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LES FONDEMENTS DE LA Psychanalyse

Publié le 27/12/2018

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psychanalyse

Par une séduisante coïncidence, c’est en 1900 que paraît l'Interprétation des rêves, ouvrage par lequel, selon les mots mêmes de Freud, «la psychanalyse se présente au monde comme quelque chose de nouveau». Mais avant cette présentation officielle, un long travail préalable a eu lieu, dont il faut prendre connaissance si l’on veut saisir toute l’importance de cette nouveauté.

 

Les prémices de la psychanalyse

L’aventure psychanalytique commence en 1882, lorsque Freud est contraint, pour des raisons matérielles, d’abandonner ses recherches dans le domaine de la neurologie et de se consacrer au traitement des maladies nerveuses dans le cadre d'un poste hospitalier à Vienne.

 

Les maladies nerveuses sont alors attribuées à des dysfonctionnements organiques et traitées essentiellement au moyen des techniques de l’électrothérapie. L’hystérie constitue un cas particulier, puisque, pour un grand nombre de médecins, les hystériques ne sont pas des malades mais d’habiles simulatrices. Par ailleurs, l’hystérie est tenue par ceux qui la prennent au sérieux pour une affection spécifiquement féminine résultant d’une atteinte organique d’origine utérine.

 

Praticien des maladies nerveuses, Freud va donc devoir se situer dans ce débat et il constituera par là même la préhistoire de la psychanalyse. Celle-ci s’organise autour de trois questions: le statut de l’hystérie, son explication théorique, les possibilités thérapeutiques. Cette mise en place s’accomplira en une quinzaine d’années, marquées par les rencontres exceptionnelles de Freud avec Josef Breucr, Charcot et Wilhelm Fliess.

 

C'est lors de son arrivée à l’hôpital que Freud fait la connaissance du Dr Josef Breuer qui lui parle de l'une de ses patientes hystériques, Anna O., dont il a interrompu le traitement. Il a remarqué que les symptômes de la patiente — paralysies, pertes de mémoire, toux nerveuse, peurs, etc. — disparaissaient, lorsque, étant placée sous hypnose, celle-ci pouvait parler au médecin de ses angoisses et de ses hallucinations. Freud ne prête guère attention au récit de ce cas dont il ne se souviendra que trois ans plus tard, après s'être rendu à Paris pour effectuer un stage dans le service du professeur Charcot à la Salpêtrière. Charcot était alors en train de révolutionner l’approche de l’hystérie : au moyen de la parole suggestive adressée à des malades sous hypnose, il faisait apparaître et disparaître les symptômes de la maladie chez les femmes mais aussi chez les hommes. Par là. il conférait à l'hystérie un statut médical et scientifique ; il montrait qu’il s’agissait bien d'une maladie et non d’un acte de simulation, et rendait caduque l'hypothèse de l’origine utérine de la maladie en démontrant son existence chez des sujets masculins. Le fondement neurologique de l'hystérie demeurait supposé, mais il devenait évident que les symptômes de la maladie pouvaient être supprimés par le seul recours à des moyens d’ordre psychologique et qu’ils obéissaient donc à des lois spécifiques. Pour Freud, cela signifiait la possibilité de concevoir l'existence d’une pensée détachée de la conscience, une pensée qui produit des symptômes à l’insu de ceux qui en sont porteurs: l’esquisse d’une idée de l’inconscient commençait d’apparaître. De retour à Vienne, Freud repense au cas d'Anna O. et propose à Breuer de mettre en commun leurs observations cliniques et l’expérience qu’ils ont du traitement des hystériques. C'est là l’origine

des Études sur l'hystérie (1895). Mais l'entente entre les deux hommes n'est déjà plus qu'apparente: Breuer a renoncé à traiter d'autres malades hystériques et il a interrompu la cure d'Anna O., effrayé et choqué par certains des propos, des allusions sexuelles notamment, que lui a tenus la jeune patiente. Entre Charcot qui, en libérant l'hystcrie de ses origines génitales supposées, a rejeté toute idée de référence à la sexualité, et Breuer qui, pour des raisons morales, ne veut pas entendre parler de sexualité. Freud va tenter de se frayer une voie pour élaborer une nouvelle explication de l'hystcrie prenant explicitement en compte la sexualité.

