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René Caillié 1799-1838 René Caillé est le fils d'un bagnard.

Publié le 05/04/2015

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René Caillié 1799-1838 René Caillé est le fils d'un bagnard. Au moment où il vient au monde à Mauzé, le 17 novembre 1799, son père, boulanger de profession, entre, non loin de là, pour n'en plus sortir, au bagne de Rochefort : lourdes suites d'une obscure histoire de vol insignifiant, greffée sur de malencontreux exploits d'ivrogne. C'est à Rochefort, avec sa mère, qu'il passe les douze premières années de sa vie ; puis, quand celle-ci meurt, il rentre à Mauzé où, ses brèves études terminées, il devient, sans goût, par la volonté d'un oncle, cabaretier et son tuteur, apprenti cordonnier. Peut-être le malheur infamant qui frappe les siens est-il à l'origine d'un certain repliement sur lui-même, d'un désir passionné de réhabilitation par un exploit à sa portée ; encore faut-il que le terrain s'y prête. Quel que soit le moment où il commence à penser à Tombouctou, en juin 1816, pour gagner le Sénégal, il s'embarque comme domestique d'un officier. Par un bienheureux hasard, au lieu de monter sur la Méduse dont le naufrage est resté célèbre, il prend place sur la Loire dont le voyage s'accomplit sans histoire. Sitôt arrivé ou presque, il apprend qu'en Gambie une expédition anglaise se prépare, une fois de plus, à pénétrer à l'intérieur des terres. La bourse vide, il quitte Saint-Louis à pied pour la rejoindre, s'arrête épuisé à Gorce et échoue finalement à la Guadeloupe. Il n'y reste guère. Pa...

« De Kakondy à Djenné, c'est une longue marche à pied de plus de 1 500 kilomètres et de près d'un an à travers le pays noir.

Que de fatigue déjà ! Les marches l'épuisent, la fièvre, une plaie au pied, le scorbut enfin, le terrassent et l'obligent à faire, en cours de route, un séjour prolongé à Timé.

A Djenné, il monte dans une pirogue : un mois de navigation inconfortable sur le Niger et, le 20 avril 1828, il entre à Tombouctou.

Le voilà au but, mais non au terme de son voyage.

Quelle satisfaction, mais quelle déception ! Tombouctou, où le major Laing vient de le précéder et dont il sait déjà la fin tragique, bien déchue, étouffée par les Touaregs, moins importante assurément que Djenné, n'a rien de la prestigieuse cité que l'on imaginait.

Aussi ne s'attarde-t-il pas.

Quinze jours après son arrivée, il repart : non par le chemin de l'aller, solution trop peu probante et inconciliable avec la fable qui l'a si bien servi jusqu'ici, mais par le nord, vers le Maroc. Et c'est la dure traversée du Sahara entreprise à la plus mauvaise saison ou presque.

Par Araouan, le puits de Télig, près de Taodeni, suivant la route des esclaves, il gagne le Tafilelt.

La caravane est imposante : plus de quatre cents hommes, de mille quatre cents chameaux, mais l'eau est chichement mesurée.

Il connaît le vent de sable, il éprouve la soif et, pour bien lui rappeler le danger qui sans cesse plane spécialement sur sa tête, il passe à l'endroit même où Laing a été assassiné.

Voyage pénible où Caillié souffre de son inaccoutumance au pays et au chameau, plus encore, peut-être, dans sa sensibilité à fleur de peau, de la rudesse de ses compagnons, d'une incompréhension mutuelle, mais voyage sans incident et sans à-coup.

Et le voilà en juillet au Maroc.

Il troque son chameau pour un âne, seule monture que ses maigres ressources lui permettent de s'offrir.

Il traverse Fès, Meknès, Rabat, plus misérable que jamais ; mais aussi, perdu dans la foule, il passe, fort heureusement, inaperçu et, le 7 septembre, il atteint Tanger.

Reste alors le pas le plus difficile à franchir peut-être : abandonner son personnage d'emprunt.

Grâce au vice-consul de France, Delaporte, il est hébergé secrètement au consulat et, déguisé en matelot, embarqué sur la goélette de la marine royale La Légère venue tout exprès le chercher. Caillié rentre en France.

Ses justifications sont telles que les milieux savants n'hésitent pas à reconnaître et à proclamer l'authenticité du voyage et du séjour à Tombouctou.

La Société de géographie le reçoit solennellement en une séance où se pressent les célébrités, elle lui remet le prix promis au “ vainqueur de Tombouctou ”, elle lui décerne sa médaille d'or, sans omettre, délicatement, d'associer la mémoire de Laing à cet hommage.

Les pouvoirs publics ne sont pas en reste et, nonobstant les éternelles difficultés administratives et budgétaires que Caillié ressent parfois amèrement, lui assurent une pension.

Que de contrastes dans cette apothéose : la brusque célébrité, la considération qui s'attache à l'humble fils de bagnard, la médiocrité des moyens et la grandeur de l'exploit, l'échec des expéditions avouées et le succès de la tentative privée, l'attente du monde savant et l'imprévu de la réalisation ! Mais quel feu de paille aussi ! A trente ans, Caillié est un homme fini : sa santé est si ébranlée que c'en est fait d'un retour en Afrique et des nouveaux voyages que son imagination se plaît parfois à envisager.

Marié, il va se terrer à la campagne, traîne les dernières années de sa vie à Mauzé, puis à Beurlay, puis à la Baderre et meurt le 17 mai 1838, entre sa femme et ses quatre enfants, propriétaire agricole et maire de son village.. »

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