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Mazarin par Madeleine Laurain-Portemer.

Publié le 05/04/2015

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Mazarin par Madeleine Laurain-Portemer. Maître de recherche au CNRS. L'entrée de Mazarin dans l'Histoire a été tardive. En un siècle où les " espoirs " de l'Église débutent dans la carrière vers l'âge de vingt ans, Mazarin, à vingt-six ans, n'a pas encore commencé la sienne. C'est que le destin s'est ingénié à contrarier l'essor du jeune Giulio. Mazarin a Rome pour patrie, mais il voit le jour le 14 juillet 1600, en territoire espagnol, à Pescina, dans les Abruzzes. Il a des goûts de grand seigneur, mais une famille besogneuse. Il a horreur des dossiers et des lois, mais l'administration, où s'est distingué son père, semble pour lui la voie normale. Il est appelé à servir la France, mais tout le pousse vers l'Espagne : ses protecteurs (les Colonna, les Sacchetti), ses premières découvertes, ses premiers succès. L'armée le tenterait, mais sa compagnie est dissoute avant d'avoir combattu. Il n'a aucune vocation religieuse, mais bientôt, pour obéir au pape, il sera contraint de se faire d'Église, sans d'ailleurs aller jamais au-delà de la tonsure. A-t-il alors conscience de ses immenses capacités ? Nul ne le sait. A vingt-cinq ans, il s'use à nourrir les siens, fastueusement pour ses moyens, et à faire le joli coeur avec la jeunesse dorée de Rome. Sa forte personnalité s'adapte mal aux structures sociales de son temps et au rang subalterne qu'il a reçu en naissant. Puis, soudain, au moment où, par résignation, il s'oriente vers le droit (avril 1628), il part, en surnombre, obscurément, pour la Lombardie où son protecteur Sacchetti est envoyé en mission par le pape. Pendant un an, comme un correspondant de guerre, il suit les incidents du siège de Casal. Enfin c'est l'envol. Il remplace, par hasard, son maître rappelé à Rome (juillet 1629). Et, par une progression insensible, le pseudo-secrétaire qu'il était s'élève au rang de ministre du pape. A force d'ardeur, d'ouverture d'esprit, de courage, négociant ici et là, dans des conditions souvent ingrates et périlleuses, il rencontre les plus grands personnages, entre autres Richelieu. Connu dans les chancelleries, il devient célèbre le 26 octobre 1630. En s'interposant ce jour-là entre les armées française et espagnole, prêtes à s'entre-tuer devant Casal, en sauvant miraculeusement la paix, il accomplit une prouesse insigne et fait figure de héros dans l'Europe entière. Longtemps suspect à Richelieu, par ses allées et venues entre les divers camps, il est " canonisé français " lorsque, grâce à son entremise, des accords secrets aboutissent à la cession à la France de Pignerol, l'une des portes de l'Italie (1632). Mais il s'est compromis vis-à-vis des Espagnols qui jurent de le perdre. Urbain VIII n'est de taille ni à défendre ni à retenir son serviteur. Les honneurs qu'il lui confère comme la prélature, les emplois qu'il lui confie, comme la vice-légation d'Avignon et une nonciature extraordinaire en France, d'ailleurs vouée à l'échec (1634-1636), ne sont pas de nature à combler les ambitions et les impatiences de Mazarin. La grande décision est prise : Mazarin quitte Rome (décembre 1639) et se fixe en France. Au bout de deux ans, il est créé cardinal (1641). Dès l'année suivante, il succède à celui auquel il doit tout et qu'il a tant admiré : Richelieu. Curieuse situation que celle de cet Italien, parvenu en France à la direction des affaires ! Mais quel homme extraordinaire ! On ne sait ce qui prédomine en lui de la puissance de travail, de l'ardeur dans l'action, de la maîtrise de soi, de l'absence totale de vanité, de la richesse d'invention, de la lucidité qui met à nu l'adversaire, de la faculté de dédoublement qui permet d'adopter des points de vue opposés et d'analyser les dossiers sous tous leurs angles. Et sur un fond d'avarice qui ternit l'image, des traits de caractère, rares à son époque : le goût de la tolérance, l'horreur de verser le sang et l'oubli des injures. Rome l'a marqué profondément en développant en lui l'art de s'insin...
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