabitèrent longtemps au sein de la conscience nationale, allaient, à partir de 1945, devenir de plus en plus contradictoires et diviser les États-Unis et le monde entre ceux qui acceptaient l'une ou l'autre interprétation de l'action du gouvernement américain. En ce qui concerne l'image des États-Unis à l'étranger, il est impossible, pour la période qui s'ouvre en 1945, de dégager une vision même vaguement homogène. Bien des peuples n'avaient toujours pas entendu parler de l'Amérique, et d'autres, en particulier les millions de colonisés partout dans le monde, s'intéressaient bien plus à leur lutte contre tel ou tel impérialisme européen. Mais dans maints pays du monde on pouvait bien se demander ce que le bastion du capitalisme mondial allait faire de sa prédominance nouvelle, au vu de la situation désespérée dans laquelle se trouvaient les autres économies de marché : les peuples et gouvernements de l'Europe de l'Ouest, exténués par la guerre, se voyaient irrésistiblement attirés dans le sillage de la puissance américaine. Aux États-Unis, la guerre avait été vécue avant tout au niveau de l'aventure heureuse : victoire sur tous les fronts, relativement peu de jeunes gens tombés dans la bataille, et, surtout, relance remarquable de l'économie à partir de l'entrée en guerre en décembre 1941, après onze années interminables de dépression économique que tous les palliatifs du New Deal n'avaient su effacer. Par ailleurs, les Américains se voyaient en sauveurs de l'espèce humaine : tout le monde n'était-il pas d'accord pour dire que le Fascisme était le plus grand mal de tous les temps, et que sans leur intervention ce fléau aurait sans doute réussi à engloutir l'humanité tout entière ?

« par Roger Heacock Écrivain, Genève. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles