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Les États-Unis par J.

Publié le 05/04/2015

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Les États-Unis par J. B. Duroselle Membre de l'Institut Si l'on voulait simplifier à l'extrême l'histoire des États-Unis entre les deux guerres mondiales, on pourrait dire que ce grand pays, devenu, et de loin, la première puissance économique de l'Univers, a cherché de toutes ses forces à ne pas avoir de politique étrangère. Il existe en effet, dans l'histoire américaine, deux grandes traditions parfois complémentaires et parfois contradictoires. L'une est celle de la supériorité morale du peuple américain sur tous les autres peuples, et notamment les Européens, malhonnêtes, belliqueux et pervers. Qui dit supériorité dit " mission ". Si l'esprit missionnaire est actif, il s'efforce de moraliser le reste du monde. C'est ce que Wilson avait tenté. Pour lui, la mission des États-Unis était de mettre fin à la guerre et d'imposer au monde entier une " nouvelle diplomatie ", fondée sur l'égalité des États et la Société des Nations. L'autre tradition est celle de l'isolement (le terme " isolationnisme " ne fera fortune que dans les années 30). Depuis le " discours d'adieu " du président Washington en 1796, il est entendu que les États-Unis ne contractent pas d'alliances au-dehors. Depuis la " doctrine de Monroe " de 1823, il est précisé que les Américains n'interviendront pas dans les affaires européennes. Entre supériorité morale et isolement, on voit bien que les rapports sont complexes. Le goût de l'isolement s'oppose à " l'internationalisme wilsonien ". En novembre 1920, le candidat républicain, Warren G. Harding, sénateur de l'Ohio, bat le candidat démocrate appuyé par Wilson au nom du " retour à la normale " (back to Normalcy), c'est-à-dire à l'isolement, et au nom du " nationalisme " (America First) " l'Amérique d'abord ", qui est la contradiction même de l'internationalisme. Mais l'isolement est parfaitement compatible avec la supériorité morale : c'est parce que nous sommes moralement supérieurs aux autres qu'il faut éviter de se compromettre avec eux. Contrairement à ce que pensait Wilson, les États-Unis ne doivent pas intervenir, ni par leurs forces ni avec leurs dollars, pour créer un monde safe for Democracy. Ils sont le modèle de la vertu internationale (sans bien se rendre compte que cela tient principalement à l'absence de menaces sur leurs frontières). Aux autres de les imiter, et d'abord en atteignant à ce sommet de la vertu qu'est la prohibition légale de l'alcool, que Wilson avait refusée, et qui fait l'objet en 1921 du dix-huitième amendement constitutionnel. Pourtant, l'Univers est présent. Il est là, par la nécessité du commerce international, par le problème des dettes de guerre de l'Entente à l'égard du Trésor américain, par la nécessité où se trouve l'épargne américaine de s'investir à l'extérieur. Il est là, parce qu'existent dans le monde des pays insatisfaits, où des mouvements ultra-nationalistes préparent la grande revanche. Il est là, parce que les communications s'accélèrent, celle des idées, avec les formidables progrès de la radio et la naissance de la télévision, celle des hommes avec l'aviation. Le riche aviateur qu'est Charles Lindbergh a beau être un isolationniste convaincu, il contribue à la ruine de l'isolement en réussissant la première traversée aérienne de l'Atlantique en mai 1927. La formidable crise économique qui se déclenche spectaculairement à la bourse de New York le 24 octobre 1929, mais dont les signes existaient déjà, est, certes, une crise américaine. Mais elle est aussi et surtout mondiale. Elle contribue à diviser les vingt années que nous étudions en deux phases très distinctes. De 1921 à 1933, c'est l'ère républicaine, marquée jusqu'en 1929 par la prospérité et le " nationalisme " orgueilleux. La crise apparaissant comme l'échec des Républicains, le gouverneur démocrate de New York, Franklin Delano Roosevelt est élu, comme le seul sauveur possible, par un peuple désespéré. L'ère républicaine, au premier abord, apparaît comme celle de la prospérité. Les deux premiers présidents n'y sont pas pour grand-chose. Harding est un médiocre, qui transforme en tripot un étage de la M...

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