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2 Mamaroneck, Etat de New York Je venais de poser du linge récupéré à la teinturerie et un sac à provisions alourdi par des canettes de ière sur le siège passager de ma voiture quand mon BlackBerry gazouilla.

Publié le 06/01/2014

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2 Mamaroneck, Etat de New York Je venais de poser du linge récupéré à la teinturerie et un sac à provisions alourdi par des canettes de ière sur le siège passager de ma voiture quand mon BlackBerry gazouilla. C'était un matin de juillet typique de cette petite ville côtière, chaud, calme et humide, mais ça ne me érangeait pas. Entre la vague de chaleur qui avait transformé Manhattan en un chaudron sans oxygène ces uinze derniers jours et le week-end du 4 juillet en mode haute vigilance que j'avais passé là-bas, avec son valanche de fausses alertes et d'hystérie, une fin de semaine tranquille au bord de l'océan était sans nul doute ne proposition enchanteresse, indépendamment de la canicule qui menaçait. En prime, ma compagne, Tess, t Kim, sa fille de quatorze ans, rendaient visite à la mère et à la tante de Tess, dans le ranch de ladite tante en Arizona, et j'avais la maison pour moi seul. Comprenez-moi bien : j'aime Tess, j'aime qu'elle soit près de moi et epuis que nous sommes de nouveau ensemble je me suis rendu compte que je déteste, littéralement, dormir eul. Mais on a tous besoin de quelques jours de solitude de temps en temps pour faire le point, réfléchir et echarger ses batteries - autant d'euphémismes pour glander, se bourrer de trucs qu'on ne devrait pas manger t se conduire comme le gros flemmard que nous adorons être quand personne ne nous observe. Ainsi donc, le eek-end s'annonçait plutôt cool... jusqu'au gazouillis. Le nom qui apparut sur mon écran fit manquer un battement à mon coeur. Michelle Martinez. Wouah. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis... depuis combien de temps ? Quatre, peut-être cinq ans. Pas epuis que je m'étais éloigné de ce que nous avions vécu ensemble pendant cette malheureuse mission au exique. Je n'avais pas pensé à elle non plus depuis des années. La merveilleuse Tess Chaykin - je n'emploie as l'épithète à la légère - avait fait irruption dans ma vie peu de temps après mon retour à New York. Elle avait onopolisé mon attention durant la période de chaos qui avait suivi l'infâme raid à cheval au Metropolitan useum of Art et avait rapidement englouti mon univers, me communiquant sa contagieuse soif de vivre et balayant toute nostalgie que j'aurais pu conserver pour des amours passées. Les yeux fixés sur l'écran, je cherchai dans mon esprit les raisons possibles de cet appel, n'en trouvai ucune et appuyai sur le bouton vert. -- Mich ? -- Tu es où ? -- Je suis... J'allais répondre par une plaisanterie vaseuse, genre « Je sirote un mojito au bord d'une piscine dans les amptons », mais la tension de sa voix torpilla cette velléité. -- Ça va ? -- Non. Tu es où ? répéta-t-elle. Je sentis ma nuque se raidir. Sa voix avait le même accent distinctif qu'autrefois, vestige d'une ascendance ominicaine et portoricaine, saupoudrée d'une enfance dans le New Jersey, mais je n'y retrouvais pas la ensualité joueuse dont j'avais gardé le souvenir. -- Dehors, en train de faire des courses. Qu'est-ce qui se passe ? -- A New York ? -- Pas loin. Tu es où, toi ? J'entendis un soupir - plutôt un grognement furieux, à vrai dire, car Michelle Martinez n'était pas du genre à oupirer. -- Je suis à San Diego et... j'ai des ennuis, Sean. Des types, ils sont entrés dans la maison, ils ont tiré sur on copain, dit-elle, les mots jaillissant de sa bouche par saccades. J'ai réussi à m'enfuir de justesse et... Bon ieu, je ne sais pas ce qui se passe, je ne savais pas qui appeler. Désolée. Mon pouls s'accéléra. -- Non, non, tu as bien fait. Tu es blessée ? -- Non, je n'ai rien. Elle prit une longue inspiration, comme pour se calmer. Jamais je ne l'avais connue dans cet état. Michelle vait toujours les idées claires, des nerfs d'acier. Je me retrouvais en terre inconnue. -- Ne quitte pas, dit-elle. Il y eut des bruits confus, comme si elle éloignait le téléphone de sa bouche et le plaquait contre ses êtements. Puis je l'entendis dire : -- Reste bien assis, mon coeur. Je descends juste de voiture, je serai à côté. Une portière s'ouvrit et se referma, la voix de Michelle revint en ligne, moins angoissée mais toujours endue : -- Des types ont débarqué. J'étais à la maison, on était tous à la maison. Ils étaient quatre ou cinq, je e sais pas. Camionnette blanche, combinaisons de peintres ou quelque chose comme ça. Pour ne pas alerter es voisins, je suppose. Une équipe de pros, Sean. Aucun doute là-dessus. Des masques, des Glock, des ilencieux. Des vrais méchants. Mon pouls passa à la vitesse supérieure. D'une voix brisée, à peine audible, Michelle poursuivit : -- Tom, mon ami. S'il n'avait pas... Elle laissa sa phrase en suspens puis reprit, avec une détermination douloureuse : -- Ils ont sonné, il est allé ouvrir. Ils l'ont descendu aussi sec. J'en suis sûre. J'ai entendu deux claquements étouffés et un bruit sourd quand il a heurté le sol, puis ils se sont rués dans la maison et j'ai paniqué. J'en ai blessé un au cou, je me suis enfuie. J'ai saisi Alex au passage et j'ai filé : du jardin de derrière, on a accès au garage, je suis passée par