Paul Verlaine par O.
Publié le 05/04/2015
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Paul Verlaine par O. Nadal Université de Poitiers Paul Verlaine est né dans les Ardennes, à Metz, en mars 1844, sous le signe de Saturne, ainsi que Baudelaire. Il reconnaîtra un jour avec inquiétude l'influence de la fauve planète ; il finira par s'y abandonner sans révolte. Son enfance fut heureuse, couvée sous l'édredon bourgeois. Au lycée Bonaparte, à Paris, à peine adolescent, il est saisi par une fureur d'aimer " n'importe quand, n'importe quel et n'importe où " ; elle ne devait pas le quitter. Amitié, élan, amour ; homme, femme, l'un ou l'autre ; les uns et les autres. C'est l'amitié pour Lepelletier, Valade, Charles de Sivry, son futur beau-frère. C'est en autres " garçonneries " l'idylle invertie avec le jeune Lucien Viotti. C'est en même temps le besoin de calmer le " remuement de la chose coupable " avec les filles à dix francs. En lui s'alertent aussi - et de très bonne heure - la vocation de la poésie et la fraternelle reconnaissance des écrivains et des artistes. Il n'est pas encore reçu bachelier qu'il correspond avec des hommes célèbres et fréquente les milieux littéraires (salons de la Marquise de Ricard, de Nina de Callias). Aux vacances, il chasse le lapin dans la propriété d'un de ses oncles ; rejoint sa mère, sa tante Grandjean ou la bonne cousine Elisa Moncomble. Lecluse, Paliseul, Fampoux ou Bouillon, pays des parents chers ; il y reviendra souvent reprendre courage et santé. Il aime ces oasis de la halte et de la tendresse, cette sécurité. Coups de tête ou de coeur l'éloigneront du tuf maternel ; ils ne pourront jamais l'en arracher tout à fait. Captif de son passé, de son coeur, il ne sait oublier ni s'oublier. Le lâcher tout d'un Rimbaud, la nudité d'un Germain Nouveau, il ne peut. Il remâche, se souvient. Fidèle à ce qu'il a vu, connu, possédé. Ainsi pour tout, jusqu'à la fin. Il débute comme employé d'une Compagnie d'Assurances ; devient bureaucrate à l'Hôtel de Ville de Paris (1864). Il en sort après la Commune mais ne cessera, jusqu'en 1882, de demander sa réintégration. Emplois, professorat, contrats qu'il voudrait solides et lucratifs avec les éditeurs, il courra toujours après quelque position stable. Et certes non moins fort que le besoin de bien-être et de sécurité, de sagesse et d'enracinement, il y a en lui le démon de la bougeotte, l'impérieux appel des quais et des gares, les fatalités de l'âme et du corps en aventure. Mais il faut les autres pour qu'il soit entraîné. Lui, rien de l'aigle ; toujours dessous et pris. Ses colères brutales et parfois ignominieuses (il sera incarcéré en 1885, sous l'inculpation d'avoir tenté d'étrangler sa mère) se déchaînent dans d'énormes soûleries où, très jeune, il s'adonnera. Mauvais garçon sans doute, mais la malignité du sort, il faut bien le reconnaître, lui réserva d'illustres compagnons, d'exceptionnelles complicités : Rimbaud, Villiers de L'Isle-Adam, Nouveau. Sans l'irruption de Rimbaud, la rue Nicolet, où il habita après son mariage avec Mathilde Mauté (août 1870) l'aurait peut-être retenu. Le pied à peine sur le sol anglais, le voilà à regretter sa femme (" C'est moi le quitté ! "), à réclamer les biens dont il ne peut se passer : deux habits noirs, un chapeau rond, des livres luxueusement reliés, des toiles : un Courbet, un Monticelli, un Bazile, une douzaine de dessins japonais, etc. Voyageur sans bagages, vagabond, nu ? Point du tout. Toujours le coeur gros d'être fidèle, et dans l'âme le plomb des souvenirs et des remords. Il abandonne sa femme, mais lui reste profondément, jalousement attaché ; il rêve et parle avec entêtement de réconciliation jusqu'au jour où elle se remarie. Alors il la poursuit d'adorations, de sarcasmes...

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