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Vincent van Gogh par Gérard Knuttel Un jour de l'été de 1882, Vincent van Gogh allait à pied avec un camarade jeune comme lui-même, par les dunes près de La Haye, en quête d'un motif.

Publié le 05/04/2015

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Vincent van Gogh par Gérard Knuttel Un jour de l'été de 1882, Vincent van Gogh allait à pied avec un camarade jeune comme lui-même, par les dunes près de La Haye, en quête d'un motif. Il faisait très chaud. Le soleil brûlait, il n'y avait pas d'ombre sur le sentier sablonneux, sec et lourd, sur lequel Vincent marchait au lieu de suivre une piste parallèle, au sol ferme, ombragée d'aubépines et de sureaux. Vincent, étouffant, se plaignit. Son camarade lui demanda : " Pourquoi ne viens-tu pas ici dans l'ombre ? " Vincent répondit : " Il faut souffrir pour l'art. " Pour le camarade qui m'a raconté lui-même, cinquante ans après, cette petite histoire, Vincent était un fou ; il ne prenait pas cette absurdité comme une bizarrerie, mais comme une marque de folie. Il ne pouvait en discerner le sublime. Il en fut ainsi durant la courte vie de van Gogh, qui s'éteignit huit ans après : son entourage (sauf, peut-être, seul, son frère Théo) le prit pour fou, et ce qui se cachait sous cette apparence d'illogisme, d'irrationnel, lui échappa. Cet illogisme est cependant la source même de son oeuvre ; ce n'est pas de l'irrationnel, et c'est bien ce qui distingue van Gogh de ses contemporains, son art de tout ce qui l'a précédé depuis des siècles. Pour lui, le symbole a force de réalité. Dans une civilisation qui, ne pouvant concevoir de valeur réelle que dans la réalité matérielle, tenait le symbole pour une abstraction vide, rien de plus qu'un signe conventionnel, van Gogh, mû par cette conviction intime, inébranlable, qui lui fut naturelle, reconnut dans le symbole la vraie réalité des choses et dans son expression le but suprême de l'art. Il ne s'en fit pas un programme ; il ne faisait que suivre le penchant de sa propre nature sans même qu'il lui vînt à l'idée qu'il était en cela tout à fait différent d'autrui. Ses lettres nous prouvent que, d'emblée, ce fut ainsi qu'il conçut le but de l'art et la tâche de l'artiste. Par là, il est à la base d'une évolution qui, jusqu'à nos jours, ne cessa de se développer. Nous prétendons même aujourd'hui vivre dans l'âge du Signe. Notre signe est peut-être plus un signal qu'un symbole, un signe qui réclame et qui avertit, et cela signifie qu'on prend le signe pour la chose. C'est l'inverse de ce que fit Vincent. Dans l'art de l'affiche, où règne surtout le signe, celui-ci n'est pas l'image de la chose, il s'y substitue ; van Gogh, lui, emploie la chose comme signe de l'idée. Ainsi, à notre époque matérialiste, le signe a, envers la chose, la mê...
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