là. Après un soupir, elle poursuivit : -- J'ai laissé Tom là-bas, Sean. Il n'était peut-être que blessé, j'aurais peut-être pu l'aider mais je me suis enfuie. Je l'ai abandonné... Elle s'accablait de reproches et il fallait en tout premier lieu que je la sorte de cette phase d'abattement. -- J'ai plutôt l'impression que tu n'as pas eu le choix, Mich. Je m'efforçais d'assimiler tout ce qu'elle venait de dire et de combler en même temps les trous énormes dans le tableau d'ensemble qu'elle avait brossé. -- Tu as appelé les flics ? -- Le 911. J'ai dit qu'il y avait eu une fusillade, j'ai donné l'adresse et j'ai raccroché. -- Tu as emmené... Alex, tu m'as dit. C'est qui, Alex ? -- Mon fils. Il a quatre ans. Elle s'interrompit et je l'imaginai hésitant, pesant les mots qu'elle allait prononcer. Puis sa voix se fit de nouveau entendre et m'asséna un jab foudroyant : -- Notre enfant, Sean. Alex est ton fils. 3 Notre enfant... Les trous que je cherchais à combler me semblèrent se transformer soudain en un gouffre béant qui enaçait de m'aspirer. Ma bouche s'assécha, un torrent de sang inonda mon crâne, ma poitrine se serra. -- Notre... enfant ? -- Oui. Toute chose autour de moi disparut. Les voitures et les promeneurs passant dans la chaleur étouffante, 'animation et le brouhaha d'un centre commercial de banlieue un samedi matin : tout mourut, comme si un cône de silence tombé du ciel m'avait coupé du reste du monde. -- De quoi tu parles ? -- De toi, de moi. Au Mexique. Il s'est passé des choses... Quoi, tu as déjà oublié ? ! -- Non, bien sûr que non, mais... Tu es sûre ? C'était moi maintenant qui étais en état de choc et cherchais mes mots, tentais de gagner du temps. Ma uestion était idiote, je le savais. Je connaissais assez Michelle pour savoir qu'elle était quelqu'un de solide, à ui on pouvait faire confiance. Elle était capable de plaisanter quand elle était d'humeur à ça, mais lorsqu'il 'agissait de choses sérieuses, de choses importantes, elle ne faisait pas l'imbécile. Si elle affirmait que j'étais e père, c'était vrai. Une autre chose que je savais de Michelle : elle n'appréciait pas qu'on mette sa parole en doute, surtout uelqu'un d'aussi proche d'elle que moi, et sur un sujet aussi important. -- Je ne sortais pas en douce avec un autre type. Ça se limitait à toi. Je pensais que c'était évident. Je fis dans la seconde marche arrière : -- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. -- Si. Mais ça ne fait rien. T'es en rogne, tu as toutes les raisons de l'être. Un maelström de sentiments contradictoires tourbillonnait en moi. Réaction égoïste, j'en eus aussitôt onscience, étant donné ce qu'elle venait de subir, mais ce n'est pas tous les jours qu'on vous téléphone pour ous apprendre que vous avez un fils de quatre ans. -- Ben, ouais, je suis en rogne, répliquai-je. Bon Dieu, Mich, comment tu as pu me cacher ça ? -- Je... je suis désolée, murmura-t-elle d'un ton contrit. Sincèrement. J'ai voulu le faire. Et pas de cette açon, naturellement, mais... Ça n'a pas été facile. De te le cacher. Pendant toutes ces années. Le nombre de ois où j'ai décroché le téléphone pour t'appeler et tout te dire... Mais quelque chose me retenait. Elle marqua une pause et répéta : -- Désolée. J'aurais pas dû t'annoncer ça, pas maintenant, pas de cette façon. Je... C'est juste que je 'arrive plus à réfléchir... Mon esprit s'efforçait encore de se ressaisir, de se faire à ce qu'il venait d'entendre, mais il fallait que j'en asse abstraction pour le moment. Les justifications et les reproches pouvaient attendre. Michelle venait de asser un moment épouvantable, elle avait besoin de mon aide. Dans l'immédiat, je devais veiller à ce qu'ils oient - mon fils et elle - en sécurité. -- Ne t'inquiète pas pour ça, on en parlera plus tard. Je pris une inspiration, passai rapidement en revue les maigres informations que je possédais et demandai -- Tu es où, maintenant ? -- Je suis garée devant un centre commercial. Plein de monde. Je ne risque rien pour le moment. Je ense. -- On t'a suivie ? -- Je ne crois pas. Je tentai de me faire une idée de la situation mais il y avait trop d'inconnues. -- Tu penses que ça pourrait être lié à ton boulot ? Tu as repris du service ? J'avais entendu dire qu'elle avait quitté la DEA peu après mon départ de Mexico, mais l'info datait érieusement. -- J'ai tout plaqué, Sean. C'est fini. Je suis prof dans un lycée, maintenant. Rien de sombre ni de angereux. Je suis entraîneur de basket, nom de Dieu. -- Alors tu ne sais pas qui ni pourquoi ? -- Aucune idée. Tout ce que je sais, c'est qu'ils n'étaient pas venus pour me tuer. -- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? -- Un des mecs aurait pu me tirer dessus, dans la maison. Il ne l'a pas fait. S'ils étaient venus pour ça, je erais morte, c'est sûr. -- Ton ami, alors ? C'est peut-être lui qu'ils voulaient abattre... -- Tom ? Oh non, il n'a rien à voir là-dedans, il... -- Alors, ils voulaient t'enlever ? -- Faut croire. Et c'est pour ça que je flippe, Sean. Alex, qu'est-ce qu'il lui serait arrivé ? Je n'avais pas de réponse et je devais éloigner mes pensées de cet abîme ouvert sous mes pas. -- Il faut te mettre en sécurité. Tu as gardé des amis à l'agence ?
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« Elle laissa saphrase ensuspens puisreprit, avecunedétermination douloureuse:— Ils ont sonné, ilest allé ouvrir.

