Marquis de Louvois par André Corvisier Professeur à la Faculté des Lettres

Marquis de Louvois par André Corvisier Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, Rouen Hautain, dur et orgueilleux, grand travailleur, organisateur de l'armée française moderne, mort peut-être empoisonné au moment où Louis XIV allait le disgracier, telle est en raccourci l'image que les mémorialistes ont laissée de Louvois. Sauf le roman final, cette image est à peu près exacte. Louvois est né dans une de ces familles de robins issues au XVIe siècle de la bourgeoisie parisienne qui ont fidèlement servi le roi pendant les guerres de religion et la Fronde. Son père, le secrétaire d'État à la Guerre Michel Le Tellier (1603-1685), devait être récompensé de sa discrète efficacité par la charge de chancelier en 1677. A une belle fortune, il joignit les marquisats de Louvois et de Barbezieux et prépara à ses enfants de brillantes destinées. C'est dans ce foyer dont l'ascension n'était pas encore achevée que naquit le 18 janvier 1641 François, le futur ministre de la Guerre. Rarement ministre fut aussi bien préparé à sa tâche. Confié aux jésuites du célèbre collège de Clermont, il ne semble pas qu'il ait acquis une culture générale très poussée. Intéressé par la géométrie et l'architecture militaire plus que par les lettres, il montrait un esprit appliqué aux réalités. En 1655, le collégien avait obtenu la survivance de la charge de secrétaire d'État de son père. Ses études achevées, il passa sous la direction de celui-ci, apprit l'italien, l'espagnol et la jurisprudence. La sollicitude paternelle de Le Tellier était d'autant plus méritoire que le jeune homme, " vif, emporté, brutal ", se laissait entraîner par la vie désordonnée de la jeune cour. Toutefois, Le Tellier dut finalement être satisfait du travail de son fils, puisqu'en 1662 celui-ci fut autorisé à exercer les fonctions de secrétaire d'&Eacut...