 

Pour rendre compte de l’évolution du traitement d'Anna O., Breuer avait construit sa théorie de la rétention, posant que, derrière chaque symptôme présente par le malade hystérique, existait un «retenu» de souvenir qui, une fois «libéré», entraînait la disparition du symptôme. A cette théorie, Freud substitue celle de la séduction initiale: certains individus auraient subi dans leur enfance, ou dans leur histoire, des traumatismes réels de nature sexuelle dont le souvenir leur serait à ce point douloureux qu'ils feraient en sorte de les oublier, plus précisément de les refouler. 

psychanalyse

« LES FONDEMENTS DE LA PSYCHANALYSE.

Dans la Vienne début de siècle, le peintre Gustav Klimt représente des thèmes sur lesquels la psychanalyse naissame je11e une lumière nom·elle.

Ci-dessus: la Mort et la Vie.

© Ericlr Lessing · Magnum · DR traitement des maladies nerveuses dans le cadre d'un poste hospitalier à Vienne.

Les maladies nerveuses sont alors anribuées à des dysfonc· tionnements organiques et traitées essentiellement au moyen des tech­ niques de l'électrothérapie.

[;hystérie constitue un cas particulier, puisque, pour un grand nombre de médecins, les hystériques ne sont pas des malades mais d'habiles simulatrices.

Par ailleurs, l'hystérie est tenue par ceux qui la prennent au sérieux pour une affection spéci­ fiquement féminine résultant d'une atteinte organique d'origine uté· ri ne.

Praticien des maladies nerveuses, Freud va donc devoir se situer dans ce débat et il constituera par là même la préhistoire de la psychanalyse.

Celle-ci s'organise autour de trois questions: le statut de l'hystérie, son explication théorique, les possibilités thérapeu· tiques.

Cette mise en place s'accomplira en une quinzaine d'années, marquées par les rencontres exceptionnelles de Freud avec Josef Breuer, Charcot et Wilhelm Fliess.

C'est lors de son arrivée à l'hôpital que Freud fait ta connaissance du Dr Josef Breuer qui lui parle de l'une de ses patientes hystériques, Anna O., dont il a interrompu le traitement.

Il a remar­ qué que les symptômes de la patiente -paralysies, pertes de mé· moire, toux nerveuse, peurs, etc.

-disparaissaient, lorsque, étant placée sous hypnose, celle-ci pouvait parler au médecin de ses an· goisses et de ses hallucinations.

Freud ne prête guère attention au récit de ce cas dont il ne se souviendra que trois ans plus tard, après s'être rendu à Paris pour effectuer un stage dans le service du professeur Charcot à la Salpêtrière.

Charcot était alors en train de révolutionner l'approche de l'hystérie: au moyen de la parole suggestive adressée à des malades sous hypnose, il faisait apparaître et disparaître les symp· tômes de la maladie chez les femmes mais aussi chez les hommes.

Par là, il conférait à l'hystérie un statut médical et scientifique: il montrait qu'il s'agissait bien d'une maladie et non d'un acte de simulation, et rendait caduque l'hypothèse de l'origine utérine de ta maladie en démontrant son existence chez des sujets masculins.

Le fondement neurologique de l'hystérie demeurait supposé, mais il devenait évident que les symptômes de la maladie pouvaient être supprimés par le seul recours à des moyens d'ordre psychologique et qu'ils obéis· saient donc à des lois spécifiques.

Pour Freud, cela signifiait la possibi· �té de concevoir l'existence d'une pensée détachée de la conscience.

une pensée qui produit des symptômes à l'insu de ceux qui en sont porteurs: l'esquisse d'une idée de l'inconscient commençait d'appa· raître.

De retour à Vienne, Freud repense au cas d'A nna O.

et pro· pose à Breuer de mettre en commun leurs observations cliniques et l'expérience qu'ils ont du traitement des hystériques.

C'est là l'origine des Éw des sur /'hysrérie ( 1895).

Mais l'entente entre les deux hommes n·est déjà plus qu'apparente: Breuer a renoncé à traiter d'autres ma­ lades hyst6riques et il a interrompu la cure d'Anna 0., effrayé et choqué par certains des propos.

des allusions sexuelles notamment, que lui a tenus la jeune patiente.

Entre Charcot qui, en libérant l'hystérie de ses origines génitales supposées.

a rejeté toute idée de référence à la sexualité, et Breuer qui, pour des raisons morales, ne veut pas entendre parler de sexualité, Freud va tenter de se frayer une voie pour élaborer une nouvelle explication de l'hystérie prenant ex· plicitemcnt en compte la sexualité.