Ilsl’ont descendu aussisec.J’en suissûre.

J’aientendu deuxclaquements étouffésetun bruit sourd quand ila heurté lesol, puis ilsse sont rués dans lamaison etj’ai paniqué.

J’enaiblessé unaucou, jeme suis enfuie.

J’aisaisi Alexaupassage etj’ai filé :du jardin dederrière, onaaccès augarage, jesuis passée parlà. Après unsoupir, ellepoursuivit :— J’ai laissé Tomlà-bas, Sean.Iln’était peut-être queblessé, j’aurais peut-être pul’aider maisjeme suis enfuie.

Jel’ai abandonné… Elle s’accablait dereproches etilfallait entout premier lieuque jela sorte decette phase d’abattement. — J’ai plutôt l’impression quetun’as paseulechoix, Mich. Je m’efforçais d’assimilertoutcequ’elle venaitdedire etde combler enmême tempslestrous énormes dans letableau d’ensemble qu’elleavaitbrossé. — Tu asappelé lesflics ? — Le 911.

J’aiditqu’il yavait euune fusillade, j’aidonné l’adresse etj’ai raccroché. — Tu asemmené… Alex,tum’as dit.C’est qui,Alex ? — Mon fils.Ila quatre ans. Elle s’interrompit etjel’imaginai hésitant,pesantlesmots qu’elle allaitprononcer.

Puissavoix sefitde nouveau entendre etm’asséna unjab foudroyant :— Notre enfant, Sean.Alexestton fils.. »

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