Pour rendre compte de l'évolution du traitement d'Anna O., Breuer avait construit sa théorie de la rérenriorr, posant que, derrière chaque symptôme présenté par le malade hystérique, existait un «re­ tenu» de sou_venir qui, une fois «libéré», entraînait la disparition du symptôme.

A cette théorie, Freud substitue celle de la séduction i11itiale: certains individus auraient subi dans leur enfance, ou dans leur histoire, des traumatismes réels de nature exuelle dont le souve· nir leur serait à ce point douloureux qu'ils feraient en sorte de les oublier, plus précisément de les refouler.

Freud se trouve conforté sur ce point par les récits des patientes qu'il écoute et il est ainsi conduit à suspecter tous les pères, y compris le sien, d'être d'horribles pervers.

Le statut et l'explication de l'hystérie commencent de se préciser, la question de la méthode thérapeutique adéquate est encore probléma· tique.

Breuer avait mis au point une méthode qu'il appelait «cathar­ tique» et qui, à la différence de la suggestion utilisée par Bernheim et l'école de Nancy à laquelle Freud avait d'abord porté un grand intérêt, n'essayait pas de convaincre ou d'influencer le patient.

Anna O.

qua li· fia cette méthode de «ramonage» ou de «cure par la parole», ce qui lui vaudra par la suite de passer pour avoir inventé la psychanalyse.

Freud était gêné par l'emploi de l'hypnose: frappé par l'injonction que faisait Bernheim à ses patients de se souvenir de ce à quoi ils avaient pensé alors qu'ils étaient sous hypnose, il fait l'hypothèse qu'il en est de même sans hypnose, que chaque malade se souvient et qu'il suffit de l'obliger à cet effort pour que revienment en mémoire les éléments du passé traumatisant liés aux symptômes qui en constituent le résidu.

La méthode, toutefois, ne le satisfait pas encore complète· ment; il remarque qu'elle se heurte à une force, la résistance, qui empêche l'accès à la conscience des souvenirs inconscients et qui atteste le bien-fondé de sa théorie du refoulement.

Il faut donc parve­ nir à vaincre cette force pour atteindre à la guérison.

C'est une autre patiente qui «trouvera» la solution et qui viendra ainsi compléter !'«invention» de la psychanalyse inaugurée par Anna O.

Emmy von N.

stipulera sans te savoir, un jour de 1889, ce qu'il en est de la place du psychanalyste en intimant à Freud l'ordre de se taire et de l'écou· ter.

La méthode dite de l'association libr e était née, l'écoute devenait l'instrument privilégié de cette nouvelle clinique de la névrose qu'at­ lait être la psychanalyse.

Pour autant, lorsque paraissent en 1895 les Éwdes sur l'hystérie, deux questions centrales ne sont encore qu'ef· fleurées, celle de la sexualité et celle du transfert.

SEXUALITÉ ET TRANSFERT S'agissant de la sexualité, l'accès en est barré par la théorie de la séduction enracinée dans l'ordre de l'évidence, celle de la réalité dont Fr�ud n'a pas encore découvert qu'elle fonctionne comme un leurre.

A l'écoute de ses patientes hystériques, Freud est pourtant confronté à une contradiction majeure: bien qu'il ne puisse plus sé· rieusement affirmer que tous les pères aient violé ou tenté de violer leurs filles, il ne peut non plus soutenir la thèse selon laquelle toutes ces femmes, qui se souviennent d'avoir été victimes de séductions sexuelles de la part de leurs pères, seraient des menteuses.

Dépasser cette contradiction implique d'effectuer une véritable révolution intel· lectuelle allant bien au-delà de ce seul domaine des idées qui a cons ti· tué le champ des relations de Freud avec Breuer et avec Charcot; cela signifie qu'il va lui falloir dépasser, pour son propre compte, ce qu'il a identifié chez ses patients comme étant des résistances.

Cette méta· morphose s'accomplira dans le cadre de son amitié avec Wilhelm Fliess, médecin berlinois, oto-rhino-laryngologiste, avec lequel, du· rant près de dix années, Freud va faire, évidemment sans le savoir du fait même de son caractère inaugural, sa propre analyse.

Dans le cadre de son transferr à Fliess, Fre ud va s'emparer, sans s'en rendre compte, des idées apparemment délirantes de son ami.

idées qui postulent l'existence d'une périodicité gouvernant la vie des êtres humains, qui introduisent la notion de bisexualité et mettent en relation la mu· queuse nasale et les activités génitales.

Il va progressivement trans·. »

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